Sur cette capture d’écran le chef du groupe terroriste Al-Quaïda Ayman al-Zawahiri s’adresse aux lecteurs des forums jihadistes.
AFP/East NewsLe chef du groupe terroriste Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, a appelé les islamistes à unir leurs forces. Selon l’agence Reuters, son appel a été publié dimanche 1er novembre sur l’un des sites affiliés à l’organisation extrémiste.
« Américains, Russes, Iraniens, Alaouites et Hezbollah s’unissent dans la guerre contre nous. Serions-nous incapables de cesser la lutte entre nous et de diriger nos efforts communs contre eux ? », a-t-il lancé. Il est impossible de préciser la date de cette déclaration, mais si la Russie y est citée, c’est que la vidéo a été enregistrée après le 30 septembre 2015, lorsque Moscou a entamé son opération militaire en Syrie.
Pourtant, il est difficile de déterminer à quel point une éventuelle union des extrémistes est possible. D’une part, les forces radicales sont régulièrement secouées ces dernières années par des conflits intérieurs. D’autre part, Al-Qaïda modifie le format de ses activités en préservant un important potentiel et un certain attrait aux yeux des membres d’autres groupes extrémistes. Ce qui pourrait contribuer à regrouper les islamistes radicaux autour de ses cellules.
« Un appel vers nulle part »
L’éventuelle union des organisations radicales au Proche-Orient est entravée par la concurrence pour le contrôle des flux financiers, concurrence devenue particulièrement intense ces dernières années dans le contexte de la crise économique. Les islamistes sont également déchirés par des différends idéologiques et religieux. Elena Souponina, orientaliste de l’Institut des études stratégiques de Russie, a indiqué dans une interview à RBTH que la déclaration du leader d’Al-Qaïda était « un appel lancé vers nulle part ».
D’ailleurs, l’appel à lutter contre les Etats-Unis, la Russie et les autres « infidèles » n’a rien de nouveau. Pour Sergueï Demidenko, orientaliste de l’Institut des analyses et évaluations stratégiques, les islamistes radicaux considèrent l’Occident et la Russie comme « un territoire de guerre » contre lequel il faut lancer le djihad, la guerre sainte. C’est la politique que pratiquent les islamistes contre tous leurs ennemis.
Mobilisation d’Al-Qaïda
Il existe toutefois une hypothèse selon laquelle l’appel de Zawahiri est une tentative d’Al-Qaïda de « marquer des points » dans sa concurrence avec les extrémistes de l’Etat islamique (EI). Il pourrait s’agir d’une sorte de réaction des adeptes de Ben Laden aux déclarations des membres de l’EI, qui affirment avoir abattu l’avion russe au dessus du Sinaï.
« Al-Qaïda tente de se mobiliser, de se placer au premier plan de la lutte et de marquer quelques points », a déclaré à RBTH le directeur du Centre d’analyse des conflits au Proche-Orient à l’Institut des Etats-Unis et du Canada, Alexandre Choumiline. Selon lui, les efforts de mobilisation d’Al-Qaïda risquent de poser problème aux forces qui luttent contre les islamistes en Syrie et en Irak, ainsi que de provoquer des attaques contre les pays occidentaux et la Russie.
Danger pour la Russie ?
Les experts émettent divergent à la question de savoir si les terroristes d’Al-Qaïda conjugueront leurs efforts à ceux de l’EI, le groupe le plus puissant de la région. D’une part, le radicalisme et le caractère irréductible de l’EI constituent un obstacle, tout comme la rivalité des leaders des organisations extrémistes, le tout aggravée par le fait que l’EI était à l’origine une branche d’Al-Qaïda.
D’autre part, Zawahiri a annoncé dès début septembre que son organisation ne reconnaissait pas l’EI, mais était prête à unir ses efforts avec elle dans la lutte contre l’Occident. Cette union pourrait être favorisée par la modification du format des activités d’Al-Qaïda. Selon Vladimir Sotnikov, de l’Institut d’orientalisme de l’Académie des sciences, l’organisation devient ces dernières années une structure moins centralisée, tandis que ses branches régionales sont plus indépendantes. Ce qui permet à ces dernières de conclure plus librement des alliances en fonction de la situation, notamment avec l’EI, en transformant les structures régionales d’Al-Qaïda en un danger sérieux pour tous les ennemis des extrémistes, notamment pour la Russie. Toujours d’après l’expert, il existe en Russie plusieurs cellules secrètes liées à Al-Qaïda. « C’est par l’Afghanistan et le Pakistan que des ressources arrivent jusqu’aux islamistes radicaux en Russie, avant tout dans le Caucase du Nord », a-t-il affirmé. Dans ce contexte, il a fait remarquer qu’une attaque pourrait être lancée non par des terroristes envoyés spécialement, mais par des extrémistes se trouvant d’ores et déjà en Russie. Il a rappelé notamment le double attentant de décembre 2013 à Volgograd, dont les exécutants étaient liés à un groupe terroriste irakien.
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