La Russie crée un centre scientifique en Arctique

Crédit photo : Sergeï Mamontov/RIA Novosti

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Une expédition polaire permanente verra le jour à Barentsburg, ville russe sur l’île norvégienne de Spitzberg. Ce centre scientifique étudiera le déplacement de la banquise et contrôlera la pollution de l’environnement. Les objectifs stratégiques de la Russie dans la région ont été évoqués par le ministre des Ressources naturelles et de l’Ecologie, Sergueï Donskoï.

À l’heure actuelle, la Russie est l’unique pays (excepté la Norvège, dont Spitzberg est le territoire) à maintenir sa présence économique dans cette île. La première localité habitée en permanence, Barentsburg, a été fondée en 1920. Aujourd’hui, la population de la ville compte environ 500 habitants et le principal agent économique est l’entreprise houillère Arcticugol qui continue toujours d’extraire du charbon.

Récemment encore, cette localité russe se trouvait dans un état écologique déplorable : on y trouvait une vaste décharge d’ordures, une centrale thermique émettant de grandes quantités de suie et une pollution biologique des sources d’eau douce autour des anciens villages soviétiques. « Mais ces dernières années, la situation s’améliore : les décharges sont nettoyées, les bâtiments délabrés sont démolis et ceux qui se prêtent aux travaux de réfection sont modernisés », a raconté Sergueï Donskoï. En outre, la Russie prévoit de mettre en place prochainement un centre scientifique dans Spitzberg.

Étude du Grand Nord

« Pour assurer le fonctionnement du Centre scientifique russe à Barentsburg, nous prévoyons de mettre en place une expédition arctique permanente, a poursuivi le ministre. Nous avons d’ores et déjà créé les infrastructures appropriées, notamment scientifiques, à Barentsburg. La plupart des bâtiments sont en bon état. Environ vingt-cinq scientifiques travaillent actuellement à Spitzberg, mais leur nombre pourrait être porté à cent. Ainsi, nous sommes en présence de toutes les conditions propices à la fondation d’un centre d’études scientifiques très intéressant ».

Le centre scientifique déploiera ses travaux sur plusieurs grands axes : l’hydrométéorologie, l’observation du déplacement des glaces en Arctique, l’étude de l’activité solaire, de l’irradiation, de la couche d’ozone et du pergélisol, ainsi que le contrôle de la pollution de l’environnement, notamment dans les entreprises qui fonctionnent et celles qui ont été mises en veilleuse, a souligné Sergueï Donskoï, en ajoutant qu’il était prévu d’organiser une évaluation des indicateurs écologiques. Le ministre a exprimé l’espoir que le projet pourrait être réalisé cette année.

Les parcs nationaux

Le territoire russe constitue environ le tiers de la superficie de l’Arctique, mais c’est ici que sont concentrés 80% de la biodiversité arctique : colonies d’oiseaux, morses et espères rares de mammifères et d’oiseaux. Nombre de ces animaux sont aujourd’hui menacés d’extinction et l’un des moyens les plus efficaces de les protéger est de mettre en place des réserves naturelles. Il existe d’ores et déjà 24 espaces protégés d’importance nationale et 86 autres d’importance régionale dans la partie russe de l’Arctique, notamment 10 réserves naturelles et 3 parcs nationaux. Les spécialistes y déploient d’intenses activités scientifiques.

« Il est prévu de créer d’ici 2020 deux nouveaux parcs nationaux au nord du Cercle polaire : Central-Tchoukotski et Khibiny dans la région de Mourmansk, ainsi que la réserve Medveji ostrova (île aux ours) en Yakoutie et un espace protégé dans les îles de la Nouvelle Sibérie », a noté Sergueï Donskoï. « L’Arctique doit être sauvegardée de façon systémique. Dans ces espaces protégés, soit il n’y aura pas d’activités économiques du tout, soit celles-ci seront soumises à de strictes limitations », a-t-il fait remarquer.

Exploration du plateau continental

Les problèmes liés aux activités économiques en Arctique, qui suscitent une grande inquiétude au sein de la communauté écologique internationale, sont particulièrement sensibles quand il s’agit d’extraction de pétrole ou d’exploration géologique. Toutefois, « toute cette polémique n’a qu’un seul objectif : contenir notre développement en Arctique », a-t-il affirmé.

« Le dernier plus grand gisement gazier en Arctique, celui de Chtokman, a été découvert en 1988 et le gisement pétrolier Prirazlomnoye en 1989, a rappelé Sergueï Donskoï. Mais c’est seulement maintenant que nous commençons à revenir en Arctique. L’année dernière, la société russe Rosneft a réalisé des travaux de prospection sur le terrain Ouniversitetskaya : les spécialistes y ont découvert le gisement Pobéda recelant plus de 130 millions de tonnes de pétrole et quelque 400 milliards de m3 de gaz. Nous entamons la construction de plateformes, de matériels et d’équipements nécessaires, nous commençons à former des spécialistes ».

Une première plateforme a été montée au gisement Prirazlomnoye, en mer de Petchora, pour procéder à l’extraction expérimentale de brut.

Nettoyer l’Arctique

La Russie réalise également des projets pour nettoyer les îles arctiques. « Nous poursuivons actuellement la matérialisation des projets de nettoyage de l’archipel François-Joseph et de l’île Severny de Nouvelle-Zemble, a déclaré Sergueï Donskoï. Le financement de ces projets ayant été réduit cette année, il faudra sans douter chercher d’autres moyens de les appliquer, notamment par voie de coopération. Par exemple, nous travaillons sur cet axe conjointement avec le ministère de la Défense qui nettoie actuellement l’île Wrangel. Les militaires disposent de navires libres qui pourraient être engagés pour résoudre les problèmes qui se posent devant nous », a-t-il expliqué.

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