Crash du Tu-154: trois pistes sont privilégiées

Les gens suivent l'opération de recherche et de sauvetage.

Les gens suivent l'opération de recherche et de sauvetage.

Nina Zotina/RIA Novosti
​Un Tupolev Tu-154 en route pour la Syrie s’est écrasé dimanche en mer Noire, sans signes de survivants parmi les 92 personnes se trouvant à son bord. L’enquête n’écarte aucune piste et se penche sur trois hypothèses : une erreur de pilotage, une défaillance technique de l’avion et un attentat.

Un avion du ministère russe de la Défense s’est crashé dimanche matin à 1,5 kilomètre du littoral de Sotchi (à quelque 1 600 kilomètres au sud de Moscou) alors qu’il se rendait en Syrie.

Les informations sur les passagers divergent, mais on sait d’ores et déjà qu’il y avait parmi les 92 disparus 68 artistes des chœurs de l'Armée Rouge (Ensemble Alexandrov), 9 journalistes, 8 membres d’équipage et Elizaveta Glinka, célèbre médecin et philanthrope.

À l’heure actuelle les secouristes ont retrouvé dix corps.

Vidéo de l'opération de sauvetage :

Le président Vladimir Poutine a chargé le premier ministre Dmitri Medvedev de former une commission d’État et de superviser en personne l’enquête.

Selon les médias russes, l’avion s’est écrasé alors qu’il prenait de l’altitude, mais l’équipage n’a transmis aucun signal de détresse.

Les experts du ministère des Situations d’urgence et du Comité d’enquête sont arrivés sur les lieux. Les spécialistes retirent la documentation et interrogent les responsables du vol et le personnel technique de l’aéroport.

Les spécialistes se concentrent actuellement sur trois pistes.

1. Défaillance technique

Selon le directeur général de l’association d’aviation civile Aéroport, Viktor Gorbatchev, l’avion aurait pu manquer de puissance au décollage.

«  Quelque chose est arrivé aux moteurs. Nous ne savons rien de précis et il est difficile de dire si l’accident a été provoqué par le carburant ou une panne de moteur… Le moment le plus difficile c’est quand même le décollage. L’avion a pu manquer de puissance et de vitesse et il est parti en vrille », a-t-il supposé.

L’appareil a été fabriqué en 1984. Il a subi des réparations en 2014 et a passé une visite de maintenance en septembre dernier. L’âge de l’engin ne constitue aucun problème, a souligné Viktor Gorbatchev.

« Dans le monde entier, les avions volent pendant 30, 50, 60 ans, voire plus. Cela n’a rien à voir avec l’accident. L’appareil a passé toutes les visites nécessaires », a-t-il ajouté.

Toutefois, certains analystes ne partagent pas ce point de vue. Viktor Litovkine, colonel à la retraite et expert militaire de l’agence TASS, indique que le parc d’avions civils de l’armée russe traverse une période difficile, à la différence de l’aviation militaire.

«  Les avions du ministère de la Défense, ce sont principalement des Tupolev-154 construits à l’époque soviétique et, en raison de l’effondrement de l’aéronautique à partir des années 1990, l’industrie ne fabrique pas d’appareils pour le transport de militaire », a-t-il fait remarquer.

Le ministère de la Défense n’achète pas d’engins étrangers et les militaires n’ont rien pour remplacer le Tu-154.

« À l’issue de l’enquête et des vérifications, les militaires continueront à voler à bord de ces avions », a-t-il noté.

2. Erreur de pilotage

Le ministère de la Défense a annoncé que l’avion avait aux commandes le pilote de première classe Roman Volkov qui totalisait plus de 3 000 heures de vol.

« L’équipage était des plus expérimentés. Ses membres ont réalisé plusieurs fois à bord du même avion des vols jusqu’à Hmeimim (Syrie) à la tête d’un groupe d’appareils militaires comme Soukhoï Su-30, Su-35 et Su-24 », a annoncé une source du journal Izvestia au sein des structures de force.

Toutefois, les analystes ont d’ores et déjà déclaré que l’enquête considérait l’erreur de pilotage comme l’une des principales causes de l’accident.

« Aucune piste n’est écartée, à commencer par un carburant de mauvaise qualité et jusqu’à un attentat. Même celle d’une erreur du pilote qui a fait monter trop brusquement l’avion en amorçant un virage, ce qui a précipité l’appareil dans une vrille », a poursuivi Viktor Litovkine.

 3. Attentat

Pour certains experts, l’accident renvoie à la tragédie du 30 octobre 2015, quand un Airbus A320 russe a explosé pendant le vol entre Charm el-Cheikh et Saint-Pétersbourg. Les terroristes avaient alors déposé une bombe dans la soute à bagages de l’avion : 22 minutes après le décollage, l’appareil s’est désintégré à une altitude de plusieurs milliers de mètres.

Opération de sauvetage. Crédit : EPAOpération de sauvetage. Crédit : EPA

Cette fois-ci le drame s’est joué 7 minutes après le décollage.

« Les conditions météorologiques étaient bonnes, en cas de problèmes de l’avion ou de l’un de ses moteurs, il aurait fait demi-tour et même sans parvenir à l’aéroport il aurait pu se poser sur le littoral. Mais on constate une brusque chute, ce qui arrive en cas d’accident, quand quelque chose explose ou se détache. En règle générale, ces avions ne peuvent perdre que leur queue », a dit pour sa part à la radio Kommersant FM le commandant des Forces aérienne Andreï Krasnopiorov, pilote moniteur.

Dans toute autre situation, le pilote aurait pu tranquillement informer le contrôleur d’une défaillance et actionner le signal de détresse. Ce qui n’est pas le cas, a-t-il constaté.

« Tous ces faits témoignent d’une situation anormale à la septième minute de vol. Je ne peux pas accuser l’équipage, mais le matériel ne peut pas non plus se détériorer aussi brusquement. […] Il y a même un blessé par les fragments, ce qui prouve que ces derniers retombaient sur terre de manière désordonnée. Par conséquent, l’appareil a explosé en plein vol », a-t-il affirmé.

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