Attentat de Saint-Pétersbourg: deux semaines après, où en est l'enquête?

Police près de la station Sennaya Plochtchad,théâtre de l'attentat du 3 avril.

Police près de la station Sennaya Plochtchad,théâtre de l'attentat du 3 avril.

ZUMA Press/Global Look Press
Ce matin, l'une des personnes prises en charge dans un état critique suite à l'attentat survenu le 3 avril dans le métro de Saint-Pétersbourg a succombé à ses blessures, portant à 15 le nombre de victimes. 18 jours après la tragédie, alors que le bilan continue de s'alourdir, dix suspects ont été arrêtés et le chef du Service fédéral de sécurité (FSB) a déclaré que l'identité du commanditaire était sur le point d'être établie. Les individus mis en détention sont par ailleurs tous des ressortissants d'Asie centrale résidant en Russie. Ils seraient en lien avec Daech.

« Le commanditaire est pratiquement identifié. Oui, oui, identifié », a assuré jeudi à l'agence de presse Interfax Alexandre Bortnikov, chef du Service fédéral de sécurité (FSB), alors qu'il était interrogé sur l'organisateur de l'attentat de Saint-Pétersbourg. M. Bortnikov ne s'est cependant pas étendu sur l'identité du suspect, mais a promis que le FSB « communiquerait les informations en temps voulu ».

Selon la version des enquêteurs, le 3 avril, Akbarjon Djalilov, un Ouzbek ethnique né dans la ville d’Och (Kirghizstan), a fait exploser une bombe artisanale dans une rame du métro de la ville. En plus du terroriste, 15 personnes ont trouvé la mort suite à l'explosion.

Arrestations à Saint-Pétersbourg et Moscou

Les premières nouvelles concernant les suspects ont été divulguées le 6 avril : les enquêteurs ont alors annoncé que huit personnes avaient été arrêtées (six à Saint-Pétersbourg et deux à Moscou). Des armes à feu, des munitions ainsi qu'une bombe semblable à celle utilisée par Djalilov ont été retrouvées à leur domicile. D'après l'instruction, les personnes mises en garde à vue sont toutes originaires d'Asie centrale et feraient partie d'une cellule terroriste probablement en lien avec Daech.

Arrestation d'Abror Azimov. Crédit : FSB de Russie Arrestation d'Abror Azimov. Crédit : FSB de Russie

Les détenus ne sont pour le moment pas passés aux aveux. Le journal en ligne Gazeta.ru  informe qu’ils ont nié tout lien avec les armes retrouvées, l'avocat de l'une des détenus ayant en outre déclaré que lors de la perquisition, une grenade avait été lancée à sa cliente. L'argumentation des suspects n'a néanmoins pas convaincu le juge, qui a tranché pour une mise en détention provisoire de deux mois.

Les frères Azimov

Une semaine et demie plus tard, le 17 avril, ont été publiées des images de l'arrestation d'Abror Azimov, organisateur présumé de l'attentat, par des agents du FSB dans la région de Moscou. Le journal Kommersant, se référant à des sources policières, a révélé qu'Azimov était un personnage clef de cette cellule terroriste et le seul de ses membres à avoir été contacté par Djalilov avant l'explosion.

Abror Azimov au tribunal. Crédit : ReutersAbror Azimov au tribunal. Crédit : Reuters

Au tribunal, Abror Azimov a reconnu les faits, déclarant cependant que sa participation à la préparation de l'attentat avait été indirecte : « Je n'avais pas conscience de ce que je faisais, on m'a donné un ordre, je l'ai exécuté ». Peu après cela, le 19 avril, son frère aîné, Akram Azimov, a été appréhendé à Moscou. Selon les enquêteurs, celui-ci avait aidé les terroristes à transférer de l'argent et était en contact avec « les émissaires d'organisations terroristes ». Ainsi, le nombre de détenus dans cette affaire s'élève aujourd'hui à dix.

Des proches en désaccord

Abror et Akram Azimov sont des citoyens de la Fédération de Russie, mais sont néanmoins nés et ont grandi eux aussi dans la ville d'Och, au Kirghizstan. Leurs proches affirment à présent que l'arrestation d'Akram Azimov était illégale et qu'il s'agissait d'une mise en scène, d'autant plus que la mère des deux détenus, Vazira Azimova, a confié à des journalistes kirghizes que le 14 avril, Akram subissait une opération à Och, les agents des services secrets kirghizes l’ayant malgré cela arrêté. Suite à cela, elle n'aurait reçu aucune nouvelle pendant quelques temps, avant d'apprendre que son fils avait été appréhendé à Moscou le 19 avril.

Interpellation d'Akram Azimov. Crédit : FSB de Russie/TASSInterpellation d'Akram Azimov. Crédit : FSB de Russie/TASS

Le Comité d'État à la sécurité du Kirghizstan (GKNB) n'a pas souhaité commenter la déclaration d'Azimova selon laquelle son fils aurait été emmené en Russie. « Nous n'enquêtons pas sur cette affaire. Le FSB russe est en charge de ce dossier et les suspects à propos desquels vous nous interrogez, sont également des citoyens russes  », ont indiqué les représentants du GKNB au journal Gazeta.ru.

La piste turque ?

Parallèlement, une autre source provenant du GKNB a fait savoir à Interfax que l'une des versions sur lesquelles travaillent en ce moment les services secrets russes et kirghizes est l'hypothèse selon laquelle les frères Azimov et Akbarjon Djalilov pourraient avoir été recrutés par des extrémistes islamistes de Turquie, « pays dans lequel ils s'étaient rendus plusieurs fois ».

Ce n'est pas la première mention de la Turquie dans l'enquête sur l'attentat de Saint-Pétersbourg. Le journal en ligne pétersbourgeois Fontanka a en effet dévoilé qu'en 2016, Abror Azimov s'était rendu à deux reprises dans ce pays, en mars et en octobre, précisant que lors de son dernier retour vers la Russie, il avait suivi un itinéraire complexe, passant par Séoul et Vladivostok. Les médias turcs ont par ailleurs fait savoir que Djalilov, le kamikaze, avait également séjourné dans leur pays pendant plus d'un an (de novembre 2015 à décembre 2016) et avait été expulsé en raison d’un dépassement de la durée de validité de son titre de séjour. Cette information a par ailleurs été confirmée par la rédaction du quotidien russe RBC citant des sources proches du gouvernement turc.

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