Chacun des dix acteurs de la pièce interprète plusieurs rôles parfois complètement contradictoires. Source : mxat.ru
Cette pièce, qui a reçu un accueil globalement positif de la critique française, entre donc en terrain conquis au répertoire du MKhAT. Mais saura-t-elle séduire le public moscovite ? Il s’agit d’une curieuse série de scènes ou situations se déroulant à des époques complètement différentes (1370, 1910, 1914, 2002, 2005, 2007 et 2009) sans lien immédiatement apparent. Le public en est averti par une projection vidéo indiquant la date au début de chaque scène. Chacun des dix acteurs de la pièce interprète plusieurs rôles parfois complètement contradictoires : aristocrate en 1914, serviteur en 1910, etc. Cette fragmentation extrême fait penser à des souvenirs surgissant intempestivement de la mémoire d’un être immortel. Souvenirs d’un chevalier inquisiteur ; d’un couple aristocrate cherchant à briser les rapports rigides avec ses valets ; d’un ambitieux directeur financier aux prises avec son épouse sans scrupule et une clocharde oracle et lubrique. Couples perdus dans la forêt et dans leurs frustrations, entrepreneur peinant à aider chômeurs et brusquement forcé de chercher de l’aide auprès de marginaux.
Délicate transposition
Cercles. Fictions a été créé aux théâtre des Bouffes du Nord il y a trois ans. Brigitte Jaques-Wajeman, à la mise en scène, a du transposer le cercle parisien dans le petit rectangle de la « Nouvelle scène » du MKhAT. Elle a su recréer l’atmosphère onirique grâce à la projection d’images, et surtout, avec l’aide de traducteurs, elle s’est attachée à faire passer auprès des jeunes acteurs russes l’esprit de Joël Pommerat et de son théâtre pas vraiment facile d’accès. Le dramaturge français assure que tous ses personnages (à l’exception d’un énigmatique maître de cérémonie) et toutes les situations sont « authentiques », mais il ne livre pas toutes les clés pour comprendre. Visiblement, son intention est également de déstabiliser – avec succès - les spectateurs. Mais le texte déstabilise aussi, semble-t-il, certains acteurs. La difficulté d’interpréter différents rôles, tous d’une complexité diabolique, exténue visiblement la distribution du MKhAT. La plupart des acteurs ont moins de trente ans, et certains peinent à prendre pied dans un salon aristocratique français du début du siècle dernier. Une chose est certaine : l’interprétation est moins éblouissante que celle que le MkhAT a su fournir pour la création précédente (Clôture de l’amour).
Cercles. Fitions (Круги. Сочинения) au MKhAT les 7 et 17 mai prochains.
Plus d'informations sur le site du MKhAT (en russe).
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