Les chefs du Parti du progrès, Alexeï Navalny (à gauche), et du RPR-PARNAS, Mikhaïl Kassianov. Crédit : TASS
Les leaders des forces politiques libérales se sont réunis samedi dernier à l’hôtel Molodiojnaya de Moscou pour examiner leur participation aux élections de 2015-2016 avec les experts et évoquer l’annonce d’une coalition faite par les chefs du Parti du progrès, Alexeï Navalny, et du RPR-PARNAS, Mikhaïl Kassianov. Derrière les leaders des partis de tendance libérale était affichée une représentation de la Russie « version début 2014 », sans la Crimée, et avec une région de Kaliningrad difficilement discernable. « Nous ne reconnaissons pas l’annexion de la Crimée. Nous voyons ici les frontières de la Russie telles qu’elles sont reconnues par la communauté internationale », a répondu après réflexion à la question de RBC au sujet de la carte le coordinateur du parti Russie ouverte, Vladimir Kara-Mourza.
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L’alliance électorale est de facto une organisation sans union formelle de partis. Telle est la première phrase prononcée samedi à Moscou à l’inauguration de la table ronde « Elections 2015-2016. Ordre du jour pour l’opposition » par Mikhaïl Kassianov, devenu l’unique coprésident du RPR-PARNAS après le meurtre de Boris Nemtsov. Alexeï Navalny a précisé pour sa part que les forces politiques du front libéral parlaient des mêmes choses et se tenaient toujours sur la même tribune. Mikhaïl Kassianov et Alexeï Navalny se trouvaient dans le présidium entourés des leaders de Choix démocratique, Vladimir Milov, et d’Initiative civile, Andreï Netchaev, qui ont donné tous deux souhaité rejoindre la coalition. L’alliance comprendra également deux structures qui se sont vu refuser l’enregistrement : le Parti du 5 décembre et le Parti libertarien. Selon Alexeï Navalny, l’alliance attend toujours Yabloko, mais le leader de ce dernier, Sergueï Mitrokhine, a fait jusqu’ici la sourde oreille aux invitations à rejoindre l’alliance.
Russie ouverte de Mikhaïl Khodorkovski a d’ores et déjà déclaré soutenir la coalition.
Candidats et appartenance au parti
C’est sur les listes du RPR-PARNAS que se présenteront les candidats du nouveau bloc aux élections, s’agissant de la seule force ayant le droit de participer au scrutin. En outre, le parti bénéficie de facilités d’accès aux élections législatives de 2016 grâce au mandat de Boris Nemtsov dans la région de Iaroslavl. Toutefois, la coalition risque de se retrouver privée de cet atout. Aux termes de la législation, il est indispensable de disposer d’une représentation au sein d’une assemblée régionale pour pouvoir se présenter aux élections législatives. Cependant, l’Institut d’études sociales, économiques et politiques (proche du Kremlin) a d’ores et déjà recommandé de durcir cette exigence, en augmentant le nombre de représentations régionales jusqu’à deux ou trois.
Selon la législation électorale russe, le RPR-PARNAS devra avancer autant de candidats qu’en proposeront conjointement les cinq autres partis de l’alliance, sans quoi leurs listes ne seront pas enregistrées. A la question de savoir si le RPR-PARNAS avait suffisamment de candidats dans les régions, Alexeï Navalny a répondu que certains candidats devraient éventuellement adhérer au parti.
Les votants qui se rendront aux urnes pendant la journée électorale unique prévue en 2015 auront à élire onze assemblées régionales. Les opposants prévoient de participer à au moins la moitié des scrutins, notamment dans les régions de Novossibirsk, Kalouga, Kostroma et Voronej, ainsi qu’à Saint-Pétersbourg.
Le politologue Alexandre Kynev estime que l’union des efforts des partis libéraux les aidera à résoudre leurs problèmes financiers, organisationnels et en termes de cadres. Dans ce contexte, il met en garde les membres de la coalition contre la fusion des partis, qui risquerait d’entraîner des conflits personnels. Il est certain que cette alliance peut intéresser les électeurs des régions si elle n’oppose pas l’idéologie libérale à l’ordre du jour social et économique réel, et se concentre sur les problèmes de ces régions concrètes. Les régions ressentent aujourd’hui un besoin vital d’une force politique alternative, mais le résultat des élections dépendra de la position du pouvoir. « Des amendements répressifs ont été adoptés l’année dernière à la législation électorale, les règles d’enregistrement des candidats et des listes ont été durcies. Désormais, la participation de partis d’opposition aux élections dépend de l’approbation implicite du pouvoir », rappelle Alexandre Kynev.
Texte original (en russe) publié sur le site de RBC Daily
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