Un coureur russe de F1 âgé de 16 ans : talent ou opération de com’ ?

Nikita Mazepine

Nikita Mazepine

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À partir de la saison 2016, Nikita Mazepine, âgé de 16 ans, sera pilote de développement chez Force India. Le jeune Russe est vice-champion du monde de karting, mais son arrivée dans la Formule 1 s’explique peut-être par autre chose que ses succès sportifs. Le père du coureur est un magnat de la chimie et l’un des hommes les plus riches de Russie.

D’année en année, la Russie se rapproche du monde de la F1. Le Grand Prix de Sotchi est désormais inscrit au calendrier des Courses royales, tandis Daniil Kvyat court pour l’une des meilleures équipes - Red Bull Racing. En cette saison 2016, la F1 gagne un nouveau nom russe : Nikita Mazepine, âgé de 16 ans, devient pilote de développement chez Force India.

Du karting aux courses royales

Le jeune coureur compte à son actif une place de vice-champion en karting « adulte » (KF-15) pour la saison 2014. Aucun autre Russe n’avait réussi un tel exploit auparavant.

Cependant, les succès en karting ne garantissent aucunement des victoires en F1. L’histoire du sport automobile connaît tant les exemples de réussite de Jenson Button et Michael Schumacher, que celui de Vitantonio Liuzzi, qui a atteint le niveau de la F1 sans parvenir à se constituer une brillante carrière.

À cause de son jeune âge, Nikita n’a que peu d’expérience en Formule 1. L’année dernière, il a participé à la Coupe d’Europe du Nord Renaul où il est arrivé 12e au classement général et 6e parmi les débutants. Il était l’un des plus jeunes coureurs – la plupart de ses rivaux avaient 4-5 ans de plus que lui.

Catalyseur

Cependant, ce ne sont pas uniquement ses succès dans les séries « jeunes » qui ont valu à Mazepine l’invitation de Force India. Derrière le jeune Russe, il y a un important capital. Le père de Nikita n’est autre que Dmitri Mazepine l’un des hommes les plus riches de Russie (63e au classement russe de Forbes avec une fortune estimée à 1,2 milliard d'euros). Il est le propriétaire et président du conseil d’administration du groupe chimique Uralkhim.

Source : ReutersSergio Perez, pilote chez Force India, lors du Grand Prix du Mexique. Source : Reuters

Dans un entretien avec RBTH, le conseiller du président de la Fédération automobile russe (FAR) Igor Iermiline confirme que c’est bien le capital du père de Mazepine qui explique le contrat du coureur avec Force India.

« Outre le talent, les courses royales nécessitent un important soutien financier. C’est une combinaison obligatoire. Daniil Kvyat est l’unique exception de ces dernières années. Dans le cas de Mazepine, ses sponsors paieront pour qu’il obtienne les compétences nécessaires en F1. C’est une bonne décision en termes de relations publiques », souligne Iermiline.

À la recherche d’un investisseur

Pour Force India, la collaboration avec Mazepine est également une bonne décision stratégique. Force India est une équipe qui manque constamment d’argent. Le système actuel de répartition des bénéfices en F1 favorise les grands acteurs : les trois premiers - Ferrari, McLaren et Red Bull – se partagent la part du lion des prix.

En 2015, Ferrari a empoché 167,2 des 795 millions d'euros du montant global des prix. Le vainqueur de la coupe des constructeurs, Mercedes AMG Petronas, s’est enrichi de 122,2 millions d'euros. Les recettes de Force India n’ont empoché que 64,9 millions. Dans ces conditions inégales, les petites équipes sont contraintes de chercher activement des investisseurs pour rester à flot. Le montant de la collaboration de Mazepine avec l’équipe est un secret commercial.

Le jeune pilote ne cache pas qu’il doit à son père ce nouveau tournant dans sa carrière. « Je suis encore jeune et je dois apprendre beaucoup de choses », a déclaré le pilote. « Ainsi, chez Force India, je pourrai acquérir une expérience précieuse qui me permettra à l’avenir de courir en Formule 1. Mon père joue un rôle important dans ma vie et ma carrière. Je suis reconnaissant pour son soutien. J’essaie de mériter sa confiance ».

La grille de départ est encore loin

Cependant, Mazepine n’est pas encore prêt à prendre le volant d’un bolide F1. Pendant la saison 2016, il travaillera sur un simulateur. Parallèlement, le coureur continuera à courir en Formule 3 en Europe. « Pour le moment, il ne peut s’agir de participer aux courses ni aux sessions d’entraînement du Grand Prix de F1. Nikita n’a pas la super-licence nécessaire », précise Igor Iermiline. 

« En 2016, Nikita devra courir en Formule 3 européenne et affronter des rivaux tels que Schumacher, Harrison Newey, Lance Stroll et Pedro Pike. Il ne faut donc pas s’attendre à de grands succès tout de suite ».

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