Ces étudiants français qui ont choisi la Russie

Cours de russe à l'université de l'Amitié des Peuples

Cours de russe à l'université de l'Amitié des Peuples

Grigori Syssoev/RIA Novosti
L’intérêt pour les études en Russie est en hausse, et aux traditionnels ressortissants des pays voisins, s’ajoutent progressivement les Européens, dont les Français. RBTH a cherché à connaître leurs motifs.

Près de 183 000 étrangers ont suivi leurs études dans des établissements d’enseignement supérieur russes au cours de l’année universitaire 2014/2015, soit une hausse de 17,2% par rapport à l’année précédente, selon les statistiques du ministère russe de l’Enseignement. La part des jeunes d’Europe occidentale venus étudier en Russie reste encore minime (3,1%), mais leur nombre augmente progressivement. Encore peu visibles, les ressortissants de l’Hexagone ne font pas exception.

« Le russe est devenu ma passion »

Titulaire d’une maîtrise de droit à la Sorbonne, Nicolas suit depuis trois mois des cours de russe à l’Institut Pouchkine. Pour ce Parisien de 27 ans, c’est son quatrième stage linguistique à Moscou depuis 2012, mais cette fois-ci, il y est pour un cursus d’un an qui lui permettra d’intégrer un master de management international dans une université du pays.

C’est l’amour pour les langues et un peu de hasard qui ont initialement conduit Nicolas en Russie. Il y quatre ans, il s’est retrouvé dans un groupe d’amis apprenant le russe à l’Inalco. L’été, ces derniers décident faire un stage linguistique d’un mois à Moscou. Curieux d’apprendre une nouvelle langue, Nicolas les suit.

« J’ai été très agréablement surpris. A l’Institut Pouchkine, on n’apprenait pas seulement à parler le russe, mais aussi à vivre à la russe. Je ne connaissais rien sur la Russie d’aujourd’hui, mais en un mois j’ai commencé à comprendre des choses, j’ai tout de suite accroché avec le russe, mais aussi avec la ville, le pays et les Russes. Je me suis senti presque chez moi. Les gens ici sont très ouverts, je ne sais pas si c’est pareil pour tous les étrangers, mais les Russes ont une très belle image de la France », raconte-t-il aujourd’hui.

L’apprentissage ne se terminait pas à la sonnerie marquant la fin de cours : investis dans leur travail, les jeunes enseignants – eux-mêmes étudiants de 3e cycle à l’Institut Pouchkine – faisaient découvrir la ville aux étrangers, et les accompagnaient à des excursions dans les villes de l’Anneau d’or.

« Ca m’a tellement plu, que je suis revenu à l’institut un mois plus tard, puis l’année suivante », s’en souvient le Parisien.

De retour en France, Nicolas ne renonce pas à l’apprentissage de cette nouvelle langue. Qui plus est, avec le temps, elle devient sa passion aussi bien que la Russie. « Je me suis mis à fond là-dedans parce que ceci m’a passionné. Je n’ai pas été déçu une seule fois après être venu à Moscou et. Je ne dis pas que tout est en rose et parfait, mais même ce qui est imparfait apporte son charme à Moscou », explique-t-il.

Mais Moscou n’est pas toute la Russie et Nicolas en est conscient. C’est peut-être une des raisons pour lesquelles il voudrait faire son master dans une autre ville que la capitale.

« J’ai envie de voir autre chose de la Russie, j’aimerais visiter la Sibérie, je me suis intéressé à l’Université de Vladivostok, avec le campus sur l’île Rousski. Les Russes me conseillent par ailleurs les universités de Tomsk, Novossibirsk ou Krasnoïarsk. En ce qui concerne cette dernière,  le campus y est très jeune et elle est administrée en partie par les étudiants, ce qui me paraît très intéressant », poursuit Nicolas.

Mais pourquoi étudier en Russie ? Outre sa passion pour la langue et le rêve de travailler à l’international, Nicolas avoue être impressionné par la façon dont on accompagne les étudiants pendant et après les études en Russie.

