Affaire Litvinenko : Moscou réfute les conclusions de la justice britannique

Alexander Litvinenko

Alexander Litvinenko

AP
Pour le ministère russe des Affaires étrangères et les dirigeants russes, le rapport du tribunal britannique sur l’affaire du décès de l’ancien officier du FSB Alexandre Litvinenko (https://www.litvinenkoinquiry.org/report) n’est pas objectif. Ils estiment, par ailleurs, qu’au cours du procès, Londres n’a pas respecté la présomption d’innocence. La Russie n’a pas l’intention d’extrader les personnes accusées de ce meurtre par la Grande-Bretagne.

Moscou conteste les conclusions du tribunal britannique dans l’affaire du décès de l’ancien officier du FSB Alexandre Litvinenko, informe l’agence RIA Novosti, citant une « source bien informée » au sein du gouvernement.

« La partie russe a toutes les raisons de déclarer qu’elle n’acceptera aucun verdict », indique la source anonyme, qui précise que la réaction officielle de Moscou consiste à dire que les Britanniques n’ont pas respecté le principe de présomption d’innocence lors du procès.

« D’après les fuites publiées par la presse, les conclusions du « procès public » s’appuient sur des preuves prima facie, c’est-à-dire crédibles et suffisantes, à première vue, pour l’ouverture d’un procès, et des preuves « suffisantes en absence de preuves du contraire », cite l’agence.

Le ministère russe des Affaires étrangères estime, par ailleurs, que le rapport est politisé et regrette qu’il ait assombri les relations entre la Russie et Londres. « Il nous faut, bien sûr, du temps pour étudier en détail le contenu de ce document, ensuite nous donnerons une appréciation détaillée », a précisé le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova.

Contenu du rapport

Le rapport de Robert Owen, juge de la Haute Cour de Londres, issu de l’enquête publique, a été présenté jeudi 21 octobre. Le rapport désigne l’homme d’affaires Dmitri Kovtoun et l’ancien collaborateur du FSB, désormais député de la Douma russe, Andreï Lougovoï comme auteurs de l’assassinat de l’ancien officier du FSB Litvinenko, décédé le 23 novembre 2006.

Le tribunal a stipulé qu’ils avaient versé une dose létale de pollonium-210, substance radioactive, dans le thé de Litvinenko lors d’une rencontre survenue le 1er novembre 2006 à l’hôtel londonien Millennium.

Le député Lougovoï a déjà qualifié les accusations qui lui sont portées d’« absurdes ». Il estime que les résultats de l’enquête proposés par le tribunal, ce « scandale de polonium », sont un moyen commode pour Londres d’atteindre des objectifs politiques et que la Grande-Bretagne ne souhaite pas établir la cause véritable du décès de Litvinenko.

« Les événements de 2014 en Ukraine, l’hystérie antirusse qui a suivi et la reprise de l’enquête sur l’affaire Litvinenko, survenue au même moment malgré les données classées précédemment, sont pour moi une tentative pathétique de Londres de se servir d’un « cadavre dans le placard » afin d’assouvir ses ambitions politiques », a déclaré Lougovoï dans un entretien avec l’agence Interfax.

Les sources au sein des forces de l’ordre ont informé l’agence que ce procès ne pouvait avoir aucune conséquence juridique pour Lougovoï et Kovtoun. La Constitution russe stipule que la Russie n’extrade pas ses citoyens.

Le rapport indique également que l’opération de liquidation de Litvinenko a « sans doute été approuvée par Vladimir Poutine et le patron du FSB [à l’époque, ndlr] Nikolaï Patrouchev ».

Le rapport ne précise pas dans quel objectif Litvinenko aurait été assassiné. Citant les pièces du dossier, le quotidien britannique The Guardian a écrit qu’au cours des derniers mois de sa vie, Litvinenko préparait pour les services secrets britanniques une série de rapports compromettant des responsables politiques de haut rang, proches du président russe.

Ils contiendraient, notamment, des accusations graves contre le patron du Service fédéral russe de surveillance du trafic de drogue Viktor Ivanov concernant ses liens présumés avec des groupes criminels. 

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies