Le bouclier US en Europe serait-il dirigé contre la Russie et la Chine ?

Un officier de l’USS lake Erie montre le système de lancement vertical de son navire.

Un officier de l’USS lake Erie montre le système de lancement vertical de son navire.

AP
Le ministère russe de la Défense a déclaré que le système américain de défense antimissile en Europe était capable d’abattre des missiles balistiques en début de vol. Certains experts russes croient pourtant que les militaires exagèrent le danger lié au bouclier antimissile américain.

Les éléments du système de défense antimissile en Europe déployés en Pologne et en Roumanie sont capables d’intercepter des missiles balistiques intercontinentaux et des missiles balistiques à bord de sous-marins non seulement au milieu de leur vol, comme l’assurent les Etats-Unis, mais également au tout début de leur trajectoire, ont déclaré le 11 octobre des représentants de l’état-major général du ministère russe de la Défense à l’issue d’une nouvelle simulation du potentiel de combat de l’élément européen du bouclier américain.

Les militaires chinois sont du même avis au sujet des missiles intercepteurs américains Standard Missile 3 (ou simplement SM-3). Le système présente une menace directe à la sécurité de la Russie, a affirmé le général de brigade Cai Jun, chef adjoint de département à l’état-major général de la Commission militaire centrale de Chine.

Selon Viktor Poznikhir, premier adjoint au chef du contrôle opérationnel à l’état-major des forces armées russes, la Corée du Nord vient seulement de s’engager sur la voie de la mise au point de missiles balistiques, tandis que l’Iran – pays contre lequel Washington affirme pointer son système antimissile – ne présente plus de danger après les accords conclus sur le programme nucléaire de Téhéran.

« Sous prétexte de faire face aux « dangers balistiques  » émanant de Corée du Nord et d’Iran, nous voyons se déployer un système destiné avant tout à lutter contre les missiles russes et chinois », a souligné Viktor Poznikhir.

Accusations réciproques

Toutefois, les spécialistes militaires russes ne partagent pas les appréhensions du ministère de la Défense. Alexeï Arbatov, académicien et directeur du Centre de sécurité internationale appartenant à l’Institut de l’économie mondiale et des relations internationales, estime qu’il n’y a pas eu de nouvelle simulation.

« C’est un nouvel échange d’accusations politiques entre la Russie et l’Occident », a-t-il indiqué à RBTH. Le système antimissile déployé en Roumanie et en Pologne ne limite pas le potentiel de l’arsenal nucléaire russe, a-t-il noté.

« Les bases ne sont pas dotées de systèmes antimissiles très sophistiqués. En termes de vitesse ou de rayon d’action, ils ne seront pas capables d’intercepter en cas de conflit nos missiles balistiques dont l’itinéraire passe par le pôle Nord », a-t-il poursuivi.

L’expert militaire du quotidien Izvestia, Dmitri Litovkine, est entièrement d’accord. « A l’étape technique actuelle, le système antimissile en Europe ne présente pas de grand danger pour les forces nucléaires russes. L’étape initiale du vol des missiles Topol-M et Iars dure moins de 5 minutes.

En un laps de temps aussi bref, il est impossible qu’un antimissile lancé depuis la Pologne atteigne une cible dans la base de missiles balistiques la plus proche située dans la région de Saratov (à 835 kilomètres au sud de Moscou) », a-t-il souligné.

Les propos des militaires russes font suite aux déclarations de l’Otan, qui accuse Moscou d’exacerber les tensions en déployant dans la région de Kaliningrad (la plus occidentale de Russie) des systèmes Iskander-M capables de lancer des missiles à charge nucléaire. Pour Alexeï Arbatov, l’affirmation de l’état-major russe est une réponse politique aux critiques de l’Otan.

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