YotaPhone : le test du premier smartphone russe

Crédit : Slava Petrakina

Crédit : Slava Petrakina

Après avoir testé le smartphone russe YotaPhone pendant une semaine, une rédactrice de La Russie d'Aujourd'hui raconte les avantages et les inconvénients de cet Android à double écran tactile.

A peine achevé la présentation officielle à l'occasion du lancement du YotaPhone, smartphone biface (un écran classique de smartphone tactile sur un côté et une liseuse à l'encre électronique sur l'autre), le startup russe Yota Devices a vendu via Internet plus de 10 000 exemplaires, ayant pour l'instant arrêté les ventes en ligne pour l'Europe. En revanche, les chaînes de distributeurs russes ont commencé à vendre les smartphones une semaine avant le Jour du Nouvel an. Mais que vaut cette nouveauté russe ? Après un test durant une semaine, l'on peut constater qu'il ne s'agit pas de la parfaite incarnation du génie russe.

Appels et SMS

Yota Devices envisage d'amortir le coût du développement de son smartphone d'ici deux ou trois années. Selon les premières prévisions, la compagnie devrait réussir à vendre 500.000 exemplaires, dont la moitié sur le marché russe.

Toutes les caractéristiques principales du YotaPhone, comme la définition de l'écran, la fréquence du processeur, le mémoire, la capacité de la batterie, correspondent en général à celles d'autres modèles dans sa gamme de prix (400 à 500 euros). Cependant, comparant diverses particularités techniques, l'on oublie que les smartphones sont tout d'abord destinés à faire des appels et à envoyer des messages. Et l'on ne peut pas reprocher le YotaPhone sur ce plan-ci : la réception est très bonne, le son est pur et fort, on est même obligé parfois de baisser le volume. Selon nos interlocuteurs, ils nous entendent également bien.

Tous les appels et sms manqués peuvent être sortis sur l'écran à l'encre électronique. De plus, détectant le sens général des messages par mot clé, le dispositif peut les marquer avec des petits symboles, par exemple, un chat, un cœur ou une tarte. Une particularité intéressante, mais pas plus : il est peu probable que la majorité des utilisateurs veuillent montrer le contenu de leurs messages privés à tout le monde. L'on se sent donc un peu mal à l'aise en laissant ce smartphone sur la table. Mais il n'est pas non plus facile de le porter dans la poche : le gadget est trop grand pour cela (134 x 67 x 10 mm).

Photos

Dès que l'on prend un YotaPhone, on se demande : pourquoi placer la caméra au bas de la coque ? Il est difficile de s'habituer à cette particularité plutôt inhabituelle, et dans un premier temps, on fait assez souvent des photos de notre propre main.

À l'origine, toujours l'écran à l'encre électronique : ce dernier est toujours actif, et afin d'obliger l'utilisateur de placer le smartphone sur table avec l'écran e-ink vers le haut, les développeurs ont prévu une petite incurvation en haut de la surface arrière du dispositif. Ensuite, la partie supérieure de la coque est plus subtile, ne laissant pas de place pour une caméra. En outre, si celle-ci avait été placée en haut, les concepteurs aurait dû y placer également les capteurs tactiles des deux écrans. On peut dire alors que Yota Devices a choisi dans ce cas le moindre mal.

Divertissement

Le YotaPhone permet d'exécuter sans attente même les applications les plus exigeantes. Son écran de 4,3 pouces est très confortable pour les jeux vidéo et répond bien à tous les gestes. Malheureusement, l'on ne peut pas dire la même chose quant aux « zones tactiles » sur les deux côtés du dispositif qui ont remplacé les boutons. Il n’est pas  facile de s'adapter à celles-ci : il faut parfois répéter les gestes à plusieurs reprises pour recevoir le résultat désiré.

Beaucoup plus amusant que les jeux est de demander aux collègues de deviner où faut-il insérer la carte SIM. Les développeurs ont placé la fente SIM sous le bouton d'allumage, ce qui ne semble pas du tout une bonne décision : l'on peut par hasard enlever le bouton et perdre la possibilité d'allumer l'écran principal. L'écran à l'encre électronique ne peut pas fonctionner normalement sans son « grand frère ».

Outre la carte SIM, il n'y a pas d'autres éléments détachables : l'on ne peut ni retirer la batterie, ni insérer une carte microSD. Mais, en ce qui concerne cette dernière, la mémoire intégrée de 32 GO doit être suffisante même pour les joueurs, si l'on n'envisage pas de garder sur son YotaPhone tous les épisodes d'une série télévisée préférée.

Lecture

Théoriquement, l'on peut sortir sur l'écran e-ink toutes les informations depuis l'écran principal : pour le faire, il suffit de glisser deux doigts sur ce dernier, de haut en bas. Mais le problème est qu'ensuite, l'on ne peut rien faire avec l'image sur le deuxième écran : elle est complètement fixe, une sorte de screenshot. Le smartphone ne semble pas alors aussi économe que promettent les développeurs, car l'on est tout simplement obligé d'allumer tout le temps l'écran principal.

La capacité de la batterie du YotaPhone est assez grande (1800 mAh), mais ce n'est pas une miracle. Même si le dispositif n'est pas trop utilisé durant la journée, une recharge devient une nécessité le soir.

Bref, l’utilité de l’écran e-ink semble plutôt exagérée. Il est effectivement confortable pour lire les titres de la presse et les tweets, mais afin d’effectuer n’importe quelle action, il faut toujours revenir sur l’écran principal. Par exemple, pour commenter ou aimer un statut sur Facebook, l’on est obligé de rallumer l’écran couleur, lancer l’application et retrouver la publication nécessaire.

En ce qui concerne la lecture des livres, le dispositif n’est pas non plus si parfait que ça. Un écran de 4,3 pouces, ce n’est pas beaucoup même par rapport aux liseuses bon marché. Quant aux fichiers PDF et aux documents au format A4, le YotaPhone ne permet pas du tout de les lire : l’application Bookmate ne supporte pas ces types de documents, tandis que les autres applications de lecture ne savent  encore pas interagir avec l’écran e-ink du smartphone. À une telle convivialité, le second écran devient plutôt inutile. Montrer le temps, les données météo et le niveau de la batterie – c’est tout ce que l’écran peut faire régulièrement.

Un idéal à atteindre

En général, le produit de Yota Devices est loin d'être idéal et ne convient pas à tout le monde – certains n’aimeront pas les dimensions du dispositif, certains ne seront pas satisfaits des performances, certains n’ont pas besoin du second écran, et certains veulent une batterie plus puissante. Pour 499 euros, l’on peut effectivement trouver un autre modèle plus performant.

Il faut noter quand même que les problèmes avec l’atout principal du smartphone – son écran e-ink – sont principalement dûs à l’absence du logiciel nécessaire. Et dès que ce genre d’applications émerge, le smartphone pourrait sans doute devenir plus intéressant.

 

Et vous, testeriez vous le YotaPhone ? Donnez-nous votre avis en tweetant @larussie #YotaPhone


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