La Russie remplace les Mistral

Crédit : Alexander Vilf / RIA Novosti

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La Russie se dote de nouveaux navires de débarquement. Outre l’Ivan Gren, qui subit actuellement des essais en mer, et la mise en chantier du Piotr Morgounov, le commandement des Forces navales russes a présenté un bâtiment de débarquement universel de nouvelle génération destiné à remplacer les Mistral.

La doctrine militaire adoptée en 2014 autorise la Russie à recourir en cas de besoin aux Forces armées à l’étranger, dans le respect des normes et principes universellement reconnus. Ainsi, l’article 32 du document évoque « un déploiement préalable des troupes (forces) sur des axes stratégiques pouvant présenter un danger », ainsi que « la garantie des intérêts nationaux de la Russie en Arctique ».

Etant donné que les deux tiers des frontières russes sont aquatiques, le transfert des troupes ne pourra pas être effectué exclusivement par les avions de transport et les véhicules terrestres. La Russie ressent un besoin urgent de navires de débarquement capables d’assurer le transfert des effectifs et des matériels sur les lieux d’un éventuel conflit.

Des navires de débarquement pour la mer Noire et la Baltique

En 2008, les Forces navales russes, qui ne possédaient depuis la désagrégation de l’Union soviétique que de grands navires de débarquement désuets des projets soviétiques 1171 Tapir, 1174 Nossorog et 775, se sont tournées vers l’Occident, souhaitant se doter d’un bâtiment moderne.

Ayant signé l’accord sur l’achat de quatre bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral, la Russie a même réussi à s’entendre sur la construction de deux de ces navires dans les chantiers navals nationaux avec tous les documents nécessaires. Toutefois, la situation politique des dix-huit derniers mois a rendu impossible la livraison des Mistral, pourtant déjà construits.

Afin de développer sa flotte, la Russie a conçu le grand navire de débarquement du projet 11711, l’Ivan Gren. Ce premier bâtiment, mis à l’eau le 18 mai 2012, sera mis en service en 2015. En outre, le pays a entamé la construction du deuxième navire de ce projet, le Piotr Morgounov. Les chantiers navals Yantar de Kaliningrad doivent achever les travaux en 2017. Le projet 11711 prévoit la mise en service de six grands navires de débarquement.

L’utilisation des porte-hélicoptères Mistral semble superflue en mer Noire et dans la Baltique. Quant aux bâtiments du projet 11711, dotés d’armements modernes et capables de transporter 13 chars ou 36 véhicules de combat d’infanterie ou véhicules blindés de transport des troupes ou encore 300 hommes à une distance de 3 500 milles marins, ils sont capables d’accomplir leurs missions sur des théâtres d’opération de ce type.

Priboï contre Mistral

Le 11 juin 2015, jour de la mise en chantier du deuxième navire du projet, le chef du département des constructions navales de la marine nationale, Vladimir Triapitchnikov, a déclaré aux journalistes que le pays lancerait au cours des cinq prochaines années la construction de navires de débarquement lourds, plus grands que l’Ivan Gren.

Le 16 mai dernier, le stand du commandement des Forces navales de Russie a présenté, dans le cadre du forum Armée 2015 qui s’est tenu en juin à Koubinka, un modèle réduit du navire de débarquement universel Priboï (Ressac).

« C’est notre réponse aux Mistral, a indiqué un représentant du commandement des Forces navales aux journalistes. Ce navire n’en est encore qu’au stade du projet, mais les performances prévues permettent d’espérer que les bâtiments Priboï accompliront avec succès les missions de chargement, de transport et de débarquement des troupes. »

Le coût d’un navire du projet Priboï est évalué à environ 20 milliards de roubles (quelque 330 millions d’euros), a précisé le directeur général du Bureau d’études Nevski, Sergueï Vlassov. La décision de construire le premier navire de ce projet pourrait être prise dès la fin de 2016.

Jaugeant 14 000 tonnes, le bâtiment peut déployer une vitesse de près de 20 nœuds et embarquer 60 unités de matériels techniques à une distance de 6 000 milles avec une autonomie de 60 jours. Les navires Priboï embarqueront huit hélicoptères Kamov Ka-27 et Ka-52K en versions anti-sous-marin et de frappe, ainsi que quatre canots de débarquement du projet 11770M ou deux autres du projet 12061M.

Tous les systèmes des bâtiments Priboï seront mis au point par des entreprises russes, ce qui permettra d’éviter un nouveau scandale politique. La flotte doit se doter, selon les prévisions, de quatre navires de ce type.

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