« Le sentiment que j’ai à travers ce que me racontent les Russes, c’est qu’ici les études sont une véritable intégration dans la vie professionnelle. Le fait que l’université de Krasnoïarsk soitadministrée en partie par les étudiants et que l’Institut Pouchkine emploie ses propres étudiants, c’est déjà marquant », conclut-il.

Programme moins théorique

« Le programme est très professionnalisant », renchérit un autre Français, Vincent Kersuzan, 25 ans, qui entamera bientôt sa deuxième année de master Commerce international à l’École des hautes études en sciences économiques (EHESE), une des plus prestigieuses du pays.

Après avoir étudié le droit à la Sorbonne, Vincent est entré à Sciences Po Lille où il a obtenu son master, et pu effectuer une année Erasmus à Nottingham. Après une première expérience dans le secteur public en France, ce jeune Parisien décide de reprendre ses études et de s’orienter vers le privé. Son choix tombe sur la Russie.

« Lors de mon année d’échange universitaire à Nottingham, j’ai fait mon mémoire sur la question énergétique – jeu de pouvoir entre l’Union européenne et la Russie dans les pays tiers, notamment en Azerbaïdjan. J’ai progressivement acquis un intérêt pour les questions qui touchaient à la Russie et son économie », se souvient-il.
Venu en Russie assister à la remise de diplôme d’un ami, il décide au bout de deux jours de changer de cap et se rend pendant l’été 2015 à Moscou pour étudier.

« Nous sommes 70 étudiants répartis en deux classes. Je suis avec une dizaine d’autres étudiants étrangers venus d’Espagne, de Turquie, d’Italie et des Pays-Bas. Le programme est entièrement en anglais », explique Vincent.

Les cours, il les trouve beaucoup moins théoriques que ce à quoi il était habitué : « Moins de cours magistraux et plus de participation par rapport à la France. Ici, nous sommes plus dans l’application, dans les cas d’affaires. On étudie les techniques marketing de différentes entreprises, on rencontre des décideurs. C'est beaucoup plus pratique que théorique ».

Ce qui lui manque en revanche, c’est une vie associative qui aurait permis d’élaborer des réseaux et des compétences pour les étudiants.

Interrogé sur les raisons pour lesquelles son choix est tombé sur l’EHESE, Vincent note que l’un des principaux critères était la réputation de l’établissement. Fondée en 1992, l’université s’est vite affirmée comme l’une des meilleures du pays. « Le diplôme est reconnu à l’étranger et l’EHESE a des accords avec de très bonnes universités », confirme-t-il.

Ses projets immédiats ? Améliorer son russe pour, une fois son diplôme en poche, trouver un travail en Russie dans une entreprise russe tournée vers les échanges avec l’Europe, ou le contraire. 

 

 

Silvère Milion

« Après des études financières à Strasbourg, je suis parti effectuer une année d’échange à l’Institut d’Etat des relations internationales de Moscou (MGIMO). Cette université diplomatique et le cadre de vie moscovite m’ont séduit et j’ai décidé d’y poursuivre des études à l’issue de mon année d’échange. Certains des profs que j’ai eus étaient des personnalités brillantes connues dans tout le pays ! En juin 2014, j’ai obtenu un master spécialisé dans l’économie et la géopolitique de l’espace post-soviétique. Tout au long de mes études, j’avais collaboré à mi-temps aux travaux de l’Observatoire franco-russe, le centre d’analyse de la CCI France Russie. Diplôme en main, j’ai été embauché à plein temps au sein de ce think tank de référence. Plus récemment, j’ai été recruté par ENGIE (ex-GDF SUEZ) en Russie au poste de responsable de la section « Analyse et Prospection d’affaires ». L’entraide au sein de l’immense réseau des anciens continue de m’être appréciable. Et jusque dans les coins les plus reculés de Russie, lorsque l’on me demande où j’ai appris le russe et que je réponds MGIMO, j’observe qu’il s’agit d’une formule magique ! ».

 

 

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