Chute du rouble : la ruée vers la Russie des touristes étrangers

Des acheteurs au TSOuM, grand magasin dans le centre de Moscou.

Des acheteurs au TSOuM, grand magasin dans le centre de Moscou.

Vladimir Astapkovich/RIA Novosti
La chute brutale du rouble permet aux étrangers de faire de bonnes affaires en Russie : les iPhones, les marques de luxe et même les voitures y sont moins chers.

En février de cette année, le site CNNMoney a publié un classement des prix des iPhones 6s dans différents pays qui montre que la Russie est désormais l’un des endroits les moins chers pour l’achat des produits Apple. Le gadget n’est moins cher qu’au Canada, aux Emirats arabes unis, à Hong Kong et aux Etats-Unis. Les téléphones ne sont qu’un élément de cette tendance.

Les avantages de la belle vie

Selon l’étude du groupe Mercer, il y a à peine deux ans, la capitale russe faisait partie des dix villes les plus chères pour les étrangers, mais l’année dernière, elle est descendue en 50e position. Aujourd’hui, presque tous les touristes étrangers peuvent séjourner dans un hôtel avec vue sur le Kremlin. Les prix des hôtels premium convertis en euros sont désormais près de deux fois plus bas. On peut y ajouter les réductions saisonnières qui peuvent aller jusqu’à 40%. Ainsi, en mars, on pouvait séjourner dans un hôtel moscovite 5 étoiles pour 110 euros la nuit et dans un hôtel 4 étoiles pour 60-70 euros.

Actuellement, près de 30% des clients des hôtels de luxe sont des étrangers, principalement des vacanciers en provenance de Chine, d’Asie du Sud-Est, des Etats-Unis et d’Europe, nous explique Maria Smirnova, responsable du département de l’hôtellerie et du tourisme chez Cushman & Wakefield.

Les provenances

Le flux de touristes est majoritairement composé par des ressortissants d’Asie du Sud-Est, principalement de Chine (+60% en 2015), qui peuvent venir en Russie sans visa s’ils voyagent en groupes touristiques via Vladivostok. Le nombre de voyageurs en provenance d’Inde, de Corée du Sud, d’Iran (la plus forte croissance avec + 111%) et d’Israël est également en hausse. En ce début d’année (en février 2016), le service Momondo a enregistré une hausse de réservations de billets en Allemagne, aux Etats-Unis, au Danemark, en Norvège, Israël et Grande-Bretagne.

Outre Moscou et Saint-Pétersbourg, Kazan et Nijni Novgorod sont parmi les villes les plus populaires. Vladivostok a particulièrement la cote auprès des touristes chinois.

Un paradis pour les accros du shopping

En 2015, près de 13% des ventes réalisées par les marques de luxe en Russie concernaient les étrangers, précise la directrice générale de Y-consulting Daria Yadernaïa, spécialiste du marché de la mode au détail. Les sacs, les chaussures et les vêtements sont les chouchous de ce public au pouvoir d’achat boosté par la chute du rouble.

Parmi les acheteurs, les touristes chinois, taiwanais et coréens représentent le groupe dominant – l’Asie concentre près de 80-85% des acheteurs étrangers, les touristes européens représentent environ 5-7%. Les 7-8% restants couvrent tous les autres pays, dont les pays de la CEI (particulièrement le Kazakhstan). Cette demande asiatique s’explique par les prix : l’écart des prix en Chine et en Russie peut atteindre jusqu’à 70%. Par rapport à l’Union européenne, les marques de luxe n’affichent qu’un écart de 10%. Chanel, Hermès, Dior, Valentino, Louis Vuitton et les jeunes marques conceptuelles, telles que N 21 et vetements, sont les plus demandées par les étrangers.

Cette demande vigoureuse des clients originaires des pays asiatiques nous a également été confirmée par Louis Vuitton. Celle des Européens est plus faible, ces derniers n’achetant que lorsque l’euro atteint le niveau maximal et que les achats deviennent particulièrement intéressants financièrement, nous indique notre interlocuteur. Ainsi, lorsque le cours de l’euro dépasse 80 roubles, la demande chez les étrangers croît de 25-30%. Si le cours de la devise européenne baisse, la demande n’atteint que 10% au maximum.

Nouvelle tendance – le tourisme cosmétique

Le tourisme cosmétique est une autre tendance qui a émergé en 2015. « Notre plus grosse commande a été passée par un ressortissant vietnamien. Il a acheté des produits cosmétiques pour 1,5 million de roubles (19 700 euros) », raconte Mikhaïl Pesterev, directeur général de CityNature.ru, distributeur en ligne de produits cosmétiques. L’expert précise que les produits cosmétiques russes peuvent être achetés pour un usage personnel comme pour la revente. « Si auparavant, un produit cosmétique russe de bonne qualité coûtait 7 euros aux étrangers, avec la chute du rouble, le prix est passé à 4 euros. Dans leurs pays, les étrangers les revendent à 9 euros et la marge justifie désormais le coût de la livraison et les autres frais », explique M. Pesterev.

Un nombre croissant d’étrangers est également constaté dans les boutiques de marque hors ligne, telles que Natura Siberica, Love 2 Mix ou Teana. Les produits de ces entreprises sont surtout achetés par des touristes originaires d’Asie du Sud-Est et d’Asie centrale. « Les touristes cosmétiques achètent principalement des crèmes éclaircissantes », ajoute l’expert.

Partir

Selon l’étude du portail Avto.ru, la dévaluation du rouble a conduit à la hausse de la demande de voitures d’occasion en provenance de Russie. En janvier 2016, le nombre de consultations des annonces de vente de voitures par les étrangers a doublé par rapport à 2015. Parallèlement, l’offre de voitures en provenance de Russie sur les sites Internet en Biélorussie, au Kazakhstan et en Allemagne a crû de 26%. Les représentants du site expliquent que l’écart des prix pour la même voiture achetée en Russie et dans les pays étrangers peut atteindre jusque 30%. BMW X5, Audi A6, Mercedes-Benz E-Class, Kia Sportage et Volvo XC90 sont les modèles les plus populaires auprès des étrangers. Ainsi, si en Russie une BMW X5 de 2011 se vend 20 000 euros, en Biélorussie elle revient à 26 000 euros et en Allemagne à 29 000 euros.

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