La Russie joue carte sur table avec l’Otan

Des soldats russes débarquent d'un navire amphibie Mordovia lors d'une manœuvre militaire conjointe russo-biélorusse  "Union Shield 2015" dans la région de Kaliningrad.

Des soldats russes débarquent d'un navire amphibie Mordovia lors d'une manœuvre militaire conjointe russo-biélorusse "Union Shield 2015" dans la région de Kaliningrad.

Igor Zarembo / RIA Novosti
L’état-major du ministère russe de la Défense va présenter à l’attaché militaire de l’Alliance des informations supplémentaires sur la quantité de soldats, le matériel et les objectifs des vérifications surprise de la préparation opérationnelle de l’armée. Selon les experts, cela permettra de réduire le niveau de tension dans les relations avec l’Occident.

La Russie a unilatéralement décidé d’informer plus en détail l’Otan sur ses inspections surprise de ses forces armées, a déclaré au journal russe Izvestia Franz Klintsevich, vice-président du comité de défense du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe).

Selon lui, Moscou fait un geste de bonne volonté et livrera plus d’informations que ne le prévoit le Document de Vienne sur les mesures de confiance et de sécurité en Europe, que la Russie a ratifié en 2011.

Ainsi, les attachés militaires seront invités à des briefings spéciaux et recevront une série d’informations sur chaque exercice : quantité de personnel et de matériel, plans et objectifs de l’exercice, lieu de déroulement, etc.

Comme le souligne M. Klintsevich, ces mesures supplémentaires sont vouées à réduire la tension dans les relations avec l’Otan et montrer à l’Alliance que ses craintes vis-à-vis de Moscou ne sont pas justifiées.

Accusations occidentales

Ces dernières années, les exercices militaires russes ont régulièrement provoqué des vagues de mécontentement au sein des pays de l’Alliance atlantique.

Selon le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, la Russie met en péril « la transparence et la stabilité » de l’Europe lorsqu’elle entreprend des exercices militaires sur son territoire. Et ce même lorsqu’elle organise des vérifications surprise du niveau de préparation de ses troupes conformément à l’article 42 du Document de Vienne (qui permet au pays de prévenir ses voisins en cas d’exercices impromptus le jour même, au lieu de 42 semaines à l’avance).

Comme l’a expliqué à RBTH Sergueï Karaganov, doyen de la faculté d’économie et d’économie mondiale de la Haute école d’économie, l’échange d’informations se fera à l’avenir de façon bilatérale.

 « Le Document de Vienne et les accords précédents ont été établis dans un contexte géopolitique et technologique totalement différent, et surtout, à un tout autre niveau de confiance. La compréhension mutuelle entre partenaires était bien plus élevée dans les années 80–90, y compris du côté russe. Je ne pense pas qu’il faille compléter les vieux documents, mais en élaborer d’autres, qui correspondent aux conditions actuelles », affirme l’expert.

Selon lui, les acteurs géopolitiques doivent d’abord mener des négociations en couloirs, et ce n’est que dans un second temps que leurs résultats pourront être formalisés.

« Le dialogue Russie-Otan selon son ancien format politique est vide de sens. Seul un contact direct entre militaires permettrait d’obtenir des résultats, les dirigeants du pays les chargeant de résoudre telle ou telle question précise. Ces négociations doivent avoir lieu à huis clos et porter sur des sujets concrets. Bien sûr, la politique et la propagande télévisuelle doivent en être exclus », ajoute M. Karaganov.

Un autre pas vers un apaisement des relations sera l’installation de transpondeurs (systèmes d’identifications « ami-ennemi », ndlr) sur les avions militaires de l’Alliance et de la Russie patrouillant les eaux internationales et aux frontières des Etats.

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