Alexis Tsipras part pour mieux revenir

Le Premier ministre grecque Alexis Tsipras se prononce lours d’une réunion du comité central du parti Syriza le 30 juillet 2015.

Le Premier ministre grecque Alexis Tsipras se prononce lours d’une réunion du comité central du parti Syriza le 30 juillet 2015.

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Commentant la démission du gouvernement grec d’Alexis Tsipras, les experts russes estiment qu’à l’issue des élections, il pourrait consolider ses positions tout en exerçant une pression sur l’Union européenne.

Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a annoncé jeudi 20 août sa démission, ce qui débouchera sur des élections législatives anticipées. D’après des médias, le scrutin pourrait se tenir le 20 septembre.

Dans son allocution télévisée, il a notamment déclaré : « Maintenant que l’étape difficile des négociations avec les créanciers est terminée, je ressens la responsabilité morale et politique de soumettre au peuple grec tout ce que le gouvernement a fait ».

Le parlement grec a approuvé précédemment le troisième programme d’aide prévoyant de nouvelles coupes budgétaires, ainsi que la privatisation des actifs de l’Etat. Toutefois, l’accord avec les créanciers n’a pas été soutenu à l’unanimité par les députés de la Coalition de la gauche radicale (Syriza) d’Alexis Tsipras. Ce dernier a d’ailleurs reconnu que la majorité au pouvoir était devenue minorité.

« Couptactique » d’AlexisTsipras

Le Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement  russe) estime que c’est une manœuvre tactique d’Alexis Tsipras. « Cette démission ne signifie aucunement que Tsipras renonce au pouvoir. Au contraire, c’est une manœuvre tactique pour consolider ses positions au sein du pouvoir », a affirmé à l’agence TASS Konstantin Kossatchev, président de la commission des affaires internationales de la chambre.

Selon lui, Alexis Tsipras espère que des élections anticipées viendront renforcer les positions du parti Syriza, ce qui n’est pas dénué de fondement. « La population soutient sa politique qui vise à marchander jusqu’à la fin avec l’UE pour sortir de la crise selon les conditions les plus avantageuses possibles pour la Grèce. Son credo : ne faire des concessions que lorsqu’il n’y aura aucune autre issue », a-t-il affirmé.

Vassili Likhatchev, membre de la commission des affaires de la CEI de la Douma (chambre basse du parlement russe), a indiqué que par cette démarche, Alexis Tsipras s’assurait un avenir politique et pouvait espérer unir ses partisans.

« Levier de pression sur les Européens »

Le président du Conseil des affaires internationales de Russie, Andreï Kortounov, note pour sa part que la décision d’Alexis Tsipras fait suite au schisme apparu au sein de Syriza après que le chef du gouvernement grec eut renoncé au cours de ses négociations avec les créanciers aux promesses populistes qui avaient propulsé le parti au pouvoir. « L’ex-premier ministre espère réussir à rétablir sa majorité <…> et pouvoir se passer du soutien de ceux qui le critiquent », a-t-il expliqué.

« Il est évident que c’est un politique de talent, un fin tacticien et je pense que ce peut être pour lui une sorte de levier pour faire pression sur les Européens et leur dire : si les conditions ne sont pas assouplies, il existe des forces encore plus radicales qui seront encore moins accommodantes que nous », a dit l’expert à RBTH.

Pour Andreï Kortounov, la manœuvre d’Alexis Tsipras pourrait réussir étant donné que la scène politique grecque ne connaît aujourd’hui aucun personnage capable de le défier.

LesnouvellesThermopyles

Dans ce contexte, le directeur général du Centre des politiques publiques, Igor Bounine, estime qu’en annonçant de nouvelles élections, Alexis Tsipras espère que sa popularité personnelle sera plus grande que celle de Syriza. Selon l’analyste, c’est la conséquence de la perception en Grèce du comportement d’Alexis Tsipras aux négociations sur la dette. « Il a tenu jusqu’au bout. Il a livré bataille, comme le roi Léonidas Ier aux Thermopyles, mais il ne s’est pas sacrifié ayant pu changer de position. Les Grecs le respectent pour ne pas avoir cédé et pour avoir essayé de combattre », a fait remarquer Igor Bounine à RBTH, en soulignant qu’Alexis Tsipras ne comprenait pas très bien les limites du possible lors des négociations avec les créanciers, et qu’au lieu d’accomplir des démarches réfléchies, il se conduisait plutôt en joueur.

Les experts ont également commenté les gestes parfois réalisés par Alexis Tsipras en direction de la Russie. « Pour Tsipras, tout comme pour bon nombre de politiques grecs, la Russie est une sorte d’atout supplémentaire qu’ils peuvent jouer à Bruxelles pour obtenir des conditions plus favorables. Cependant, tout le monde comprend <…> que ce n’est pas un as, mais une carte en dessous », explique Andreï Kortounov. Aux yeux de l’expert, Moscou ne peut presque rien proposer pour l’instant à Athènes en qualité d’alternative à l’UE. Selon Igor Bounine, malgré ses sympathies pour la Russie, lorsque la question est posée crûment, la Grèce choisit l’Europe.

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