L’ourson Sénia.
service de presse de VélèsL’ourson Sénia habite un local spacieux où la température est constamment maintenue à 24 degrés. Il est douillettement enveloppé dans une couverture et tendrement bercé par une volontaire. « La femme est venue voir Sénia depuis Moscou et ne peut plus le quitter. Son mari l’attend car il est temps de partir, mais elle ne veut pas s’en aller », raconte le directeur du centre Vélès, Alexandre Fiodorov.
Vélès est un centre de soins pour animaux sauvages devenus victimes de l’homme ainsi que pour les animaux handicapés. Les zoos, eux, manquent de place et ne veulent pas de ces animaux sans « pedigree ». Et de fait, Vélès accueille les animaux venus de tous les coins de notre grand pays.
Sénia a été trouvé grâce aux réseaux sociaux : l’ourson souffrant de malnutrition a été repéré dans un centre d’animaux en captivité pour l’entraînement des chiens de chasse dans la région d’Arkhangelsk (nord-ouest). Les volontaires ont réussi à le racheter pour 50 000 roubles (un peu moins de 700 euros). Sénia a été récupéré malade et mutilé dans une cage tachée de sang. L’ourson devrait sans doute s’appeler Tyrion Lannister, le Lutin de la saga Le Trône de fer, car il ne pourra jamais grandir et devra toujours vivre avec les hommes.
« Le tissu musculaire ne se forme plus chez lui et il faut lui prodiguer des soins particuliers, explique un spécialiste du centre. Les médecins qui lui ont fait un bilan de santé ont conseillé de le faire piquer au plus vite. L’ourson est âgé aujourd’hui de plus de trois ans, mais il est plus petit que Khvostik et Nossik qui n’ont qu’un an et demi. C’est un nain. Avant il courait un peu, mais maintenant il ne marche presque plus ».
Sénia. Crédit : service de presse de Vélès
Sénia profite de conditions particulières : maintien d’une température constante, alimentation spéciale et allocation de 10 000 roubles (presque 140 euros) par mois à son entretien.
La vie des animaux dans le centre
Sénia et plusieurs autres « résidents » de Vélès ne reviendront plus dans la nature. Toutefois, le centre abrite une cinquantaine d’autres animaux qui doivent être soignés et relâchés. « Vélès n’est pas un zoo », souligne Alexandre Fiodorov.
L’entretien des animaux coûte cher, surtout en temps de crise, mais il est impossible de lâcher dans la rue un crocodile du Nil retrouvé dans un bac à ordures. Ni des rennes, car ils ne peuvent pas vivre dans la région. Les spécialistes de Vélès pensent que quelqu’un emmenait les cervidés pour en faire des brochettes lors d’un festin dans la forêt, mais qu’il en a eu pitié ou qu’il a changé de programme et les a abandonnés. Les rennes erraient le long de la route jusqu’à ce qu’ils soient transportés au centre.
QuiaideVélès
En tant qu’organisation non étatique, Vélès ne bénéficie pas de financement budgétaire. Le directeur indique qu’il existe surtout grâce aux affaires déployées à Saint-Pétersbourg par ses fondateurs.
Les volontaires assurent 15% des besoins du centre. On a mis à leur disposition des locaux d’habitation qui restent actuellement vides, les rangs de ces volontaires étant clairsemés par la crise. Toujours selon Alexandre Fiodorov, certains n’osent pas venir les mains vides, mais Vélès a un grand besoin de réaliser des travaux manuels. Dix personnes y travaillent toujours d’arrache-pied.« J’ai appris l’existence de Vélès en 2015 par le biais de réseaux sociaux, raconte Véronika Antonova. Le centre avait alors besoin de pommes, car ce fruit entre dans le menu de presque tous les animaux. J’ai chargé ma voiture de pommes et je suis venue à Vélès. J’y ai transporté plus de 3 tonnes à l’automne dernier ». Véronika se rend au centre de deux à quatre fois par semaine, en cumulant cette activité avec son emploi et sa famille.
A la recherche de sources supplémentaires de financement, Vélès a organisé cette année plusieurs enchères en ligne pour vendre des dessins, des tableaux et des objets bricolés consacrés aux animaux les plus célèbres du centre.
Oursstars
En effet, certains résidents de Vélès deviennent des stars. Au printemps 2014, les ours à collier Micha et Macha sont arrivés au centre depuis l’Extrême-Orient russe. L’histoire a bouleversé le pays : un garde-chasse de la région faisait grandir onze ours à collier. Après sa mort, sa femme n’arrivait plus à entretenir les animaux : une partie a été relâchée dans la nature, plusieurs ont été simplement abattus. Mais durant les années passées auprès du garde-chasse, les ours se sont tellement habitués à l’homme qu’ils ne pouvaient pas vivre dans la nature.
Vélès a accepté d’adopter les deux ours, un mâle et une femelle. L’argent nécessaire au transport des animaux a été collecté par le pays tout entier : 250 000 roubles (environ 5 000 euros au cours de 2014). Ainsi, Micha et Macha ont pu faire les 10 000 kilomètres qui les séparaient de leur nouvelle maison. Ils ne pourront jamais revenir dans la nature, étant trop habitués à l’homme.
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