Le terroriste qui a sauvé son pays du carnage

Devenu président, l’ancien rebelle Mandela s’est montré créateur et a fait d’énormes efforts afin d’apprendre aux noirs et aux blancs de vivre ensemble dans le nouvel état. Crédit : Reuters

Devenu président, l’ancien rebelle Mandela s’est montré créateur et a fait d’énormes efforts afin d’apprendre aux noirs et aux blancs de vivre ensemble dans le nouvel état. Crédit : Reuters

Le premier président noir d’Afrique du Sud Nelson Mandela s’est éteint ce vendredi à l’âge de 96 ans. Nelson Mandela était un homme politique populaire en URSS et en Russie.

Le premier président noir d’Afrique du Sud Nelson Mandela s’est éteint ce vendredi à l’âge de 96 ans. L’un des premiers à réagir à la nouvelle de son décès en Russie a été le célèbre homme politique et réformateur de la fin des années 80 – début des années 90, Mikhaïl Gorbatchev. « C’est toujours triste quand disparaissent des gens comme lui, ceux avec qui nous avons vécu et qui nous ont montré un exemple de lutte pour la liberté », a dit Gorbatchev.

Le président russe Vladimir Poutine a exprimé ses condoléances au peuple sud-africain et a déclaré que le nom de Mandela « est intimement lié à une période entière de l’histoire de l’Afrique moderne, l’époque de la victoire sur l’apartheid ». Le président russe a souligné le fait que Mandela est resté fidèle aux idéaux d’humanisme et de justice, malgré les épreuves qu’il a dû affronter.

Le représentant spécial du président pour la collaboration avec les pays d’Afrique Mikhaïl Marguelov a déclaré que Nelson Mandela était le dernier homme politique vivant qui a pu atteindre son objectif par la protestation non-violente d’homme libre, par le courage calme de prisonnier politique.

Pour Mandela, l’idéal d’homme d’État était incarné par le combattant pour l’indépendance de l’Inde Mahatma Gandhi. Toutefois, contrairement à Gandhi, Mandela a commencé comme terroriste, leader de la branche militaire de l'ANC Umkhonto we Sizwe, responsable de nombreux actes de sabotage et d’intimidation, ce pourquoi il a été emprisonné à vie et détenu pendant 27 ans. Jusqu’en 2008, Mandela était interdit de séjour sur le sol américain sans autorisation spéciale du département d'État : Washington considérait l’ANC comme une organisation terroriste.

Le monde entier pleure Nelson Mandela. Crédit : AP

Mandela était un homme politique populaire en URSS, un timbre postal a même été édité en l’honneur de son 70e anniversaire. Mais voici comment il décrivait son attitude à l’idée communiste : « Pendant de nombreuses décennies, les communistes formaient le seul groupe politique prêt à dialoguer avec les Africains et à se battre pour leurs droits politiques. Aussi, pour de nombreux Africains, les termes « liberté » et « communismes » sont synonymes. Cette conviction est nourrie par une législation qui estampille comme communistes tous les partisans de la gouvernance démocratique et de la liberté pour les noirs. Mais cela ne veut absolument pas dire que nous sommes communistes ».

Lorsque Mandela a été libéré à l’âge de 73 ans, c’était un homme très différent, celui que connaît la génération actuelle, un vieillard humaniste sage et souriant. Il disait : « J’ai lutté contre le règne des « blancs » mais aussi contre le règne des « noirs ». Je respectais l’idéal de la société démocratique et libre, dans laquelle tous les citoyens vivent en harmonie et disposent des mêmes opportunités ». C’est bien cette approche qui a permis à l’Afrique du Sud d’éviter une sanglante guerre civile qui s’annonçait dans le pays au début des années 90. D’ailleurs, Mandela partage le prix Nobel qu’il a reçu en 1993 avec son acolyte blanc, le président Frederik Willem de Klerk.

Devenu président, l’ancien rebelle s’est montré créateur et a fait d’énormes efforts afin d’apprendre aux noirs et aux blancs de vivre ensemble dans le nouvel état. Mandela a même invité le juge qui l’avait envoyé derrière les barreaux dîner chez lui. Il coupait court à toutes les tentatives de jouer sur la haine raciale ou nationale. Il n’a même pas épargné sa femme Winnie. Un jour, devant un grand rassemblement, elle a annoncé qu’il fallait en finir avec les blancs. Mandela l’a appris et a divorcé sur le champ.

Malgré son auréole de martyre, Mandela n’a eu de cesse de demander d’arrêter de le déifier, il voulait qu’on se souvienne de lui comme d’un homme simple avec ses faiblesses. 

Sources : RIA Novosti, Echo de Moscou, kremlin.ru

 

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