Accords de Minsk : la voie du cessez-le-feu parsemée d’embûches

Des pigeons volant autour du monument au fondateur de l'Union soviétique Vladimir Lénine à Kramatorsk, dans le sud-est de l'Ukraine. Crédit : Reuters

Des pigeons volant autour du monument au fondateur de l'Union soviétique Vladimir Lénine à Kramatorsk, dans le sud-est de l'Ukraine. Crédit : Reuters

Les ententes de Minsk prévoient un cessez-le-feu dans les régions orientales de l’Ukraine à partir du 15 février à 00h00. Toutefois, les experts militaires russes citent plusieurs raisons qui pourraient entraver l’arrêt des hostilités, l’une des principales étant la situation dans le « chaudron de Debaltsevo ».

Evoquant le 12 février à Minsk les résultats de longues heures de négociations – qui prévoient le retrait des armes lourdes et la création d’une zone tampon entre les parties au conflit –, le président russe Vladimir Poutine a déclaré qu’il avait été « possible de s’entendre sur l’essentiel » : un cessez-le-feu. Dans ce contexte, il a relevé les difficultés existantes, notamment une interprétation divergente, par la Russie et l’Ukraine, de la situation concernant « le chaudron de Debaltsevo » : plusieurs milliers de militaires ukrainiens sont encerclés, selon les milices populaires, près de la ville portant ce nom.

Vladimir Poutine a laissé entendre que toute tentative de percée de cet encerclement risquerait d’aggraver la situation dans l’est de l’Ukraine, ce qui remettrait en question l’accord obtenu à l’arrachée sur un cessez-le-feu.

L’impasse

D’après les analystes, Kiev refuse en bloc de reconnaître l’encerclement d’une importante force militaire, ce qui place la situation dans une impasse. Le problème pourrait être résolu, estime l’expert militaire Viktor Mourakhovski, à condition de dépêcher des spécialistes militaires pour évaluer la situation dans le secteur, comme l’a proposé Vladimir Poutine.

Toutefois, souligne M. Mourakhovski, il faut d’abord instaurer un cessez-le-feu pour que cette mission soit fructueuse, sans quoi les observateurs militaires ne pourront pas réaliser leurs activités. Or, les signes indiquant que les parties sont prêtes à suspendre les combats ne sont pas nombreux. Le 13 février, aussi bien les milices populaires que les militaires ukrainiens ont fait état d’une poursuite des tirs ennemis.

La réticence de Kiev à reconnaître l’encerclement s’explique par des raisons politiques et morales, affirment les experts. La situation rappelle la confrontation de plusieurs mois à l’aéroport de Donetsk qui, sans avoir d’importance stratégique, est devenue pour Kiev le symbole de la lutte contre les milices populaires. Au final, les unités ukrainiennes n’ont pas réussi à conserver le contrôle de l’aéroport.

Le retrait des troupes

Les experts indiquent que les troupes ukrainiennes doivent être sorties du « chaudron ». D’après l’observateur militaire du journal Nezavissimaya gazeta Vladimir Moukhine, les militaires ukrainiens n’ont pratiquement aucune chance de rompre l’encerclement sans aide extérieure compte tenu du le relief des environs, tandis que toute tentative de percée entraînera d’énormes pertes.

Dans ce contexte, les spécialistes évoquent une autre évolution des événements à Debaltsevo, rappelant la situation à l’aéroport de Donetsk. Selon Alexandre Khramtchikhine, directeur adjoint de l’Institut d’analyse politique et militaire, les soldats ukrainiens pourraient rester assez longtemps encerclés, comme à l’aéroport, pour tenter une percée par la suite, peut-être même dans plusieurs mois.

Accord fragile

Alexandre Khramtchikhine estime que l’accord récent partagera le triste sort des ententes précédentes, avant tout parce qu’il a été imposé par des forces extérieures et qu’aucune des parties ne souhaite le respecter. Sur le plan militaire, ni Kiev, ni les milices populaires n’ont obtenu ce qu’ils voulaient. Entre outre, les forces en présence n’ont pas non plus perdu leur capacité au combat. Dans ce contexte, l’expert augure que les hostilités entreront dans une période d’accalmie après le 15 février, mais pourraient reprendre de plus belle dès l’été prochain.

Les analystes relèvent le point faible des ententes établies sur le plan militaire : pour les milices, le retrait des armes lourdes de la ligne de désengagement, qui passe par la périphérie de Donetsk, signifie que la ville ne sera plus défendue que par l’infanterie. Ce qui rend leur situation très précaire dans ce secteur. Ainsi, une responsabilité particulière dans l’application de l’accord incombe aux militaires ukrainiens : en l’absence de retrait initial des armements par les forces de Kiev, le retrait de l’artillerie des milices serait suicidaire.

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