Le premier ministre égyptien Chérif Ismaïl (à droite) examine les débris de l'avion russe sur les lieux de la catastriphe près de la ville d'El-Arich au nord de l'Égypte, le 31 octobre 2015.
ReutersUne nouvelle hypothèse sur le crash de l’Airbus A321 russe, survenu le 31 octobre dernier dans le Sinaï, a été avancée le 4 novembre par le site égyptien Al-Masri Al-Youm. Se référant à « des sources au sein de la commission d’enquête », il a annoncé que le décryptage des boîtesnoires pointait vers une explosion dans l’un des moteurs. Aucun appel d’urgence de la part de l’équipage ne figure sur les enregistreurs de vol, mais, d’après les données des Egyptiens, tout porte à croire que l’appareil « a été victime d’une puissante explosion, d’une panne simultanée de tous les moteurs et d’un incendie dans la cabine, qu’il s’est disloqué en plein vol et a chuté ».
L’équipe d’enquête et la commission technique qui travaillent sur les lieux du drame – et qui comprennent des experts d’Egypte et de Russie, de France et d’Allemagne en tant que pays fabricants de l’avion, ainsi que de l’Irlande où l’appareil était enregistré – n’ont écarté aucune des hypothèses avancées initialement. Elles estiment toujours probables un attentat à la bombe, une erreur fatale de pilotage et une défaillance technique ayant provoqué la désagrégation de l’avion en vol. La version selon laquelle l’appareil s’est disloqué en plein vol est appuyée par le fait que les fragments sont éparpillés sur une grande surface, d’environ 8x4 kilomètres.
L’hypothèse d’un attentat est admise par le gouvernement britannique, qui ne participe pas directement à l’enquête. « Tant que l’enquête se poursuit, nous ne pouvons toujours pas dire catégoriquement pourquoi l’avion russe s’est écrasé. Mais à la lumière de nouvelles informations, nous avons des craintes que la chute de l’avion ait été provoquée par un engin explosif », indique le cabinet du chef du gouvernement britannique. Londres a déclaré suspendre les vols entre la station balnéaire de Charm el-Cheikh et le Royaume-Uni « afin que les spécialistes britanniques puissent évaluer leur sécurité ». D’après les experts britanniques, les autorités du pays « ne prennent jamais de telles mesures et ne font jamais de telles déclarations sans fondements ».
Les spécialistes russes proches de l’enquête affirment qu’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions et soulignent que la piste de l’explosion d’un moteur n’est pas très convaincante. Selon eux, le propulseur est conçu de telle façon que la quantité assez limitée de mélange air-carburant ne peut pas générer une forte explosion pouvant provoquer la dislocation de l’avion. Si les boites noires témoignent de problèmes au niveau du moteur, il s’agit vraisemblablement de la destruction de ce dernier. Dans ce cas-là, les aubes qui s’en détachent sont propulsées à grande vitesse et, se déplaçant parallèlement à l’avion, découpent l’aile et la cabine à la manière d’une tronçonneuse. S’ensuit une décompression explosive qui provoque la dislocation en plein vol de l’appareil. Si tel est le cas, il devient possible d’expliquer le fait que « les boîtesnoires n’aient enregistré aucun appel des pilotes aux services au sol avant la chute » : en situation de décompression explosive, ils n’auraient tout simplement pas eu le temps de réagir.
A l’initiative de la Russie, la recherche de fragments de l’appareil se poursuit et la zone de l’opération a été élargie jusqu’à 28 kilomètres carrés. Pour préciser la cause de l’accident, les experts doivent non seulement décrypter les informations des enregistreurs de vol, mais aussi récupérer tous les fragments afin de les assembler dans un hangar et de les examiner attentivement.
A Saint-Pétersbourg, les familles des victimes se voient remettre les corps des passagers du vol. L’opération d’identification se poursuit pour la troisième journée consécutive : 39 dépouilles ont été identifiées jusqu’ici.
Texte original publié sur le site de Kommersant
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