Des camions Ural NEXT du groupe GAZ présentés à l'exposition "Équipements et Technologies de construction - 2015" au centre des expositions Crocus à Moscou.
RIA Novosti/Grigori SissoevLa Russie prévoit de présenter ses camions sans conducteur pour la Coupe du Monde de football, qui aura lieu en Russie durant l’été 2018. Le vice-premier ministre du pays Arkady Dvorkovitch en a fait l’annonce au forum de la science et des technologies qui s’est tenu à Kyoto, Japon, le 4 octobre. On ne sait pas encore exactement ce que ces camions sans conducteur feront exactement durant la Coupe du Monde.
Sont-ils allés loin ?
Les constructeurs russes se joignent à la course aux technologies sans conducteur. En octobre, le groupe automobile Toyota a annoncé être prêt à présenter une voiture sans pilote produite en série en 2020, quand Tokyo accueillera les Jeux olympiques. Les camions Daimler ont réussi les essais d’un pilote automatique en Allemagne, dans les faubourgs de Stuttgart. Honda, Tesla Motors, Nissan et BMW testent également leurs propres voitures sans conducteur sur les routes de Californie, l’un des rares endroits du monde ayant levé les interdictions pesant sur le déplacement de voitures sans conducteur.
En Russie, deux groupes automobiles planchent sur la création d’un véhicule sans conducteur : KamAZ, appartenant à la corporation d’Etat Rostec et le groupe GAZ, relevant de la holding Basic Element du magnat de l’aluminium Oleg Deripaska. Cependant, les deux constructeurs sont convaincus de ne pouvoir sortir une automobile dans trois ans uniquement « dans des conditions de financement du projet par le gouvernement ».
« Nous disposons de tous les éléments de base pour construire une automobile contrôlable à distance sur la base des véhicules de l’usine Oural. À partir de ces véhicules, si l’Etat nous soutient, nous pouvons avoir en 2018 un modèle parfaitement opérationnel d’automobile contrôlée à distance et capable de se déplacer de façon autonome sans pilote », déclare la vice-présidente du groupe GAZ Elena Matveeva.
KamAZ a déjà reçu des investissements gouvernementaux : environ 300 millions de roubles (moins de 50 millions d’euros) du ministère des Sciences. Le groupe crée ses véhicules sans conducteur en collaboration avec le concepteur russe de logiciels Cognitive Technologies.
Olga Oussova, présidente de Cognitive Technologies, a confié à RBTH que la sortie d’une présérie de camions était prévue à l’usine KamAZ de Naberejnye Tchelny. « Le KamAZ sans conducteur est aujourd’hui capable d’effectuer de façon autonome des manœuvres de base : virage, demi-tour, déplacement en « S », arrêt devant des obstacles, déplacement en colonne organisée », affirme Olga Oussova.
Ni conducteur, ni route
À la différence des projets des constructeurs japonais et étrangers, largement conçus pour des conditions idéales de circulation routière et de marquage au sol, Cognitive Technologies prend en compte les difficiles conditions russes.
Le projet de KamAZ et Cognitive Technologies utilise un modèle de vision par ordinateur dit « passif », c’est-à-dire recevant des signaux et des informations de l’extérieur. La prise de décisions se fait donc selon un système d’intelligence artificielle.
« C’est selon le même principe que l’homme agit », explique Mme Oussova. « Il a des yeux pour voir la route et un cerveau qui analyse la situation et prend une décision. D’une certaine manière, on peut donc dire que nous sommes parvenus à construire un modèle informatique du système de vision centrale. Nos véhicules voient où se trouve la route et où se trouvent les autres acteurs de la circulation ».
Selon Olga Oussova, cela les différencie de nombreux projets étrangers, par exemple de Google Car, qui sont basés sur des modèles « émetteurs ». Ces systèmes supposent l’utilisation d’autres appareils, par exemple de radars utilisant le reflet de la lumière pour définir les distances, et de senseurs. Ces voitures sans conducteur s’orientent grâce aux signaux renvoyés par les éléments de la route.
Dans les pays développés, on construit ce que l’on appelle des « routes intelligentes », avec un marquage idéal et des senseurs intégrés pour recevoir des données sur la circulation routière. « C’est une situation idéale. Dans notre cas, les radars peuvent aussi exister, mais seulement comme complément du modèle de base », affirme Mme Oussova. « Les algorithmes utilisés dans notre modèle permettent de fonctionner dans des conditions russes, ainsi que sur la plupart des routes du monde ».
La compagnie espère que le projet de création d’un KamAZ sans conducteur permettra à la Russie d’occuper une position de leader sur le marché international de l’automobile. Avec en ligne de mire l’Asie et les pays en voie de développement, dont les marquages routiers sont de mauvaise qualité.
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