Les participantes à l'expérience spatiale.
service de presseSix chercheuses de l’Institut des problèmes médico-biologiques de Moscou (IPMB) de l’Académie russe des sciences ont passé neuf jours dans un site hermétique. Le contenu de la capsule et la durée de séjour se rapprochent au maximum des conditions réelles de vol sur la Lune. Les carnets de bord tenus par les membres du projet pourraient faire l’objet d’un livre. Ils ont été publiés sur la page du Facebook projet accessible à tous.
Beauté spatiale : épreuves en série
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Les jeunes femmes décrivent les tests et leur difficulté à s’adapter à la vie dans un site hermétique : les lits hauts et étroits, la nourriture inhabituelle que l’on ne peut chauffer qu’aux micro-ondes, les difficultés liées à l’hygiène, limitée aux serviettes et à un lavabo, l’absence de lien avec le monde extérieur à l’exception des radiogrammes de travail.
« Pour moi, le plus difficile à supporter était l’absence de nouvelles de mes proches, de ma famille. Ne pas savoir où ils sont, ce qu’ils font, comment ils vont », raconte Anna Koussmaoul, membre du projet.
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« Au début, je dormais mal, car l’acoustique était très bonne dans le module », raconte Daria Komissarova. « Si dans la première cabine on écrivait sur un laptop, dans la sixième on l’entendait et on se demandait ce qui s’y écrivait. Par ailleurs, j’ai les cheveux longs, et c’était une vraie épreuve de les nettoyer avec des serviettes en papier, cela prenait beaucoup de temps ».
L’atterrissage retardé à cause d’une tempête
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Les expériences provoquaient également des difficultés et des désagréments. Pour relever les indicateurs physiologiques, les « cosmonautes » devaient s’appliquer des électrodes sur le corps et, parfois, les porter pendant des journées entières. Cela provoquait des irritations de la peau.
Deux situations imprévues se sont produites à bord. D’abord, les jeunes femmes ont dû assister un membre d’équipage victime d’un choc électrique, joué par un mannequin. Une connexion télé-médicale a été établie en temps réel avec les médecins de l’hôpital de Moscou en charge de la mission.
Puis, moins d’une journée avant la sortie du site hermétique, les jeunes femmes ont appris que « l’atterrissage » était reporté à cause d’une « tempête » au cosmodrome Vostotchny. La réaction était mitigée.
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« D’un côté, nous avions à plusieurs reprises indiqué qu’il nous fallait une journée supplémentaire, car le programme était tellement riche en méthodes complexes qu’on n’avait pas assez temps pour préparer notre retour – rassembler les équipements scientifiques, rédiger les rapports et les notes sur les manuels, discuter de la sortie et des examens après-vol », raconte Elena Loutchitskaïa, commandant de l’équipage. « D’un autre côté, chacune d’entre nous se préparait déjà à revoir ses proches et pensait rentrer chez elle le lendemain, pouvoir prendre une douche et faire enfin une bonne nuit de sommeil ».
Analyse comparée avec les hommes
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« C’était important de travailler en équipe, raconte Anna Koussmaoul. Quand on peut partager ses sentiments et émotions et qu’on sait que quelqu’un autre pense et ressent la même chose, il est bien plus facile de surmonter les difficultés. Notre équipage a réussi sa mission ».
Dans le cadre du projet Lune-2015, les scientifiques russes étudiaient les mécanismes d’adaptation de l’organisme humain aux conditions de vie dans un site hermétique. Ils ont testé les équipements pour l’ISS, étudié la psychologie et la physiologie de l’organisme féminin dans les vols spatiaux long distance.
Une trentaine d’expériences ont été conduites, leurs résultats seront analysés par les chercheurs de l’IPMB pendant plusieurs mois. L’analyse complète des données – la réaction des systèmes respiratoire, cardio-vasculaire, immunitaire, etc. – présente un intérêt scientifique.
Les chercheurs conduiront une analyse comparée avec les données recueillies lors des précédentes expériences impliquant des hommes. Le projet Lune-2015 devrait servir de base à une série d’expériences en isolement de différentes durées.
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