Un système russe « surveillera » les Etats-Unis et la Turquie

Anton Novoderezhkin/TASS
La Russie entame la conception d’un nouveau système de collecte et de traitement des données concernant l’application des accords internationaux dans le domaine des armements. La commande a été publiée sur le site des marchés publics par le ministère russe de la Défense.

Le ministère de la Défense est prêt à débloquer 300 000 euros en vue de la réalisation de travaux sous le nom de code « Union ». L’exécutant doit présenter avant le 15 octobre prochain les résultats de ses recherches au sujet de la faisabilité du nouveau système et les options techniques.

« Le ministère compte obtenir un réseau d’ordinateurs local sur la base d’un complexe de logiciels, comprenant des stations Internet, des serveurs de systèmes d’exploitation, des bases de données et un logiciel spécial adapté au traitement, à la transmission, à l’affichage de données et au contrôle de l’état des matériels d’analyse individuelle sur des lieux de travail automatisés et partagés », indique le ministère de la Défense. Ce complexe est qualifié de Système informatique analytique uni.

Surveiller et informer

Le nouveau système sera, selon les militaires, « un surveillant mondial ». Il se chargera de collecter et de traiter les données fournies par les moyens techniques de contrôle stationnés en mer et dans les airs et des groupes d’inspecteurs effectuant le monitorage dans les pays signataires d’accords appropriés. Les informations seront diffusées à « tous les départements concernés de Russie ».

Le Système permettra de contrôler la matérialisation de vingt ententes et accords internationaux dont le Traité de réduction et de limitation des armements stratégiques offensifs (START III), le Traité de 1987 sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), le Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires et le traité Ciel ouvert.

Il sera également capable de simplifier et d’accélérer la communication avec les partenaires étrangers, car il identifiera les textes, traduira des textes standard, situera les informations sur des cartes électroniques et générera des documents types.

Le Système sera avant tout au service du Centre de réduction du danger nucléaire (intégré au ministère de la Défense), principale structure chargée de contrôler l’application des ententes et accords internationaux dans le domaine de la limitation des forces armées et des armements. Ce Centre fonctionne en coopération étroite avec son « homologue » américain et les structures appropriées en Chine et dans les pays membres de l’OSCE.

Renseignement en régime automatique

Le Centre de réduction du danger nucléaire dispose d’ores et déjà d’un système spécial qui assure notamment un échange automatique de données avec les collègues étrangers, ce qui signifie qu’il s’agit de la modernisation des infrastructures existantes et de l’élargissement de ses fonctions, a annoncé à RBTH une source informée au sein du secteur militaro-industriel russe.

La mise au point du nouveau Système est sans rapport avec la situation politique internationale, malgré le récent incident avec la Turquie, qui a refusé aux inspecteurs russes un vol d’observation au-dessus de son territoire dans le cadre du traité Ciel ouvert.

Selon Youri Gromov, expert militaire indépendant, l’intégration et l’automatisation du composant informatique des structures du commandement militaire constitueront une étape importante du développement des forces armées russes et étrangères. Les travaux dans ce domaine sont impulsés notamment par la méfiance et le renforcement du contrôle réciproque de la part des puissances militaires. « D’ici une quinzaine d’années, les systèmes de renseignement et de traitement de données à tous les niveaux deviendront entièrement automatisés et seront contrôlés par un centre de gestion unique », a souligné l’expert dans une interview à RBTH.

La Société de mécanique de précision (OPK) a annoncé en 2015 la conception d’un système de monitorage et d’analyse de la situation politique et militaire en Russie et dans le monde, système qui aidera à faire face à la guerre informationnelle.

 

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