Un concours de beauté jugé par des robots

Youth Laboratories
En un an d’existence, Youth Laboratories a organisé un concours de beauté robotisé, levé 12 000 dollars sur Kickstarter pour sa première application et a signé plusieurs contrats commerciaux avec des compagnies médicales d’Europe et des Etats-Unis.

L'équipe de Youth Laboratories : Alexeï Chevtsov (au centre), les chercheuses bio-informaticiennes Evguenia Stchastnaïa (à g.) et Anastasia Gueorguievskaïa. Crédit : Youth LaboratoriesL'équipe de Youth Laboratories : Alexeï Chevtsov (au centre), les chercheuses bio-informaticiennes Evguenia Stchastnaïa (à g.) et Anastasia Gueorguievskaïa. Crédit : Youth Laboratories

La compagnie Youth Laboratories a été créée il y a un an par l’entrepreneur moscovite Alexeï Chevtsov. En mai 2015, il a réuni une jeune équipe d’experts en biologie et en développement d’algorithmes d’apprentissage profond – dix personnes au total. Dès le mois de novembre suivant, la compagnie Youth Laboratories a organisé le premier concours de beauté Beauty.AI (Beauty Artificial Intelligence), avec un jury un peu particulier : l’intelligence artificielle.

Alexeï Chevtsov explique que le concours de beauté n’est qu’une mission auxiliaire de son équipe. La compagnie s’est lancé un défi réellement ambitieux : résoudre le problème du vieillissement de l’homme.

« Notre compagnie est spécialisée dans les technologies d’apprentissage automatique pour l’analyse de l’image numérique de la peau visant à identifier les bio-marqueurs du vieillissement, ainsi que pour l’analyse générale de la santé humaine », explique-t-il.

Beauté sans frontières : cinq mille participants à travers le monde

L’objectif ambitieux du projet Beauty.AI a fait le jeu de la startup –TechCrunch, GQ et Cosmopolitan en ont parlé immédiatement. L’attention de la presse a permis d’attirer plus de 5 000 candidatures pour le concours de beauté à travers le monde. Les géants commerciaux Nvidia et Faberlic ont sponsorisé le projet à son étape finale.

Les internautes téléchargeaient un selfie et quelques informations (âge, sexe, taille et autre paramètres biométriques) sur l’application mobile Beauty.AI pour iOS et Android. « Les visages des participants ont été comparés sur un large échantillon de photos, plus d’un million », raconte Anastasia Gueorguievskaïa, bio-informaticienne chez Youth Laboratories.

Les rides vues par un robot

Youth LaboratoriesYouth Laboratories

Trois robots se sont consacrés à la recherche impartiale de beaux visages : l’algorithme RYNKL évaluait le nombre de rides des participants par groupe d’âge ; MADIS (Model Alliance Digital Intelligence Scout) comparait les ressemblances des traits des personnes avec ceux d’acteurs et mannequins célèbres; l’algorithme d’évaluation de la symétrie déterminait la composition du visage (car les visages humains sont asymétriques).

« Le concept de l’algorithme ne se réduit pas à la recherche de sosies par rapport à la peau ou au type du visage – il y a déjà beaucoup d’applications de ce type – mais porte sur le fait que chaque photo est traitée individuellement et donne un résultat concret correspondant à un facteur biologique comme, par exemple, la surface des rides ou la surface des tâches de pigmentation », explique Anastasia Gueorguievskaïa.  

A l’issue du concours, les algorithmes ont choisi 10 hommes et femmes vainqueurs dans cinq catégories d’âge. Ces derniers ont remporté des prix offerts par les sponsors et le droit d’être qualifiés de premières icônes de beauté de l’histoire choisies par l’intelligence artificielle.

Contexte

Les algorithmes qui jugeaient le concours de beauté Beauty.AI fonctionnent selon le principe d’apprentissage profond (deep learning) qui permet aux ordinateurs d’apprendre de leur propre expérience. Aujourd’hui, l’idée de l’apprentissage en profondeur gagne en popularité, car elle forme chez les robots des conceptions hiérarchisées à plusieurs niveaux du monde alentour.n

Pourquoi ce concours

 
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« Nous voulions créer une application permettant d’évaluer l’état de santé d’une personne d’après sa photo », nous raconte le consultant du projet, le chercheur Alexandre Javoronkov. « Nous avons commencé par le plus simple, les rides. A ce moment-là, nous étions déjà en contact avec de grands groupes pharmaceutiques et nous savions qu’un tel produit serait demandé ».

Ainsi est née l’application de suivi des rides RYNKL. La compagnie a décidé de réunir la base de données nécessaire pour le projet grâce à un concours de beauté. En deux mois, au début de l’année 2016, le projet a levé 12 000 dollars sur Kickstarter.com avec un objectif affiché de 10 000 dollars.

Au printemps 2016, le Laboratoire de jeunesse a lancé un deuxième concours de beauté, auquel tout le monde peut participer aujourd’hui. Les robots désigneront les nouveaux vainqueurs début août 2016.

Le diagnostic du futur

Actuellement, la startup travaille avec des cliniques privées étrangères, de grandes compagnies pharmaceutiques et des laboratoires de recherche en Europe, aux Etats-Unis, en Afrique et en Asie.

Prochainement, l’équipe espère apprendre à l’ordinateur à évaluer l’état de santé d’une personne grâce à son visage. « Par exemple, les cernes pourraient témoigner d’éventuels problèmes de reins, une pigmentation atypique – de la probabilité de développer un mélanome, les lèvres pâles et peu pigmentées – de l’anémie », explique Alexeï Chevtsov.

Dans ce domaine, la startup mène déjà des négociations avec une grande chaîne moscovite de cliniques privées. « Elle montre un certain intérêt, nous allons peut-être développer une application commune de reconnaissance de maladies », ajoute-t-il.

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