La régénération de la science russe

Le secteur de la science russe a subi de dures épreuves au cours des trente dernières années. Crédit : PhotoXPress

Le secteur de la science russe a subi de dures épreuves au cours des trente dernières années. Crédit : PhotoXPress

Du 6 au 11 juillet 2013, Saint-Pétersbourg a accueilli en juillet le 38ème congrès de la Fédération européenne des sociétés de biochimie (FEBS), l’un des plus importants forums mondiaux dans le domaine des sciences naturelles.

Pour la Russie, il s’agit du deuxième événement d’une telle ampleur : en 1984, le congrès FEBS s’était déroulé à Moscou, alors encore capitale de l’URSS. Depuis lors, le pays a beaucoup changé et de nombreux événements révolutionnaires se sont produits dans le domaine de la biologie : l’on a commencé à cloner des mammifères en laboratoire, les scientifiques ont appris à transplanter des cellules souches, les chercheurs ont décodé le génome humain… 

Le secteur de la science russe a subi de dures épreuves au cours des trente dernières années, mais se trouve toujours à l’avant-garde de la recherche et en étroite collaboration avec les chercheurs étrangers. Inverser la tendance défavorable n’a pas été facile et a demandé un travail acharné et minutieux. Il semble qu’au cours des dernières années, nos biologistes nationaux aient réussi à remporter des succès. 

Ainsi, dans le domaine de la biologie, la communauté scientifique internationale a été grandement impressionnée par le projet russe Ions Skoulatchev. En 2004, nos biochimistes ont, sous la direction de Vladimir Skoulatchev, synthétisé le composé SkQ1, considéré comme un potentiel traitement anti-âge. Le biologiste et académicien de l’Académie des Sciences de Russie Sergueï Loukianov a récemment mis au point une technologie unique de production de protéines fluorescentes, permettant d’étudier les microorganismes vivants au niveau cellulaire. Par ailleurs, les scientifiques de l’Institut de biologie génétique ont créé une molécule « nano-transporteur » capable d’acheminer un médicament dans le noyau d’une cellule ; cette innovation devrait permettre d’améliorer l’efficacité des traitements contre le cancer. 

Quand en 2008, des représentants de la direction du FEBS se sont rendus à Novossibirsk dans le cadre du Ve Congrès de la société russe de biochimie et de biologie moléculaire, les visiteurs ont été tellement impressionnés par le haut niveau des exposés présentés qu’ils ont proposé à leurs collègues russes de participer à la compétition pour l’organisation du congrès FEBS. Cet honneur très convoité a finalement été remporté en 2011.  

Le 38ème congrès FEBS a non seulement donné aux participants une occasion unique de faire connaissance avec Saint-Pétersbourg, mais également de découvrir les projets de collègues d’autres pays et a aussi permis à de jeunes scientifiques de dialoguer avec les meilleurs spécialistes mondiaux. De tels contacts revêtent une grande importance, souligne Alexandre Gabibov, président de la société russe de biochimie et de biologie moléculaire et président du comité d’organisation du congrès FEBS.

La restauration de la science russe sera poursuivie par la jeune génération, dont beaucoup de représentants se trouvaient parmi les participants. Pour eux il s’agit d’une opportunité inestimable de s’exprimer, d’évaluer les perspectives de leurs travaux et d’obtenir une première expérience d’intervention à un tel niveau. 

Les organisateurs du FEBS en Russie ont attendu longtemps et ont placé en lui de grandes attentes, estime le consultant du Congrès, le professeur polonais Adam Szewczyk : « Nous pouvons dire que les organisateurs ont réussi à intégrer deux congrès dans le cadre d’un seul. En effet, en comparaison avec les forums précédents deux fois plus d’orateurs sont présents, et parmi les participants, l’on trouve 11 lauréats du prix Nobel : Sidney Altman, Kurt Wüthrich, Ada Yonath, Roger Kornberg, Jean-Marie Lehn, Richard Roberts, Susumu Tonegawa, Jules Hoffmann, Robert Huber, Aaron Chehanover, Jack Szostak. » 

L’ampleur du Congrès FEBS-2013 devient claire lorsque l’on réalise que 3000 délégations venues d’Europe, des États-Unis, du Canada, de Chine et du Japon ont pris part aux discussions. Selon le président de la Fondation russe pour la recherche fondamentale Vladislav Pantchenko, plus de 300 jeunes scientifiques russes ont pu prendre part aux travaux du Congrès grâce au soutien de la Fondation. 

Le centre d’innovation Skolkovo était l’organisme russe le plus largement représenté au Congrès. Les scientifiques de Skolkovo ont lancé un vaste programme de conférences et de colloques sur des sujets tels que les cellules souches, l’élaboration en Russie d’un projet de loi sur les produits cellulaires biomédicaux, les travaux visant à vaincre le cancer. 

Dans le cadre des Lectures de Skolkovo, le professeur Vladimir Zelman a présenté les résultats du programme « génome humain ». Piotr Feditchev, directeur scientifique de la société Quantum Pharmaceuticals et résident de Skolkovo, a affirmé qu’en l’absence de contacts internationaux, y compris ceux établis au cours du Congrès FEBS-2013 et dans le cadre des Lectures de Skolkovo, et sans le soutien obtenu de la part des grands centres scientifiques, il est difficile d’atteindre le succès : « Les résultats d’aujourd’hui n’auraient pas pu être obtenus sans le concours du centre Skolkovo qui a financé deux de nos projets. » 

Le lauréat du prix Nobel de chimie 2004, le scientifique israélien Aaron Chehanover, a affirmé que : « Simplement en communiquant et en coopérant, nous sommes en mesure de voir se former l’image complète de la vie, de rassembler l’ensemble de son puzzle. » 

Adat Yonath, lauréat du prix Nobel de chimie 2009, a déclaré que les chercheurs ayant participé au Congrès de Saint-Pétersbourg se sont en premier lieu rassemblés mus par la curiosité scientifique : «  Un futur complexe les attend, mais c’est aussi un futur véritablement exaltant. »

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