Forteresse présidentielle: comment est protégé le Kremlin de Moscou

Alexander Vilf/RIA Novosti
Le lieu de travail du président est surveillé de près par les services spéciaux et par un régiment dédié de l’armée : il est impossible d’y pénétrer pour le commun des mortels.

Vue sur le Kremlin de Moscou.  Crédit : Alexander Vilf/RIA NovostiVue sur le Kremlin de Moscou. Crédit : Alexander Vilf/RIA Novosti

Une banderole proclamant « Notre idée nationale c’est le féminisme  » pend sur la Tour de l’Arsenal, au coin du Kremlin de Moscou, déployée par deux jeunes femmes brandissant des fumigènes. La photographie a été diffusée le 8 mars sur les réseaux sociaux pour la Journée internationale des droits des femmes, devenant le symbole des actions féministes protestant contre un système jugé patriarcal. Jusqu’à présent, personne n’avait jamais réussi à réaliser un tel exploit.

Le lendemain, il s’est avéré que les féministes n’y sont pas parvenues : la photo s’est avérée être un montage. Comme l’ont avoué plus tard les féministes ayant protesté au Kremlin et dans le jardin Alexandre, leurs collègues avaient ajouté ces fausses images dans les archives communes. Or, elles ont été prises pour de vraies images. Cette histoire a non seulement porté atteinte à l’action elle-même, mais également prouvé une nouvelle fois qu’il était impossible de pénétrer sur le mur du Kremlin.

Caméras, senseurs et grillages

L’une des premières photographies de la tour du Kremlin ornée de la banderole a éveillé les soupçons du célèbre blogueur et photographe russe Ilia Varlamov. « J’ai du mal à croire que quelqu’un ait pu faire ça vu le niveau de sécurité du Kremlin », écrivait-il, rappelant sa propre expérience de promenade à l’intérieur de la forteresse (il y avait été admis en 2011).

« C’est bardé de senseurs et de caméras », fait remarquer Varlamov. Sur ses photographies, on voit en effet très bien que les murs du Kremlin sont parsemés de caméras pratiquement à chaque mètre. De plus, les accès aux murs sont barrés par des barrières et des grillages : se promener sur le mur, sans même parler d’escalader une tour, est purement et simplement impossible.

Les hommes du Président

Varlamov écrit également qu’« à chaque pas [sur les murs du Kremlin] on trouve des agents du Service fédéral de protection (FSO), qui neutralisent tout de suite les contrevenants ». Le FSO est un service fédéral dédié à la protection des dirigeants du pays, et le Kremlin, lieu de travail du président, se trouve sous sa juridiction.

Le FSO comprend également la garnison du Kremlin, connue sous le nom de Régiment du Kremlin, ou Régiment présidentiel. Comme l’un de ses membres l’a raconté au journal The Village sous couvert d’anonymat, celui-ci comprend environ 500 hommes. Il se compose de cinq bataillons, dont deux sont directement affectés à la surveillance de la forteresse. C’est aussi de lui que dépendent les formations de la garde d’honneur, qui est postée aux endroits symboliquement les plus importants, comme la Flamme éternelle et le Mausolée, et participe aux parades.

Selon la source de The Village, si le Kremlin est attaqué ou que ses occupants sont en danger, le FSO peut appeler des renforts : un détachement de réserve (force d’élite locale) et un détachement mécanisé avec chars et engins blindés basé dans la banlieue de Moscou.

Services spéciaux

La structure du FSO chargée de la protection du Kremlin n’est pas limitée au Régiment présidentiel. On y trouve aussi des agents assurant la sécurité des plus hautes figures de l’Etat ainsi que des visiteurs étrangers durant leur visite du Kremlin. Ces hommes subissent un entraînement spécial. D’après le filmLe travail des services de sécurité, ils s’entraînent régulièrement au combat rapproché et au tir, y compris dans le cas où la cible présumée se trouve au milieu d’une foule et est difficile à atteindre. De plus, les services spéciaux étudient attentivement tous les cas d’attentats contre des dirigeants mondiaux, analysent le comportement de leurs collègues étrangers et stimulent des situations similaires.

Un tireur d'élite pendant le défilé militaire à l'occasion du 70e anniversaire de la Victoire. Maksim Blinov/RIA NovostiUn tireur d'élite pendant le défilé militaire à l'occasion du 70e anniversaire de la Victoire. Maksim Blinov/RIA Novosti

Avant les rencontres officielles au Kremlin, les agents du FSO sont particulièrement attentifs à la sécurité de la résidence présidentielle. Quelques jours à l’avance, le nombre de visites du musée du Kremlin est réduite, des agents secondés par des chiens fouillent plusieurs fois les salles du Grand palais du Kremlin, construit en 1849 et où se déroulent en général les rencontres, à la recherche d’explosifs. Le FSO organise parfois des exercices complets dans le Kremlin : le 17 novembre 2016, en coopération avec la Police et la Garde nationale, le FSO a simulé pendant plusieurs heures l’intrusion d’agents étrangers dans le Kremlin, ce qui a occasionné sa fermeture au public.

Zone interdite

Les interdictions touchant le Kremlin ne se limitent pas à ses tours et à ses murs. Tous les vols au-dessus du Kremlin sont strictement interdits, y compris ceux de drones quadricoptères, ce qui provoque parfois des arrestations parmi les touristes. Ainsi, en 2015, le FSO avait arrêté le réalisateur allemand Holger Fritzsche, qui avait essayé de filmer le Kremlin depuis un drone, et l’avait condamné à une amende.

Nombreux estiment que ce sont précisément les systèmes de lutte anti-drones qui provoquent une anomalie faisant disparaitre les signaux GPS et GLONASS autour du Kremlin, et indiquant à leurs propriétaires qu’ils ne se trouvent pas au pied des murs de la résidence présidentielle, mais dans l’un des aéroports de Moscou. Cependant, les représentants du FSO nient officiellement brouiller les signaux.

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