Athlétisme : trois scénarios pour la Russie

Sur cette photo, prise le 21 février 2014 lors des JO d'hiver de Sotchi, le poste de contrôle du dopage du Centre de biathlon Laura à Krasnaïa Poliana.

Sur cette photo, prise le 21 février 2014 lors des JO d'hiver de Sotchi, le poste de contrôle du dopage du Centre de biathlon Laura à Krasnaïa Poliana.

EPA
La décision de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) de suspendre provisoirement la Russie de toute compétition internationale est un coup dur pour le sport russe. RBTH analyse les éventuels développements de cette situation.

Le Conseil de l’IAAF a décrété le 13 novembre l’impossibilité pour la Russie de participer aux compétitions organisées sous ses auspices. La décision a été prise après la publication par l’Agence mondiale antidopage (AMA) d’un document affirmant l’existence de longue date en Russie d’un système de dissimulation des contrôles positifs des sportifs.

Désormais, les athlètes russes risquent de manquer les Jeux olympiques de 2016. En outre, la Russie perd l’organisation de deux rendez-vous internationaux inscrits au calendrier de 2016 : la Coupe du monde de marche par équipes qui devait avoir lieu à Tcheboksary et les Mondiaux juniors d’athlétisme à Kazan.

Quelles conséquences ? Voici trois possibles scénarios.

1. La Russie remédie rapidement à la situation et sa sélection est rétablie dans ses droits

Dick Pound, patron de la Commission indépendante de l’AMA, a déclaré que la Russie pourrait être autorisée à participer aux Jeux olympiques de 2016 en cas d’élimination rapide de toutes les violations. Après la décision à grand retentissement de l’IAAF, les développements ont pris un rythme accéléré en Russie.

Le directeur du laboratoire antidopage de Moscou, Grigori Rodtchenko, que l’AMA accuse d’avoir détruit 1 417 échantillons, a été limogé. Moins de 24 heures après la décision de l’IAAF, le ministère russe des Sports a annoncé que la direction de la Fédération russe d’athlétisme serait presque entièrement remplacée.

Valentin Maslakov, vice-président de la Fédération russe, a notamment indiqué à RBTH : « Nous avons mis en place une commission qui enquêtera sur les cas de dopage dans l’athlétisme national et qui coopèrera avec l’IAAF et l’AMA. Le Comité national olympique de Russie a élaboré une feuille de route d’après les recommandations de l’AMA… Elle garantit que nous réformerons la Fédération d’athlétisme et que nous punirons tous ceux qui ont trait aux violations des règles antidopage ».

2. La Russie interdite de participer aux JO, ses sportifs participent sous la bannière olympique

La décision de l’IAAF a suscité la grogne au sein des sportifs russes. Ainsi, la spécialiste du saut à la perche Elena Isinbayeva a dénoncé dans une lettre ouverte « la décision injuste » de priver des sportifs du droit à participer aux JO à cause des violations d’autres.

Toutefois, s’ils ne sont pas admis aux JO 2016, les athlètes russes pourraient y participer sous la bannière olympique, comme le prévoit la Charte olympique. Cette éventualité a été évoquée par le ministre russe des Sports, Vitaly Moutko. Mais pour le président du CIO, Thomas Bach, c’est une « totale spéculation ».

Olga Bogoslovskaya, aujourd’hui commentatrice de télévision, a remporté la médaille d’argent aux Jeux olympiques de 1992 à Barcelone dans la course de relais 4x100 m en courant sous la bannière olympique, à côté d’autres sportifs des pays qui avaient fait partie de l’Union soviétique. « Quand on entend un hymne qui n’est pas celui de notre pays et quand on voit monter la bannière olympique, aussi prestigieuse qu’elle soit, mais qui n’est pas le drapeau de notre pays, les émotions sont tout autres », a-t-elle affirmé. Elle s’est dite « à 95% convaincue que la situation se normaliserait bien avant le début des Jeux olympiques » et a estimé que les sportifs risquaient au maximum de manquer les championnats du monde d’athlétisme en salle.

3. L’athlétisme supprimé du programme des JO de Rio

Le rapport de l’AMA comprend une deuxième partie que la Commission entend rendre publique en décembre. Il y sera question non pas des violations russes, mais de corruption au sommet de l’IAAF. Selon Richard McLaren, membre de la Commission indépendante de l’AMA, les activités de l’IAAF pourraient être suspendues et l’athlétisme pourrait manquer à l’appel en tant que discipline à Rio.

Valéry Fedoreïev, juriste expert des sports, juge un tel scénario probable : « Si le président de la Fédération internationale accepte des pots-de-vin pour dissimuler des échantillons positifs, il peut être soudoyé par d’autres pays que la Russie (l’ancien patron de l’IAAF, Lamine Diack, a été mis en examen, soupçonné d’avoir touché de l’argent pour passer sous silence des résultats positifs d’athlètes dopés – ndlr) ». Toujours d’après Valéry Fedoreïev, le système antidopage a besoin d’une réforme en profondeur, tandis qu’une réaction sévère des structures internationales pourrait pousser les représentants d’autres sports à y réfléchir à deux fois avant de consommer des substances prohibées.

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