CytoDel est un appareil qui draine le sang, isole les érythrocytes et y injecte un médicament anticancéreux pour ensuite le réintroduire dans le flux sanguin. Crédit : Getty Images/Fotobank
L’une des principales techniques de traitement des cancers, la chimiothérapie, est mal supportée par les patients dans son état actuel et, souvent, nuit gravement à la santé des malades. Les jeunes scientifiques russes de la société InErPharm préparent une percée dans ce domaine : l’appareil CytoDel, développé par ces derniers, permettra de réduire la toxicité des médicaments et d’accélérer l’effet thérapeutique du traitement.
La société InErPharm est jeune : elle a été créée le 9 janvier 2012 et a lancé son activité en mai dernier. L’équipe réunit six chercheurs diplômés des universités russes dirigés par le professeur Fazohil Atouallakhanov. Prochainement, InErPharm prévoit de déposer sa candidature pour le statut de résident à Skolkovo.
« CytoDel est un appareil qui draine le sang, isole les érythrocytes et y injecte un médicament anticancéreux pour ensuite le réintroduire dans le flux sanguin. Autrement dit, les érythrocytes servent d’agents transmetteurs de médicaments », explique Nikolaï Ivanov, biophysicien et directeur de la société.
La procédure dure une heure et demie, ensuite le sang du patient enrichi d’érythrocytes contenant le médicament lui est injecté par cathéter. Les érythrocytes isolent le médicament pendant une longue période, ce qui permet d’éviter les piques de dosage du médicament et de maintenir sa concentration au niveau nécessaire pour obtenir un effet thérapeutique. En outre, cela permet de réduire le nombre d’injections de chimiothérapie.
« L’idée d’utiliser les érythrocytes comme agents transmetteurs de substances physiologiquement actives est très ancienne. Les premières publications à ce sujet par les scientifiques occidentaux remontent aux années 50. Les expérimentations in vivo ont été conduites sur des souris et des chiens et poursuivaient, globalement, des objectifs purement scientifiques. Le mérite du laboratoire créé par notre responsable des recherches, Fazohil Atouallakhanov, consiste à avoir conduit les premières recherches sur des patients ; ces tests se sont prouvées efficaces », explique Nikolaï Ivanov.
Les tests ont été conduits sur des patients faisant partie du « groupe à risque », atteints du 3e et 4e stade de cancer et caractérisés par la non-réceptivité à la chimiothérapie standard. Les résultats ont montré, dans la plupart des cas, une absence de tachycardie, de cardiotoxicité et de myélosupression - les principaux effets indésirables de la chimiothérapie. Dans certains cas, la baisse considérable de ces effets a été suivie d’une rémission. « Les médecins ont constaté qui les patients étaient vraiment soulagés », explique Nikolaï Ivanov.
L’appareil n’a pas encore passé les tests précliniques et cliniques, mais l’équipe d’InErPharma a déjà remporté des prix à plusieurs concours de business projets, notamment au StartupVillage-2013, organisé par le Centre d’innovations russe Skolkovo, ainsi qu’à deux concours organisés par des entreprises à capitaux risqués, BIT-2012 et HSE{10K}-2012. En outre, en 2012, InErPharm est arrivée parmi les huit finalistes du prestigieux concours international Intel Global Challenge à Berkeley. Le projet a reçu le soutien du Fonds d’aide au développement des PME/PMI innovantes spécialisées en science et technologie.
Il existe actuellement deux autres entreprises qui cherchent à promouvoir la technologie utilisant les érythrocytes comme agents transmetteurs de substances physiologiquement actives sur le marché : le français ErytechPHARMA et l’italien EryDel. La première a une douzaine d’années et vient de se lancer sur le marché du traitement du cancer du pancréas et de la leucémie aux Etats-Unis.
Les chercheurs d’InErPharma espèrent que leur étude pourra intéresser leurs acolytes occidentaux. En premier lieu l’appareil servir au traitement du cancer des poumons. Selon les estimations préalables, il devrait être mis sur le marché d’ici trois à quatre ans minimum.
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