Le « Davos russe » s’ouvre à Saint-Pétersbourg

TASS
Pour les experts, le forum devrait permettre l’ouverture d’un dialogue sur l’assouplissement des sanctions antirusses et l’annonce du lancement conjoint par Gazprom et Shell de la plus grande usine de gaz naturel liquéfié dans le nord-ouest du pays.

Les principaux économistes se sont réunis dans la « capitale du Nord » russe pour évoquer l’avenir de l’économie mondiale dans le cadre de la 12e édition du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, qui a ouvert ses portes le 16 juin. Le président russe Vladimir Poutine, le secrétaire général de l’Onu Ban Ki-moon et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker participeront au forum. Dmitri Peskov, porte-parole du président russe, a notamment annoncé que dans le cadre des rencontres officielles, le chef d’Etat discuterait de l’avenir du projet de gazoduc North Stream 2 reliant la Russie et l’Europe par la mer Baltique. Les sanctions réciproques entre la Russie et l’Union européenne, introduites en 2014 sur fond de crise ukrainienne, seront également au cœur des discussions au forum.

Attentes politiques

Pour les experts, même si aucune déclaration sur l’assouplissement mutuel des sanctions n’est faite pendant le forum, qualifié de « Davos russe », les pourparlers directs entre Vladimir Poutine et Jean-Claude Juncker pourraient améliorer considérablement les relations entre la Russie et l’Union européenne. En effet, depuis le début de la crise ukrainienne en 2014, aucun responsable européen en poste de ce niveau ne s’est rendu au forum. « Je ne m’attends pas à une percée, mais les négociations en couloir pourraient, tout de même, contribuer à améliorer la situation à terme », explique l’analyste financier de Finam Timour Nigmatoulline.

Gueorgui Vachtchenko, directeur des opérations sur la bourse russe chez Freedom Finanace, pense également qu’un assouplissement des sanctions n’est pas pour cette année. Cependant, le fait que des invités haut placés se rendent au forum montre que les avis des dirigeants européens sont partagés et qu’une partie d’entre eux est prête à dialoguer avec la Russie. Par exemple, la délégation italienne sera dirigée par le premier ministre du pays Matteo Renzi.

Projets économiques

Un grand nombre d’accords d’investissement est traditionnellement signé dans le cadre du forum, notamment avec des entreprises internationales. Gueorgui Vachtchenko précise que des contrats énergétiques devraient être conclus lors du forum, notamment avec la participation du monopole gazier Gazprom et de la principale compagnie pétrolière du pays Rosneft, détenue par l’Etat. Le montant des accords signés pourrait dépasser 4 milliards de dollars, explique Vachtchenko. La construction, dans le nord-ouest du pays, d’un terminal de production et de transport de gaz naturel liquéfié (GNL) par Gazprom et Royal Dutch Shell pourrait être l’un des plus grands projets du forum. Timour Nigmatoulline précise que la signature de cet accord pourrait constituer l’événement central du forum. « A l’heure actuelle, nous savons que la capacité globale des deux unités de l’usine à l’étape initiale pourrait s’élever à 10 millions de tonnes de GNL par an, avec la possibilité d’expansion », indique-t-il. La mise en service de l’usine est attendue pour fin 2021.

Cette année, l’Italie est l’invité officiel du forum. 22 grandes compagnies de ce pays, dont la banque Intesa Sanpaolo, le fabricant de pneus LLC Pirelli Tyre Russia, la compagnie énergétique Enel, le fournisseur d’équipements et de matériel pour l’industrie métallurgique Danieli et bien d’autres, se rendront à Saint-Pétersbourg. La délégation vénézuélienne sera dirigée par le ministre du pétrole du pays Eulogio del Pino, qui envisage de rencontrer le ministre russe de l’Energie Alexandre Novak et le patron de Rosneft Igor Setchine. La région de Kalouga, située au sud-ouest de Moscou et célèbre pour son pôle automobile, mènera des négociations sur le projet de la Nouvelle route de la soie avec les dirigeants des Chemins de fer russes et de Samsung, alors que la région de Moscou espère signer des accords concrets dans le domaine de l’industrie, de l’agriculture et de la création des infrastructures.

Pourtant, selon les estimations de Finam, si le nombre d’accords signés pendant le forum croît tous les ans, leur montant global est en baisse. En 2013, 102 accords ont été signés pour un montant global de 9 600 milliards de roubles ($146 milliards) contre 175 accords pour un montant global de 401,4 milliards de roubles ($6,1 milliards) en 2014, et 205 accords pour un montant global de 293,4 milliards de roubles ($4,5 milliards) en 2015.

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