Où en est la marine de guerre russe ?

Navires militaires russes lors d'une répétition pour la parade militaire à l'occasion de la Journée de la Marine russe à Sébastopol, en Crimée.

Navires militaires russes lors d'une répétition pour la parade militaire à l'occasion de la Journée de la Marine russe à Sébastopol, en Crimée.

Reuters
Après 20 années de stagnation suite à la chute de l’URSS, la Russie a entamé une modernisation massive de sa marine de guerre. Cependant, de nombreux problèmes subsistent et doivent être résolus.

La marine de guerre russe participe depuis octobre 2015 aux opérations militaires contre les combattants de l’Etat islamique en Syrie. Aujourd’hui, la lutte contre le terrorisme devient l’une des missions prioritaires des marins russes, et des moyens sans précédent sont alloués à la conception de nouveaux navires et de nouvelles bases navales et infrastructures.

Nouveaux navires et sous-marins pour la flotte

En 2011 et 2012, la Russie a attribué 500 milliards de roubles (74 milliards d’euros) à la construction de nouveaux navires et sous-marins pour sa marine de guerre.

À l’heure actuelle, une série de six frégates de classe Admiral Grigorovitch (Projet 11356) est en construction. Le commandement de la marine nationale russe se prépare à recevoir le troisième navire de cette série.

Les entreprises du complexe militaro-industriel ont également achevé la construction pour la Flotte de la Mer Noire de six sous-marins diesel/électriques de classe Varshavyanka (projet 636.3), équipés de nouveaux missiles à ailerons « Kalibr-PL », capables d’atteindre des cibles jusqu’à 2500 kilomètres.

« Les capacités de ces nouveaux sous-marins ont été démontrées pour la première fois à la fin de l’année dernière, lorsque le Rostov-sur-le-Don a frappé à l’aide de missiles Kalibr des cibles terroristes en Syrie », a déclaré Igor Kassatonov, ancien commandant en second de la marine russe, qui a autrefois commandé la Flotte de la Mer Noire.

Lancement de « Kalibr-PL » depuis le Rostov-sur-le-Don. Vidéo publiée sur Youtube du Ministère russe de la Défense

Selon lui, les constructeurs d’armement russes construiront encore six sous-marins de ce type pour la Flotte de l’océan Pacifique d’ici 2020.

« Une série de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de classe Boreï (projet 955) est également en cours de construction », ajoute l’ancien commandant en second de la marine russe. Selon lui, trois sous-marins de ce type sont déjà en service, et la flotte en recevra cinq de plus d’ici à 2020.

Modernisation des bases de la marine de guerre

La majorité des efforts et moyens du ministère de la Défense sont aujourd’hui consacrés à la modernisation des bases de sous-marins, dans les villes de Vilioutchinsk, dans la région du Kamchatka (Extrême-Orient) et de Novorossisk sur la mer Noire. C’est précisément dans la base du Kamchatka que sont déployés quatre sous-marins de classe Boreï. Quatre autres seront affectés à la Flotte du Nord. Aujourd’hui, Novorossisk abrite déjà trois sous-marins diesel de classe Varshavyanka équipés de missiles à ailettes Kalibr, et la base recevra d’ici trois ans les trois autres sous-marins de ce type, lorsque la construction de l’infrastructure sera entièrement achevée.

Selon les experts interrogés par RBTH, le nouveau programme tient compte des erreurs de l’Union soviétique à la fin des années 1970 et au début des années 1980, lorsque sont entrés en service les croiseurs porte-avion de classe Krechet (projet 1143). Les navires ont été livrés, mais aucune infrastructure n’avait été construite pour eux, et les bateaux étaient forcés d’être en mer en permanence, de s’alimenter en électricité grâce à leurs moteurs diesel et d’utiliser leurs ressources à vide, ce qui mena à leur retrait prématuré du service. Aujourd’hui, chaque navire et sous-marin est accompagné d’un ensemble complet d’infrastructures côtière.

De quels navires la flotte a-t-elle encore besoin ?

« La marine de guerre russe a aujourd’hui un besoin pressant de grands porte-hélicoptères d’assaut, car ils permettent d’acheminer des cargaisons militaires et des groupes aériens dans des zones de conflit. Aujourd’hui, pour la Russie, il s’agit de la Syrie », a déclaré à RBTH Dmitri Safonov, correspondant militaire du journal Izvestia.

Selon lui, un porte-hélicoptère de ce type permet de remplacer toute une base aérienne comme celle de Lattaquié.

« La Russie vient de lancer un projet de grand porte-hélicoptère d’assaut de classe Priboï. Il sera mis en chantier en 2025, en même temps que le destroyer nucléaire de classe Lider et le porte-avion dernier cri de classe Shtorm, dont le projet a été présenté mi-2015 », ajoute l’expert.

Les experts soulignent que la Russie ne dispose aujourd’hui que d’une seule base militaire à l’étranger, en Syrie.

« La Russie n’a pas l’intention de faire concurrence aux Américains en nombre de navires, de bases et de capacités de projection », ajoute M. Safonov. Cependant, selon lui, de nouveaux porte-avions et porte-hélicoptères permettront à Moscou de se projeter à n’importe quel endroit du globe, comme le fait Washington.

Problèmes de la marine de guerre

À l’heure actuelle, l’un des problèmes principaux de la flotte russe est l’absence de moteurs et de pièces détachées qui étaient autrefois produits dans des usines ukrainiennes.

Parmi les contrats les plus sinistrés se trouve l’accord avec l’usine Zorya-Mashproekt, située à Nikolaïev en Ukraine, qui prévoyait la livraison de six turbines à gaz pour les frégates de classe Admiral Grigorovitch (projet 11356).

« Avant le début de la crise ukrainienne, la Russie n’avait reçu que trois turbines sur six. Par conséquent, trois navires sont immobilisés jusqu’en 2018, lorsque la Russie pourra lancer sa propre production de turbines similaires », a déclaré à RBTH Viktor Mourakhovsky, rédacteur en chef de la revue L’Arsenal de la Patrie.

Selon lui, la question de la réparation des navires hérités de l’Union soviétique et de leur modernisation demeure brûlante. « Nous avons beaucoup de croiseurs lance-missiles et destroyers de construction soviétique », affirme-t-il. La plupart de ces navires ne sont pas opérationnels, mais n’ont pas encore été rayés des cadres de la flotte.

Pour les réparer, il serait nécessaire de construire de nouveaux chantiers navals et d’agrandir ceux existant. Ces projets demandent de lourds investissements et plusieurs années de travail acharné, ajoute Viktor Mourakhovsky.

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