Greenpeace pourrait être impliqué dans des guerres de la pêche

Durant son séjour à Dakar, Oleg Naidenov a déjà subi deux contrôles à bord : la commission de la pêche a visité le chalutier le 5 janvier, et le 6 janvier. Crédit : Itar-Tass

Durant son séjour à Dakar, Oleg Naidenov a déjà subi deux contrôles à bord : la commission de la pêche a visité le chalutier le 5 janvier, et le 6 janvier. Crédit : Itar-Tass

Les représentants de l’Agence fédérale de la pêche (Rosribolovstvo) estiment que l’organisation environnementale internationale Greenpeace pourrait être impliquée dans le scandale autour de l’arrestation illégale d’un bateau de pêche russe par l’armée sénégalaise. Les experts estiment qu’il s’agit d’une tentative d’évincer les pêcheurs russes des eaux africaines.

Andreï Krainiy, directeur de Rosribolovstvo, n’exclut pas une éventuelle implication des représentants de Greenpeace dans l’arrestation du chalutier Oleg Naidenov par les autorités sénégalaises le 4 janvier dernier. « D’après nos informations, les militaires sénégalais ont été influencés par des militants de la célèbre organisation Greenpeace », a déclaré le directeur de l’agence. Rosribolovstvo estime que les négociations sur la libération du chalutier russe avec le président sénégalais Macky Sall, programmée au 7 juin, ont été annulées sous la pression de Greenpeace également.

Quelques années auparavant, les militants écologistes ont, à plusieurs reprises, accusé les pêcheurs russes de pêche illégale dans les eaux africaines. Sans, toutefois, parvenir à fournir des preuves.

L’agence Prime, citant le capitaine du chalutier Oleg Naidenov, Vadim Mantarov, informe qu’au moment de son arrestation, le bateau n’était pas en train de pêcher et se trouvait dans la zone économique spéciale de la Guinée-Bissau. Cette information est confirmée par le système de surveillance de Rosribolovstvo. Toutefois, l’armée sénégalaise a arrêté le bateau à 46 miles de la côte de la Guinée-Bissau et l’a escorté à Dakar. Alexandre Saveliev, directeur du centre des relations publiques de Rosribolovstvo estime qu’une réaction aussi agressive de la part du Sénégal est inexplicable. D’autant que, durant son séjour à Dakar, Oleg Naidenov a déjà subi deux contrôles à bord : la commission de la pêche a visité le chalutier le 5 janvier, et le 6 janvier, une délégation d’autorités portuaires s’est rendue à bord pour vérifier la sécurité du navire en matière de navigation. Si le chalutier était coupable de braconnage, la prise illégale aurait dû être trouvée à bord. Mais les inspecteurs n’ont fait aucune observation à ce sujet.

Depuis plus d’une semaine, le bateau est sous surveillance militaire à Dakar, mais aucune accusation officielle n’a été présentée aux pêcheurs russes jusqu’à présent. Les négociations entre le ministère des Affaires étrangères russes et le président sénégalais Macky Sall ont été reportées à plusieurs reprises.

Curieusement, sur fond de conflit autour du chalutier Oleg Naidenov, les entreprises de transformation de poisson sénégalaises ont exprimé leur souhait d’accéder au marché des pays membres de l’Union douanière.

Les spécialistes expliquent : le pouvoir sénégalais n’a toujours pas pris de position claire sur Oleg Naidenov. Aussi, ils n’excluent pas que le gouvernement sénégalais ait fait l’objet de manipulation.

Mikhail Margelov, représentant spécial du président russe pour la coopération avec les pays d’Afrique, a annoncé au quotidien Vzgliad que les citoyens russes pourraient être otages de la rude concurrence pour les ressources biologiques de cette partie de l’Atlantique. Il suggère qu’il s’agit éventuellement d’une tentative d’expulser les pêcheurs russes de leurs zones de pêche traditionnelles. « La Russie a toujours été intéressée par l’accès aux ressources halieutiques de la côte atlantique de l’Afrique et du Golfe de Guinée et ne souhaite, en aucun cas, abandonner ce marché compétitif, mais très intéressant », a déclaré le sénateur.

Leonid Fitouni, directeur scientifique adjoint de l’Institut de l’Afrique de l’Académie des sciences russe a expliqué dans son entretien avec Rossiyskaya Gazeta que, suite à l’effondrement de l’Union soviétique, les ressources que l’URSS exploitait auparavant ont été convoitées par des concurrents : « Cela concerne les ressources marines, mais non seulement. Aussi, la Russie fait l’objet de toutes sortes d’entraves afin d’empêcher le retour de la flotte de pêche russe sur les côtes africaines... Qui est utilisé pour interférer avec ces intérêts – le pouvoir sénégalais, Greenpeace ou quelqu’un d’autre est une question secondaire ».

Les observateurs notent que, suite à l’arrestation du navire de Greenpeace Arctic Sunrise par les autorités russes, l’organisation a une raison supplémentaire d’intensifier sa lutte contre les pêcheurs russes au large de l’Afrique.

Entre temps, 10 autres navires russes pêchent actuellement dans cette région de l’Afrique de l’Ouest, annonce Alexandre Saveliev. A la question si les équipages doivent s’attendre aux actions similaires de la part de l’armée, Saveliev répond par la négative : Rosribolovstvo ne voit aucune raison de rappeler les chalutiers russes. « La pêche est pratiquée légalement, toutes les autorisations nécessaires ont été obtenues », a-t-il souligné.

Sources : Rossiyskaya Gazeta, Vzgliad.ru, Kommersant

 

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