Kommunalka : Un idéal soviétique de logements publics qui ne s'est jamais concrétisé

Les vieilles bâtisses sont comme les personnes âgées, et parfois leurs yeux – les fenêtres – s'affaiblissent avec l'âge, voire deviennent aveugles. Mais elles s'imprègnent de l'histoire de leurs occupants et les retransmettent pendant longtemps. Les logements publics de Saint Petersburg sont emplis des traces laissées par des vies animées. Certaines sont présentées ici.

Il existe un motif simple et courant au projet de Kommunalka : l'histoire d'une expérience ratée qui a commencé avec le rêve des bolchéviques en 1917, lorsque la toute nouvelle révolution cherchait non seulement à construire des nouveaux logements pour les travailleurs, mais également à créer de l'emploi. Les toilettes et salles de bain communs, tous comme les halls d'immeuble, n'étaient pas uniquement un compromis nécessaire du fait du manque de place.

Marina, agent immobilière (à gauche), prend le petit-déjeuner avec sa fille Arina. Marina et deux de ses trois enfants partagent une pièce de 30 mètres carrés où ils ont emménagé après qu'elle ait divorcé de son mari, environ un mois avant que cette photo ne soit prise. La plupart des russes préfèrent manger dans leur cuisine, mais ceux qui vivent en logements collectifs ne peuvent pas et doivent donc manger dans leur pièce.

Dmitry, 23 ans, est chirurgien en internat et vit dans une chambre d'un logement collectif. Il explique que sa mère l'a aidé à acheter cette chambre puisqu'ils ne pouvaient pas se permettre un appartement séparé. « Tant que je ne suis pas marié, je suis bien ici. C'est bien placé, dans le centre et j'ai de bons amis parmi mes voisins… »

Une chambre d'un habitat collectif. Un espace exigu est un des nombreux inconvénients pour les gens vivant dans les logements communautaires.

Alexandre Mikhailovitch, 77 ans, est un retraité de l'industrie de la défense. Il est né dans ce bâtiment et vit dans cette pièce depuis la fin des années 1940. Sa femme est décédée il y a quelques années et son fils adulte vit de son côté. Alexandre Mikhailovitch explique que des agents immobiliers lui ont proposé un appartement personnel dans l'espoir de vendre ces grands logements collectifs. Mais il a rejeté en bloc les propositions par peur d'être incapable de s'adapter à un nouveau mode de vie après avoir passé sa vie dans des habitats communautaires.

Anastasia, peintre et poète, possède une chambre dans un appartement collectif et l'utilise comme un atelier. Elle n'y vit pas et cela explique probablement pourquoi elle aime autant sa Kommunalka.

Linge à sécher dans un logement collectif.

Deux hommes se relaxent après s'être lavés dans les bains publics. Il n'y a toujours pas d'eau chaude dans la plupart des logements collectifs. Les gens doivent donc aller aux bains publics pour se laver.

Olga, interprète, loue une chambre dans un logement collectif. Le loyer y est relativement peu élevé (environ 170 euros par mois) ce qui en fait une alternative abordable par rapport aux appartements individuels, bien qu'il faille être prêt à partager sa salle de bain avec des inconnus.

L'intérieur d'un logement collectif. La plupart de ces logements ont été établi dans des bâtiments résidentiels pré-soviétiques, dont la plupart n'a pas été rénovée depuis leur construction à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.

Karina, une étudiante en architecture, prend le thé dans la cuisine d'un voisin. Elle est née et a toujours vécu dans cet habitat communautaire du centre de Saint Petersburg. Elle y apprécie le sens de la communauté et n'envisage pas de déménager.

La cuisine d'un logement collectif. Chaque famille possède en général son propre plan de travail, son placard, etc. Les cuisines, les couloirs, les toilettes et les salles de bain des logements collectifs sont des «espaces d'utilité publique» et ne sont pas toujours bien entretenus.

Marina, infirmière, divorcée et mère d'un garçon pose pour une photo dans le couloir de son logement communautaire. Elle explique que sa réalité quotidienne à la maison est faite de luttes avec ses voisins pour les dépenses communes et d'autres conflits. Un de ses voisins, par exemple, est un alcoolique qui reçoit ses amis éméchés en permanence. Marina assure que ses modestes revenus ne lui permettent pas de quitter cet endroit.

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