Russie et Arabie saoudite entament le dialogue sur la Syrie

Sotchi, Russie, le 11 octobre 2015. Le ministre de la Défense d’Arabie saoudite, le prince Mohammed ben Salmane (3e à g.), et le président russe Vladimir Poutine (2e à dr.) et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov (à dr.) lors de la rencontre à Sotchi.

Sotchi, Russie, le 11 octobre 2015. Le ministre de la Défense d’Arabie saoudite, le prince Mohammed ben Salmane (3e à g.), et le président russe Vladimir Poutine (2e à dr.) et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov (à dr.) lors de la rencontre à Sotchi.

TASS
Le président russe Vladimir Poutine et le ministre saoudien de la Défense, le prince Mohammed ben Salmane, ont eu des négociations le week-end dernier à Sotchi (sud de la Russie) sur la situation en Syrie. Les deux parties ont décidé de développer la coopération entre leurs militaires et leurs services secrets, a précisé le ministère russe des Affaires étrangères. RBTH évoque les perspectives de cet accord avec des experts russes.

La ville de Sotchi a accueilli des négociations entre le leader russe Vladimir Poutine et le ministre de la Défense d’Arabie saoudite, le prince Mohammed ben Salmane. Les sujets évoqués au cours de la rencontre ont été précisés aux médias par le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Selon lui, la Russie et l’Arabie saoudite ont convenu d’intensifier la coopération entre leurs militaires et leurs services secrets pour lutter contre le terrorisme.

Il a fait également remarquer que Moscou et Riyad avaient des objectifs communs. « Il s’agit avant tout d’empêcher l’instauration d’un califat terroriste en Syrie », a poursuivi Sergueï Lavrov. Le deuxième objectif commun de Moscou et ses « amis saoudiens » est la réconciliation nationale en Syrie. « Il a été question de démarches pratiques susceptibles de nous aider à enclencher ce processus », a-t-il souligné.

Commentant les résultats de la rencontre, la délégation saoudienne a cependant indiqué encore une fois que pour elle, l’objectif du dialogue politique était de mettre en place un régime de transition en Syrie et d’écarter le président syrien Bachar el-Assad du pouvoir. Les Saoudiens ont qualifié les négociations de « sincères ».

« La bonne volonté ne suffit pas »

Toutefois, ni la partie russe ni la délégation saoudienne n’ont laissé filtrer de détail sur ces « démarches pratiques ». D’après Ivan Konovalov, directeur du Centre de conjoncture stratégique et expert en sécurité internationale, « on peut douter que l’Arabie saoudite, qui a toujours vivement critiqué toute action de la Russie dans la région, accepte de partager, par exemple, des renseignements ».

Selon toute probabilité, l’Arabie saoudite s’est décidée au dialogue avec la Russie « suite aux succès évidents de la coalition dirigée par la Russie (Iran, Irak et Syrie) », a-t-il expliqué. La présence de la Russie en Syrie a grandement modifié l’équilibre des forces. « Les Etats-Unis et l’Arabie saoudite ne peuvent plus fermer les yeux sur ce qui se passe », a-t-il noté. Il estime que l’Arabie saoudite pourrait influer sur les groupes de l’opposition « modérée » qu’elle soutient pour les contraindre à s’unir contre l’Etat islamique (organisation interdite en Russie) avec le gouvernement de Bachar el-Assad.

« S’ils s’y décident vraiment, cela pourrait contribuer à la lutte contre l’Etat islamique (EI). Mais la bonne volonté de l’Arabie saoudite à elle seule ne suffira pas pour peser sérieusement sur l’issue du conflit. Les acteurs étrangers sont trop nombreux dans cette guerre », a-t-il indiqué.

Unchangeavantageux

Grigori Kossatch, arabisant, professeur à la faculté d’histoire, de politologie et de droit de l’Université des sciences humaines de Russie, constate pour sa part la présence de désaccords entre Moscou et Riyad. Il rappelle que l’Arabie saoudite insiste sur l’application intégrale du protocole de Genève-1 (départ obligatoire de Bachar el-Assad, mise en place d’un pouvoir de transition, nouvelle Constitution syrienne), ce qu’elle a confirmé une nouvelle fois, « mais il ne découle pas des résultats de cette rencontre – et c’est important – que la Russie lie ses frappes aériennes en territoire syrien à Genève-1 ». « En d’autres termes, la Russie ne prend aucun engagement lié à ces documents », fait remarquer Grigori Kossatch.

Dans la situation actuelle, tout le monde a besoin d’un compromis, estime Leonid Issaïev, enseignant au département de science politique de la Haute école d'économie. Et c’est là qu’un échange devient possible. Les Saoudiens ont compris que dans ce cas précis, il est plus raisonnable d’agir de concert avec la Russie : il est possible de lui fournir les coordonnées des forces de l’EI en protégeant ainsi la partie de l’opposition syrienne qu’ils soutiennent. Une telle coordination est également profitable à la Russie dans sa lutte contre le terrorisme, a-t-il affirmé : « Aujourd’hui, l’opposition « modérée » sert de tampon entre l’EI et les forces de Bachar el-Assad. Si nous concentrons nos frappes sur elle, nous ne ferons que rapprocher l’EI des positions des troupes gouvernementales ».

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