Emmanuel Macron : malgré les sanctions, la coopération se poursuit

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Dans une interview éclair au journal russe RBC, le ministre français de l’Économie, de l'Industrie et du Numérique, Emmanuel Macron, a évoqué la coopération bilatérale franco-russe dans les domaines non touchés par les sanctions, s’est félicité des activités de la Banque centrale de Russie et a affirmé que la chute du rouble ne diminuerait pas la demande des articles de luxe français.

RBC : Est-ce que les sociétés françaises ont cherché à agir sur le gouvernement et sur vous personnellement afin d’obtenir la levée des sanctions contre la Russie ?

Emmanuel Macron (les propos ont été retraduits du russe) : Bien sûr, il existe des intérêts économiques, des secteurs de l’économie et la coopération économique à long terme qui souffrent des sanctions et de l’embargo alimentaire (contre-mesure adoptée par la Russie, ndlr). Toutefois, la politique française est claire et nette : nous avons des principes qui ont été définis au niveau international et nous avons un processus basé sur les accords de Minsk qui doivent être respectés. Ainsi, il y a ce processus appuyé par les sanctions, qui ont été prolongées jusqu’à fin juillet 2016, et il y a une activité qui se poursuit dans les domaines technique, économique, culturel et celui de l’instruction et de la coopération entre les universités.

Êtes-vous contacté par des sociétés françaises présentes sur le marché russe qui se heurtent à des problèmes avec les autorités, comme Auchan ?

Il existe aujourd’hui un cadre d’activité établi par les sanctions et l’embargo, mais, indépendamment, il y a des relations commerciales normales. Le Conseil économique, financier, industriel et commercial franco-russe (qui s’est réuni le 25 janvier après une pause de deux ans) nous permettra d’impulser la réalisation de plusieurs projets ; nous disposons d’une douzaine de groupes de travail qui ont poursuivi leurs activités ces deux dernières années. Il est prévu de signer plusieurs accords, notamment dans les télécommunications, l’aérospatiale, l’énergie et les transports ferroviaires. Les enseignes de grande distribution Auchan, Carrefour et Décathlon sont bien représentées dans le pays. Elles se développent et il est possible qu’elles discutent avec les autorités, mais c’est normal, c’est la même chose en France. Je ne dispose pas d’informations sur une quelconque ingérence (des organismes russes dans l’activité de sociétés, ndlr).

Quelle a été l’influence de l’embargo alimentaire russe sur les sociétés françaises ?

Il peut nuire à certaines branches, par exemple celles qui dépendent largement des exportations. Toutefois, ce sont des mesures très limitées qui ne touchent que certaines régions géographiques et certains secteurs.

Le gouvernement français, est-il prêt à soutenir Total dans le projet Yamal LNG (l’un des plus grands projets au monde de gaz naturel liquéfié) si l’entreprise pétrolière se heurte à des difficultés ?

Le gouvernement soutient sur le plan technique les groupes Total, Vinci et Technip dans le cadre de ce projet. Nous sommes au courant des restrictions, mais celles-ci sont liées non aux sanctions européennes, mais aux risques que courent les sociétés face aux éventuels griefs des autorités américaines. Le gouvernement français maintient un dialogue professionnel et bienveillant avec ces sociétés pour leur permettre de trouver une issue à la situation. Ce projet est important pour les groupes cités, mais également pour l’économie russe et j’estime que notre rôle est de l’encadrer. Notre délégation compte des représentants des comités exécutifs de la Société Générale et du Crédit Agricole qui financent ce projet et qui en précisent les modalités.

Est-ce que la chute du rouble contraindra les Russes à se priver d’articles de luxe français ?

Non. Même si la chute du rouble a des conséquences, ce ne sera pas la première d’entre elles. D’abord nous verrons réagir la Banque centrale dont je connais et je respecte les responsables, qui prendront des décisions rapides. Commenter la politique monétaire russe n’est pas de mon ressort, mais je peux dire que les oscillations du marché des devises auront inévitablement leur impact sur certains secteurs. Je ne pense pas que les articles de luxe soient concernés, avant tout parce que les clients ne les paient pas en roubles. Et puis, je suis certain que les autorités et la Banque centrale sauront réagir pour faire face à cette volatilité.

Version intégrale disponible sur le site du journal RBC 

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