L’OSCE compte les « volontaires » à la frontière russo-ukrainienne

Les représentants de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont publié des données recueillies au cours des 12 derniers mois sur la situation à la frontière russo-ukrainienne dans la région de Rostov. Le nombre de personnes en uniforme militaire traversant la frontière a diminué, mais l’organisation note une augmentation significative du trafic civil. Les experts sont divisés quant aux informations fournies.

Le chef de la mission de l'OSCE à Rostov, Paul Picard, a donné le 6 août dernier une conférence de presse durant laquelle il a déclaré qu'entre le 29 juillet 2014 et le 1er août 2015, plus de 2,8 millions de personnes avaient franchi la section de Rostov de la frontière russo-ukrainienne. Sur fond de désescalade des tensions et d’absence d'hostilités actives, un nombre croissant de réfugiés ont regagné le Donbass, a-t-il ajouté. 

Outre l'information sur le nombre de personnes franchissant la frontière, Paul Picard a également parlé de gens portant des vêtements « de style militaire », dont beaucoup ont dit qu'ils étaient des volontaires qui allaient combattre à Donbass. « Le plus grand nombre de « volontaires » franchissant la frontière en une journée était de 167, le plus petit 17 », a affirmé M. Picard aux médias russes. Selon lui, le flux de volontaires a diminué depuis avril 2015. Les experts partagent ce constat. 

« On peut être d’accord avec la dynamique mentionnée – avec le fait que le nombre de volontaires traversant la frontière en direction de la République populaire de Lougansk (autoproclamée) a diminué et que le flux d’automobiles civiles a augmenté. Ceci reflète la situation générale qui se caractérise par une quasi-absence d’affrontements directs et un renforcement des liens entre les Républiques populaires de Lougansk et de Donetsk (elle aussi autoproclamée, ndlr) avec la Russie », a annoncé à RBTH, Andreï Epifantsev, chef du bureau analytique Alte et Certe. 

Mais il convient de préciser que les informations de Paul Picard ne sont pas tout à fait exactes. Premièrement, une partie des volontaires peuvent traverser la frontière avec l’Ukraine en empruntant d’autres voies que les points de passage officiels (où sont déployés des représentants de l’OSCE). Deuxièmement, ceux qu’il qualifie de « volontaires » peuvent être des simples civils. « Un homme en uniforme n’est pas forcément un volontaire, a expliqué au correspondant de RBTH Denis Denissov, directeur de l’antenne ukrainienne de l’Institut des pays de la CEI. Actuellement, porter la couleur kaki est tendance dans les Républiques populaires de Lougansk et de Donetsk – en temps de guerre ce type de vêtements fait partie du quotidien. On y trouve beaucoup de gens en uniforme militaire, ce qui ne signifie pas pour autant qu’il s’agisse d’insurgés »

Ceci étant dit, M. Denissov admet qu’au cours de ces derniers mois, le nombre de volontaires traversant la frontière russo-ukrainienne a diminué. « La frontière est contrôlée côté russe. Moscou coupe court aux tentatives de franchissement illégal de la frontière car il ne veut pas que des armes illicites en provenance de la zone du conflit pénètrent sur son territoire », explique l’expert Denis Denissov. Il souligne en outre que les chiffres fournis par Paul Picard (21 309 volontaires entre septembre 2014 et août 2015) infirment les déclarations de Kiev selon lesquelles seuls des mercenaires russes luttent dans le Donbass. Les effectifs des insurgés dans les deux républiques s’élève à 50 000 hommes, ce qui signifie qu’au moins la moitié d’entre eux sont des habitants locaux. 

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