Attentats : pourquoi Bruxelles, et pourquoi maintenant ?

L'aéroport de Bruxelles après la double explosion du 22 mars.

L'aéroport de Bruxelles après la double explosion du 22 mars.

EPA
Le chroniqueur de Kommersant Maxim Youssine sur les explosions dans l’aéroport et le métro de la capitale belge

En planifiant des explosions dans l’aéroport et le métro de Bruxelles, le mouvement terroriste islamiste envoie plusieurs signaux à la communauté internationale.

Premier signal : vous n’êtes pas capables de nous vaincre et de nous décapiter. En fin de semaine dernière, les forces spéciales belges ont mené une opération couronnée de succès pour arrêter Salah Abdeslam, organisateur des attentats de Paris de l’année dernière, devenu en Europe le symbole de cette nouvelle vague de terreur. Il semblait que le réseau djihadiste clandestin était neutralisé pour quelque temps, qu’il ne se remettrait pas de sitôt d’un tel coup. Hélas, ce n’était qu’une impression. L’attentat a été organisé précisément à Bruxelles. Il signifie que la cellule liquidée n’était pas la seule. Il signifie que d’autres sont actives. Il signifie qu’il y aura de nouvelles attaques.

Deuxième signal. Les terroristes veulent montrer aux Européens que toutes les mesures de sécurité prises par leurs gouvernements sont inefficaces, que les « guerriers du djihad » sont les plus forts, qu’ils sont maîtres de l’initiative et qu’ils ont toujours au moins un coup d’avance sur les services spéciaux. Après l’arrestation de Salah Abdeslam dans la commune de Molenbeek à Bruxelles, il était clair que le pays avait adopté des mesures de sécurité renforcées. En vain. Cela signifie que rien ni personne ne servira à quoi que ce soit. « Nous pouvons vous tuer à tout moment, à l’aéroport, à la gare, au café, au théâtre, pendant un match de football. Vous êtes rentrés dans une guerre que vous ne pouvez pas remporter. Quoi qu’il arrive, nous gagnerons. Car vous avez peur de la mort, et nous non ». C’est ce que les terroristes veulent faire savoir aux Européens.
 
Troisième signal. Les succès remportés ces derniers mois en Syrie et en Irak par les forces internationales dans leur lutte contre l’Etat islamique (interdit en Russie) n’ont aucun effet sur l’idée du djihad mondial, ni sur le potentiel des groupuscules actifs en Europe. « Nous avons la force, les moyens, l’argent et la détermination de poursuivre notre lutte », semblent indiquer les terroristes.

Comment y réagiront l’Europe et le monde civilisé, y compris la Russie ? La seule réaction possible est de vivre comme nous avons toujours vécu, de ne pas se laisser abattre, de continuer à prendre l’avion, à aller au restaurant et à regarder des matchs de football. Car la seule alternative serait une capitulation inavouée face à des fanatiques médiévaux qui auront sans cesse de nouvelles exigences et ne s’arrêteront jamais.
Nous ne pouvons pas capituler et nous ne le ferons pas. Nous allons nous habituer à vivre dans un nouveau monde, un monde où le terrorisme est une réalité quotidienne. Pas seulement dans les zones de conflit, mais partout. Même dans des pays qui, comme la Belgique, semblaient faire partie d’une tranquille province européenne, et où par définition rien de grave ne peut se produire. Il n’y a plus de provinces tranquilles dans le monde.

Mais ce n’est ni une raison de paniquer, ni un motif pour arrêter de combattre un ennemi qui nous a déclaré la guerre à tous. L’ennemi est fort, sans pitié et sans principes. Mais il ne gagnera pas cette guerre.

Version intégrale disponible sur le site du journal Kommersant

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