Airbus russe : comment la bombe a pu arriver à bord ?

Le contrôle des bagages à l'aéroport de Charm el-Cheikh (Égypte), le 9 novembre 2015.

Le contrôle des bagages à l'aéroport de Charm el-Cheikh (Égypte), le 9 novembre 2015.

AP
Le directeur du FSB (Service fédéral de sécurité de Russie) a annoncé mardi que l’Airbus A321 russe qui s’est disloqué en vol au-dessus du Sinaï avait été victime d’un attentat. RBTH a demandé aux experts comment la bombe a pu se retrouver à bord et pourquoi personne de l’a remarquée.

Le mardi 17 novembre, le FSB (renseignement russe) a déclaré que le crash de l’Airbus russe de la compagnie Kogalymavia avait été provoqué par un attentat à bord : l’explosion d’un engin explosif artisanal d’une puissance de 1,5 kilo en équivalent TNT. Le Service promet une récompense de 50 millions de dollars pour toute information qui aiderait à capturer les terroristes. Moins d’une heure plus tard, l’agence Reuters a affirmé, en se référant à ses propres sources, que deux membres du personnel de l’aéroport de Charm el-Cheikh avaient été arrêtés. L’information a été démentie par la suite.

Selon toute probabilité, il n’y a eu aucune négligence dans le contrôle des bagages à l’aéroport. Les experts de l’aviation sont unanimes à estimer que le plus facile était de confier la bombe aux personnels au sol desservant l’avion.

Le bagagiste

L’engin explosif pouvait arriver à bord de trois façons. Dans le premier cas, il s’agit d’un attentat suicide. Toutefois, c’est l’hypothèse la moins vraisemblable, a indiqué Vadim Loukachevitch, expert indépendant du cluster spatial de la fondation Skolkovo. « Un kamikaze peut pénétrer à bord en portant les explosifs sur son corps ou sous forme de différents ingrédients qu’il devra mélanger au cours du vol. Mais ce qui est plus probable, c’est que la bombe se trouvait dans les bagages ou dans la soute à bagages, quelque part dans les pièces de l’appareil », a-t-il précisé dans une interview à RBTH.

Leonid Kochelev, membre de la direction de l’Association russe des pilotes et des propriétaires d’avions, estime lui aussi que la bombe a pu être déposée dans les bagages, comme pour le Boeing 747 qui a explosé en 1988 au-dessus de Lockerbie, en Ecosse. Mais si tel est le cas, c’est qu’elle s’est retrouvée dans l’avion après le contrôle à l’aéroport, qu’elle a été posée par un membre du personnel, par exemple, un bagagiste, a-t-il expliqué. Après l’enregistrement, les bagages sont récupérés par les bagagistes qui les empilent dans des chariots pour les acheminer jusqu’à l’avion et les charger à la main dans la soute. Les bagages ne sont pas contrôlés une nouvelle fois après ces opérations. « La soute d’un avion est divisée en deux : devant la partie centrale de la voilure et derrière. Etant donné que l’Airbus a perdu sa queue, c’est que la bombe était sans doute derrière », a supposé Vadim Loukachevitch.

Quelqu’un de « la maison »

Si le terroriste fait partie du personnel de l’aéroport, il peut poser l’engin explosif non seulement dans la soute à bagages, mais aussi dans bon nombre d’autres endroits. « Il existe des sas techniques pour les spécialistes connaissant la structure de l’avion. En desservant l’appareil, il est possible de glisser n’importe quoi dans ces ouvertures », a déclaré à RBTH Magomed Tolboyev, pilote d’essai et président d’honneur du Salon aérospatial de Moscou Maks. Il suffit de 200 grammes d’explosifs en capsules pour générer une puissante explosion. Celui qui vérifie les ouvertures et qui les ferme peut le faire facilement. Avant, il y avait un ingénieur de bord dans l’avion, mais aujourd’hui ce poste n’existe plus. « C’est un vol charter. Il arrive et il s’en va. Qui assure son service ? Qui le vérifie ? Nous ne le savons pas », a dit M. Tolboyev.

Au sol, la bombe peut être posée dans la case du train d’atterrissage. Pendant que l’avion stationne, le caisson reste ouvert. « Il est possible d’aimanter la capsule de l’explosif et de la fixer, par exemple, sur la jambe du train », a expliqué Vadim Loukachevitch. En outre, des gens de « la maison » sont admis à bord pour nettoyer la cabine et vider les toilettes. Si l’équipage a embarqué des repas à bord, la bombe peut également se retrouver dans les conteneurs, comme dans le film S.O.S. Concorde. Un tel cas de figure est possible, a affirmé l’expert.

Ces employés sont-ils contrôlés ? Ils doivent l’être parce que cela fait partie de la sécurité des vols, tout comme l’inspection des passagers à l’entrée. Le personnel des aéroports est contrôlé de différentes façons : par exemple, les services appropriés lancent un objet par-dessus la barrière de l’aéroport et observent s’il a été repéré, a raconté Leonid Kochelev. Toutefois, en Egypte, le contrôle n’était peut-être pas vraiment scrupuleux, tout simplement parce que l’employé travaille depuis longtemps et il est de « la maison ».

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