Comment la Russie a augmenté ses fonds souverains malgré la crise

La directrice de la Banque centrale Elvira Nabioullina (à g.) et le ministre russe des Finances Anton Silouanov parlent lors d'une réunion de membres du gouvernement russe au Kremlin.

La directrice de la Banque centrale Elvira Nabioullina (à g.) et le ministre russe des Finances Anton Silouanov parlent lors d'une réunion de membres du gouvernement russe au Kremlin.

Mikhail Klimentyev / TASS
À la différence d’autres pays producteurs de pétrole, la Russie n’a pas dépensé ses réserves financières issues de la vente de pétrole, et les a même augmentées. Selon des experts, la cause principale en est la hausse du cours de l’euro, dans lequel une partie des fonds russes est libellée.

Depuis le début de l’année 2016, le volume total des deux fonds souverains russes a augmenté de 1,7%. Au total, le Fonds de réserve, prévu pour compléter le budget en cas de forte chute des prix du pétrole, a cru jusqu’à 44,6 milliards d’euros, et le Fonds du bien-être national, orienté vers les investissements à long terme, jusqu’à 64,4 milliards d’euros. C’est leur plus forte hausse depuis août 2014, lorsque ces fonds avaient cru de 2,3%, rapporte le journal économique RBC Daily, se basant sur des données du ministère des Finances.

Les fonds sont alimentés par les revenus tirés de la vente de pétrole selon un schéma complexe : le volume versé aux fonds est lié au niveau du PIB et aux prix des ressources énergétiques. Ils ont été créés sur la base du fonds de stabilisation en 2008, afin de compenser l’influence de la hausse des prix du pétrole sur l’économie russe.

Causes principales

La hausse des fonds russes au début 2016 est liée à la hausse du cours de l’euro par rapport au dollar, expliquent les experts russes.

« La croissance des fonds russes est principalement définie par leur réévaluation, et ces fonds sont constitués pour moitié environ en dollars et en euros », affirme Konstantin Korichtchenko, vice-doyen de la chaire d’étude des marchés boursiers et d’ingénierie financière de l’Académie russe de l'économie nationale, autrefois vice-président de la Banque centrale russe. Selon lui, l’euro s’est apprécié en mars de plus de 4% par rapport au dollar, ce qui affecte en conséquence la hausse des prix des fonds en dollars.

Les fonds russes sont libellés en dollars, euros et livres sterling. Le 1er avril, le Fonds de réserve comprenait 22,7 milliards de dollars, 20,3 milliards d’euros et 3,4 milliards de livres. Le Fonds du bien-être national, lui, comprenait 33 milliards de dollars, 20,8 milliards d’euros, 3,8 milliards de livres et 751 milliards de roubles.

Conserver les ressources

Des fonds équivalents existent en Arabie saoudite et en Norvège. En janvier 2016, le gouvernement norvégien a été forcé, en raison de l’affaiblissement de l’économie, de prélever 686 millions d’euros de son fonds de réserve. L’Arabie saoudite, a retiré 64 milliards d’euros de ses fonds souverains à l’étranger entre le troisième trimestre 2014 et le troisième trimestre 2015.

La Russie est à contre-courant et n’a pas dépensé d’argent de ses fonds, affirme Bogdan Zvarich, analyste chez Finam. Selon lui, en cas de situation réellement critique, le pays aurait pu se retrouver sans moyens afin de stabiliser la situation.

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