La Russie boostera son secteur vinicole grâce aux investisseurs étrangers

Artiom Kreminski / RIA Novosti
Dans les prochaines années, la Russie envisage de multiplier par quatre la surface de ses vignobles. Les vignerons russes sont prêts à collaborer avec les investisseurs étrangers. L’activité de ces derniers sera strictement réglementée, mais en contrepartie, ils bénéficieront d’une garantie contre la concurrence – l’importation des matières premières vinicoles à bas prix.

Ces prochaines années, la Russie envisage de multiplier par quatre la surface de ses vignobles, pour la porter de 90 000 hectares actuellement à 400 000 hectares, ont annoncé les représentants de l’Union des vignerons russes au cours du Sommet panrusse des vignerons. Le sommet s’est tenu en octobre 2015 dans le village d’Abrau-Durso, berceau historique du champagne russe, situé dans le kraï de Krasnodar, région du sud du pays où se trouve la capitale des Jeux olympiques de 2014, Sotchi. Pour y parvenir, les vignerons russes comptent notamment sur les investisseurs étrangers. « Les sociétés vinicoles étrangères sont souvent porteuses de technologies et de connaissances. La Russie compte également une bonne école de viniculture, mais nous sommes principalement spécialisés dans la fabrication de vins de dessert », explique Boris Titov, célèbre vigneron russe, propriétaire du vignoble Abrau-Durso et représentant des vignerons auprès du président (fonction spéciale visant à défendre les intérêts des entrepreneurs).

Intérêt des investisseurs

Le ministère de l’Agriculture russe a confié à RBTH préparer un projet de loi introduisant de nouvelles règles pour la production vinicole en Russie visant, notamment, à attirer les investisseurs étrangers. La culture du raisin en Russie se fait sur un type de sols spécial – les terres agricoles. Ce sont les règles de leur utilisation que le ministère souhaite clarifier. Le projet de loi préparé par le ministère permettra aux investisseurs étrangers de louer des terrains pour une durée allant de trois à quinze ans pour la production vinicole, mais aussi pour la culture d’autres produits agricoles. 75% des emplois créés par l’entreprise au minimum seront réservés aux citoyens russes. En outre, l’entreprise concernée ne doit avoir aucune dette au titre des impôts et taxes, c’est-à-dire qu’elle doit afficher une stabilité financière suffisante. Si l’exploitant du terrain ne l’utilise pas pour les fins prévues pendant trois ans, celui-ci peut être confisqué par le tribunal. « Nous ne sommes pas opposés à l’arrivée sur les sols russes d’un nombre raisonnable d’investisseurs étrangers solides disposant de réserves financières et d’un objectif précis et désireux d’exploiter les terrains pour fabriquer des produits alimentaires », a déclaré Alexandre Tkatchev, ministre de l’Agriculture, dans un entretien avec le journal Rossiyskaya Gazeta. Il explique, par ailleurs, que le ministère veillera à ce que les terrains loués aux investisseurs étrangers soient exploités avec soin.

En échange du respect des conditions fixées, le gouvernement russe est prêt à défendre les producteurs de vin contre la concurrence – les importations à bas prix. Ainsi, parallèlement à l’introduction des nouvelles règles, la Russie envisage de réduire considérablement l’importation de matières premières. Selon les statistiques du ministère de l’Agriculture, la Russie importe 17 millions de décalitres de matières premières vinicoles – un tiers du volume global consommé. Les importations devraient être réduites également grâce au marquage spécial des produits : l’étiquette indiquera si les matières premières étrangères ont été utilisées pour la production du vin. « Il y une différence entre une bouteille de vin fabriquée à partir du raisin d’une sorte particulière spécialement cultivée et le vin à base de concentré, qui a traversé des milliers de kilomètres dans les cales de navires pour être embouteillé dans les usines russes », explique Alexandre Tkatchev.

Réaction des vignerons

Les vignerons qui ont participé au sommet saluent la proposition du ministère de l’Agriculture, mais ils mettent en garde : « Pour le moment, nous avons peu de vignobles et personne n’a vraiment stimulé leur culture. Ainsi, il faut d’abord réfléchir à un programme de plantation de vignobles », explique Boris Titov. Il précise notamment que la Russie enregistre un déficit de plants souches, auquel le ministère de l’Agriculture veut répondre par la levée complète des restrictions sur l’importation de plants de raisin d’Europe. « La création de pépinières est un domaine prometteur pour les investissements dans l’industrie vinicole russe », explique-t-il.

Boris Titov précise qu’actuellement, les entreprises étrangères ne représentent que 10% de la production vinicole russe. Le sud de la Russie - par exemple, le kraï de Krasnodar qui concentre 60% des vignobles russes - est la région la plus propice à la production de vin en Russie. Outre le kraï de Krasnodar, les sols de la région voisine, le kraï de Stavropol, qui accueille 13% des vignobles russes, sont également adaptés à la culture vinicole.

Les experts indiquent qu’actuellement, on enregistre de nombreux cas de violation de la législation agraire par les investisseurs : la couche fertile est mélangée avec une pellicule en plastique, souillée de déchets industriels ou exposée aux pesticides et produits agrochimiques qui ne bénéficient pas d’un enregistrement officiel approprié. C’est également pour cela que le nouveau projet de loi sur les terres agraires est important. « Toutefois, ce sont principalement les investisseurs qui travaillent en Sibérie et en Extrême-Orient qui violent les règles. Ces zones n’ont aucun lien avec la culture du raisin », précise Boris Titov. 

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