Hong Kong : où va la « révolution des parapluies » ?

Dessin de Konstantin Maler

Dessin de Konstantin Maler

Les jeunes de Hong Kong manifestent contre la décision de Pékin de limiter la portée du suffrage universel dans cette région autonome. Ils estiment que le pouvoir central viole les traditions démocratiques de l’ancienne colonie britannique, rattachée à la Chine en 1997.

Toutefois, de nombreux experts russes et étrangers sont persuadés que l’objectif réel de la « révolution des parapluies » n’est pas de défendre les valeurs démocratiques.

La révolte a été soutenue par Washington. Le National Endowment for Democracy, financé par le Département d’État américain, et sa filiale hongkongaise, le National Democratic Institute, sont, en effet, impliqués dans ces manifestations. Depuis 1997, cet institut menait dans la région administrative spéciale des programmes visant à favoriser la tenue d’élections libres.

L’un des dirigeants autoproclamés du mouvement Occupy Central, Benny Tai, est associé à ces programmes. Une autre figure de proue de la « révolution des parapluies », le fondateur du Parti démocratique de Hong Kong Martin Lee, s’est récemment rendu aux États-Unis, où il a rencontré le vice-président américain Joe Biden.

Tout cela et d’autres éléments encore ont poussé le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi à sommer le secrétaire d’État américain John Kerry de cesser de soutenir les troubles à Hong Kong et de s’abstenir de toute ingérence.

Il semblerait que la Chine était prête à une telle évolution. En mai dernier, au cours d’une rencontre internationale, le ministre chinois de la Sécurité publique a déclaré que les « révolutions de couleur » constituaient désormais l’un des éléments de pression sur la Chine. D’ailleurs, le moment choisi n’est pas accidentel : le 1er octobre, la Chine célèbre sa Fête nationale. Pendant cette période, des milliers de chinois continentaux se précipitent à Hong Kong pour les vacances : ils y ont vu un exemple clair de manifestations publiques et des moyens de protester sans provoquer une réponse violente du pouvoir.

Une question se pose alors : quel était l’objectif des manifestations ?

Premièrement, il s’avère que la protestation n’est pas tant dirigée contre l’administration de Hong Kong, mais plutôt contre le gouvernement central chinois. Les manifestations de Hong Kong devaient, visiblement, inciter à des protestations similaires dans les villes chinoises où s’accumulent des problèmes sociaux liés à la hausse des prix et au manque d’emplois.

Deuxièmement, les événements de Mong Kok devaient envoyer un signal à Pékin et montrer que le refus de soutenir les sanctions de Washington pourrait être lourd de conséquences. L’intégration de Hong Kong, un centre financier et commercial mondial majeur, dans le système économique global est si importante que, si besoin est, l’on peut entraver son fonctionnement.

Troisièmement, ces événements reflètent également la confrontation évidente entre la Chine et les États-Unis dans l’Asie-Pacifique. Notons que la réaction de la Chine face à ces événements reste assez réservée – elle laisse le gouvernement de Hong Kong gérer le problème de ses jeunes manifestants. Cela montre qu’elle est confiante.

Les manifestations de Hong Kong constituent un signal qui témoigne que les « révolutions de couleur » constituent toujours une arme politique efficace. Reste à savoir si la « révolution des parapluies » est une répétition pour une « révolution de couleur », que l’on prédisait en Chine dès 2011.

Alexander Issaïev est le Directeur adjoint du Centre d’études des relations sino-russes à l’Institut de l’Extrême-Orient

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