Vol MH17 : la Russie émet une nouvelle version sur le crash

Les militaires russes sont revenus sur le crash d'un Boeing 777 de Malaysia qui a eu lieu en juillet 2014.

Les militaires russes sont revenus sur le crash d'un Boeing 777 de Malaysia qui a eu lieu en juillet 2014.

Sergeï Bobylev / TASS
Les militaires russes sont revenus sur le drame du 17 juillet 2014 – quand un Boeing de la Malaysia Airlines a été abattu alors qu’il survolait les républiques autoproclamées du sud-est de l’Ukraine – et ont demandé à Kiev de remettre aux enquêteurs néerlandais ses informations depuis « la ligne de front occidentale ». Les nouvelles déclarations du ministère russe de la Défense sont en contradiction avec celles qu’il avait faites il y a deux ans.

Les militaires russes n’ont enregistré aucun missile tiré par une batterie antiaérienne Bouk-M1 depuis les régions orientales de l’Ukraine (contrôlées par les milices populaires) en direction de l’avion de la Malaysia Airlines  en juillet 2014, a déclaré lundi soir Andreï Koban, chef des troupes de transmission des Forces aérospatiales de Russie.

Selon les données des radars russes placés à la frontière avec l’Ukraine et les informations communiquées aux forces armées russes par les responsables des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, le vol MH17 a été approché par deux avions civils ainsi que par un drone en matériaux composites Orlan-10 long de près de deux mètres.

« A titre de comparaison, il faut noter qu’un missile Bouk fait plus de 5,5 mètres de long, 0,4 mètre de diamètre et environ 1 mètre d’envergure. Le missile est réalisé en métal, possède une surface réfléchissante efficace plus importante que le drone et présente une cible plus simple pour la détection au radar », a indiqué Andreï Koban.

Les systèmes de DCA ukrainiens

Toujours d’après Andreï Koban, les matériels techniques russes ne permettent pas de savoir ce qui s’est passé dans les régions situées à l’ouest du Boeing. La lumière sur un éventuel tir d’un missile Bouk pourrait être faite par des clichés pris depuis l’espace par les Etats-Unis et l’Ukraine, mais les deux pays refusent de les publier.

« Kiev n’a toujours pas rendu publique l’information sur l’emplacement de ses batteries antiaériennes Bouk-M1 le jour du drame ni sur la conversation des contrôleurs aériens, avant tout militaires. Il n’a toujours pas publié les données sur l’activité de ses radars ce jour-là, ni sur le fonctionnement des systèmes ukrainiens de DCA, ni les déclarations des témoins », a souligné le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov.

Données contradictoires

Les nouvelles déclarations du ministère de la Défense sont contraires à celles qu’il avait faites il y a deux ans, a constaté dans une interview à RBTH Alexandre Khramtchikhine, directeur adjoint de l’Institut de l’analyse politique et militaire.

En 2014, les militaires russes ont indiqué, se référant aux données du renseignement, avoir remarqué à 5 kilomètres du vol MH17 un chasseur Soukhoï Su-25 qui peut être doté de missiles R-60 air-air. Par la suite, les enquêteurs russes ont affirmé disposer des témoignages du pilote ukrainien qui a confirmé l’implication de l’avion militaire dans le drame.

Alexandre Khramtchikhine a fait remarquer que toutes les données et hypothèses sur le crash publiées par la presse tant en Russie qu’en Occident suscitaient la perplexité parmi les experts.

« Toute personne qui connaît les caractéristiques tactiques et techniques du Su-25 et du Boeing-777 sait que ces deux avions ne pouvaient pas se croiser dans le ciel. Le chasseur ne monte pas à une altitude de 10 000 mètres et ne vole pas à la vitesse d’un appareil civil », a-t-il noté.

De nombreuses questions se posent également à la lumière des nouvelles données selon lesquelles les radars russes ne pouvaient pas repérer un missile Bouk M1 au cas où celui-ci aurait été tiré depuis l’Ukraine.

« La portée du missile Bouk est d’une trentaine de kilomètres. Peu importe de quel côté de l’avion il est parti, si c’est depuis le camp des milices populaires ou les positions de l’armée ukrainienne. La distance est trop courte et il est possible de le détecter au radar », a ajouté l’expert.

L’enquête ne dispose pas non plus de l’enregistrement des conversations de la tour de contrôle de l’aéroport de Dniepropetrovsk avec le Boeing malaisien, a dit à RBTH Igor Korotchenko, rédacteur en chef du magazine Défense nationale. « Ces documents ont été saisis par le Service de sécurité ukrainien, mais n’ont pas été remis aux enquêteurs néerlandais pour analyse », a-t-il souligné.

Coopération avec l’enquête néerlandaise

Le Parquet néerlandais présentera cet automne son rapport sur l’arme ayant détruit le Boeing. L’enquête a d’ores et déjà déclaré qu’elle entamait l’étape finale des travaux.
Selon Alexandre Khramtchikhine, la publication des nouvelles données du ministère russe de la Défense est liée à la prochaine déclaration des enquêteurs néerlandais.

Toutefois, a précisé Igor Korotchenko, les informations du ministère russe doivent être rattachées au dossier du crash et examinées par les enquêteurs néerlandais avant la publication des résultats de leurs investigations. Ces données prendront la forme d’une affaire pénale qui sera soumise par la suite à la justice.

Repères :

Un Boeing-777 de la compagnie aérienne Malaysia Airlines qui effectuait un vol entre Amsterdam et Kuala Lumpur a été abattu le 17 juillet 2014 dans l’est de la région de Donetsk, en proie à des combats entre l’armée ukrainienne et les insurgés. Il n’y a eu aucun rescapé parmi les 283 passagers et 15 membres de l’équipage.n

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