L’effet pervers des sanctions !

Lors de sa visite à Moscou en février, Étienne Schneider, vice-Premier ministre et ministre de l’Économie du Luxembourg, a estimé que les sanctions nuisaient aux entreprises des deux pays. Son interlocuteur, le vice-Premier ministre russe Dmitri Rogozine a appelé les entrepreneurs luxembourgeois à investir dans l’économie russe.

Lors de sa visite à Moscou en février, Étienne Schneider, vice-Premier ministre et ministre de l’Économie du Luxembourg, a estimé que les sanctions nuisaient aux entreprises des deux pays. Son interlocuteur, le vice-Premier ministre russe Dmitri Rogozine a appelé les entrepreneurs luxembourgeois à investir dans l’économie russe.

Sergey Mamontov/RIA Novosti
La dévaluation du rouble a, certes, rendu les investissements luxembourgeois dans l’économie russe plus attractifs, mais ce même facteur fait obstacle à l’augmentation des échanges commerciaux entre les deux pays.

En Russie, le Luxembourg est principalement connu comme un important centre bancaire et financier, mais la coopération entre les deux pays ne se limite pas à ce domaine. Il existe des contacts étroits dans la métallurgie et aussi dans l’industrie chimique. 

Les investissements dans le rouge

La popularité du Luxembourg auprès des entrepreneurs russes est en grande partie due à la convention de double imposition signée entre les deux pays en 2011. Ce nouveau document est en vigueur depuis le 1er janvier 2014 et permet aux entreprises russes de bénéficier d’un taux d’imposition minimum de 5%. 

Par ailleurs, le Luxembourg n’applique aucun droit de timbre en cas de transfert des participations et n’impose pas d’exigences ni de règles complexes sur la distribution des dividendes, ce qui permet d’organiser le financement des entreprises russes de manière plus efficace. Malgré cela, depuis deux ans, les chiffres de l’investissement sont dans le rouge : les entreprises ne cherchent pas à faire de nouveaux investissements. En 2014, les flux d’investissements ont baissé de 607,5 millions d’euros par rapport à 2013, selon la Banque centrale de Russie, alors qu’un an auparavant, ce chiffre était de + 10,2 milliards d’euros.

« Le Luxembourg propose toujours différents instruments financiers d’organisation des affaires qui, malheureusement, n’ont pas encore d’équivalent en Russie », précise Oleg Prozorov, président de la Chambre de commerce belgo-luxembourgeoise en Russie (CCBLR). 

« Le Luxembourg est le seul centre financier de l’Union européenne à être noté AAA, donc sa popularité ne faiblit pas. Nous estimons que pour les compagnies russes qui ont des activités internationales, le Luxembourg est un lieu d’implantation idéal en plein cœur de l’Europe », estime-t-il.

La dévaluation du rouble a affecté les importations

Au cours de ces deux dernières années, le montant des importations en Russie de marchandises venant du Luxembourg a pratiquement été divisé par deux : 178,8 millions d’euros en 2013 contre 97,3 millions en 2015. 

Cette chute brutale s’explique principalement par la forte dépréciation du rouble, dont le rythme s’est encore fortement accéléré l’année dernière : les importations luxembourgeoises en Russie ont diminué de 37,4%. C’est un peu moins que les produits venant de France (-44%) et de l’Union européenne dans son ensemble (-41,5%).

Les importations portent principalement sur les biens industriels, tels que le papier et la cellulose (17% des importations), les pneus (13%), les revêtements de sol en plastique (11%) et les équipements (12%). 

Les importations de produits agricoles étaient très faibles même avant l’introduction des sanctions occidentales et de l’embargo russe : par exemple, le volume d’importation de produits laitiers provenant du Luxembourg en 2013 ne s’élevait qu’à 263 000 euros.

Par ailleurs, les exportations russes vers le Luxembourg enregistrent une hausse notable : en deux ans, elles ont en effet plus que triplé, passant de 11,4 millions d’euros en 2013 à 40,3 millions en 2015. 

La majeure partie des marchandises que le Luxembourg importe à partir de la Russie sont des combustibles minéraux et des produits pétroliers (85% du volume global). Les exportations de métaux ferreux ont été multipliées par 1,5 au cours de l’année 2015, ce qui constitue une hausse de 7,2%. Pour les produits chimiques, la progression atteint 70%. Cependant, la part des équipements dans les exportations russes à destination du Luxembourg a chuté, passant de 12,7% en 2013 à 3,1% en 2015.

Les entreprises s’opposent aux sanctions

Les sanctions et la chute du rouble ont eu un impact négatif sur les relations économiques entre la Russie et le Luxembourg, mais les deux pays reconnaissent que des changements sont nécessaires. 

Lors de sa visite à Moscou en février, Étienne Schneider, vice-Premier ministre et ministre de l’Économie du Luxembourg, a estimé que les sanctions nuisaient aux entreprises des deux pays et a appelé à trouver une solution commune. Son interlocuteur, le vice-Premier ministre russe Dmitri Rogozine a, pour sa part, appelé les entrepreneurs luxembourgeois à investir dans l’économie russe.

Plusieurs grandes compagnies luxembourgeoises travaillent déjà en Russie. C’est notamment le cas de Paul Wurth, spécialisé dans la construction industrielle, du fabriquant de verre Guardian Industries, de l’entreprise de BTP Astron Buildings et de la compagnie de fret aérien Cargolux. 

« Concernant les perspectives d’investissement, il faut comprendre que, compte tenu du cours de la devise russe, la Russie aujourd’hui présente un très grand intérêt pour l’investisseur européen qui investit en devises étrangères », souligne Oleg Prozorov. « Mais il ne faut pas oublier les obstacles liés à la situation géopolitique qui existent actuellement. Je suis convaincu que l’économie russe fait aujourd’hui partie de l’économie globale et que ces obstacles seront surmontés dans un avenir prévisible ».

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