Didier Reynders (à gauche) et Sergueï Lavrov. Crédit : AP
Au cours de la conférence de presse commune organisée à l’issue de la rencontre, les ministres ont évalué l’état et les perspectives de la coopération russo-belge et ont souligné la nécessité d’empêcher l'essoufflement des liens bilatéraux sur fond de refroidissement des relations entre la Russie et l’Occident. M. Lavrov a indiqué qu’au cours des neuf premiers mois de l’année 2014, les échanges commerciaux entre la Russie et la Belgique ont atteint environ 8 milliards d’euros, affichant une hausse de 16% par rapport à la même période de l’année dernière.
Les entreprises des deux pays collaborent activement dans différents domaines – l’industrie lourde et légère, l’agriculture, les technologies de l’information, la santé publique, la logistique, le commerce de détail. Dans la région de Nijni Novgorod, le groupe belge Solvay a entamé la mise en œuvre de deux grands projets pour un montant total de 800 millions d’euros. Au printemps dernier, un contrat de coopération a été signé par le groupe Fluxys et les structures de Novatek pour l’exploitation des gisements de gaz de Yamal. Le Combinat métallurgique de Novolipetsk est installé en Belgique – la partie belge s’intéresse en outre aux avions moyenne portée Soukhoï SuperJet 100.
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Pourtant, les entreprises sont guidées par leurs propres intérêts et cherchent des profits. « J’espère que les responsables politiques suivront », a déclaré M. Lavrov. Par ailleurs, le ministre russe a exprimé sa déception à l’égard de l’idée, prédominante en Europe, selon laquelle les sanctions contre la Russie étaient en mesure d’infléchir le règlement du conflit dans le sud-est de l’Ukraine. « Il est décevant que les Européens – des gens instruits, éclairés et s’intéressant à l’histoire – pensent que les sanctions permettront réellement d’induire des changements constructifs en Ukraine, cherchent à faire pression sur la Russie et ignorent tout ce que la Russie a fait, financièrement et politiquement, pour l’Ukraine toutes ces années », a déclaré le ministre russe.
Interrogé par RBTH sur l’impact des sanctions contre Moscou et les mesures de ripostes russes contre les entreprises belges implantées en Russie, M. Reynders a souligné : « Bien sûr, les sanctions ne pouvaient pas ne pas impacter la dynamique de la coopération économique russo-belge ». Le ministre l’a appris « de première main » par les représentants de la communauté d’affaires belge, notamment de nombreux entrepreneurs (35 entreprises belges participent à la réalisation de projets sur le territoire de la Russie, ndlr) qu’il a également rencontrés à Moscou.
Didier Reynders a expliqué qu’outre les sanctions, la coopération était affectée par les fluctuations des prix de l’énergie et la volatilité des cours de devises. Pourtant, la Belgique cherche à conserver des relations économiques stables avec la Russie. « Malgré les malentendus entre l’Union européenne et la Russie j’aimerais, bien sûr, que le dialogue se poursuive », a assuré le ministre.
Le professeur de l’Académie diplomatique du ministère des Affaires étrangères Mark Neimark a commenté pour RBTH la visite de Didier Reynders :
« Les relations entre la Russie et la Belgique ont toujours été construites de manière positive et dans le respect mutuel des intérêts des deux pays. La politique extérieure belge se distingue par un rationalisme mesuré. Le pragmatisme qui caractérise les Belges a ramené à la vie la formule « compromis à la belge ». Les raisons à cela sont nombreuses : la Belgique dispose d’une grande expérience en matière de lissage de conflits sur la scène internationale, d’où l’importance des discussions sur l'actualité mondiale qui se sont tenues au cours de la visite de Reynders. Le potentiel de médiation fructueuse de la Belgique pourrait être activement employé dans la situation géopolitique actuelle tendue. D’autant qu’il s’agit d’un homme politique belge très expérimenté ».
D’après l’expert, la visite de M. Reynders a acquis une importance particulière à la lumière de plusieurs événements. D’abord, il s’agit de la première visite du ministre belge des Affaires étrangères à Moscou depuis sa prise de fonctions en décembre 2011. Deuxièmement, la Belgique est actuellement présidente du CMCE, ce qui a objectivement élargi le format des négociations de la visite. Troisièmement, le ministre dirige la partie belge de la Commission mixte réunissant la Russie d'une part, et la Belgique et le Luxembourg d'autre part - fait très important dans le contexte des sanctions. « Compte tenu de la spécificité de l’organisation interne de la Belgique, on peut être sûr que les accents régionaux dans les relations économiques bilatérales iront croissant », suppose Neimark. « La seule question est la durée des sanctions, qui ont considérablement refroidi les relations entre nos pays, sans pour autant dérégler le mécanisme de coopération établi avant leur mise en place ».
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