Région de Moscou, Russie, le 19 août 2015. Une avion de Transaero à l'aéroport international Domodedovo.
Sergueï Bobylev/TASSLors d’une réunion chez le premier ministre russe Dmitri Medvedev le 1er octobre 2015, les dirigeants ont pris la décision d’autoriser l’éventuelle mise en faillite de la deuxième plus grande compagnie aérienne russe Transaero, informe l'agence de presse RBC.
Selon le ministre russe du Développement économique Alexeï Oulioukaïev, les tentatives de trouver d'autres moyens de sortir Transaero de la crise ont échoué. Suite à cette déclaration, les actions de la compagnie ont chuté de 38% à l'ouverture de la bourse de Moscou le 2 octobre 2015. Les experts russes estiment que la faillite de la compagnie est la pire des solutions possibles.
Principales causes
Initialement, le bloc majoritaire de la compagnie Transaero devait être repris par le principal transporteur aérien russe Aeroflot, la décision avait été approuvée par les conseils d'administration des deux compagnies. Pourtant, la transaction a été suspendue.
Les « mauvaises dettes » de Transaero, qu'Aeroflot peinerait à restructurer et à honorer, pourraient être la cause de ce revirement, estime Emile Martirosian, professeur associé de l’Institut des affaires et de l’administration des affaires de l'Académie présidentielle russe d'économie nationale et d'administration publique. Il explique que Transaero compte des étrangers parmi ses investisseurs et que ces derniers exigeront un recouvrement conforme aux règles internationales. Ainsi, la faillite et le redressement judiciaires sont la meilleure option, car ils peuvent satisfaire tout le monde, souligne M. Martirosian.
Par ailleurs, Dmitri Baranov, expert en chef de Finam Management, indique qu’aucun des créanciers de la société n’a pu, pour le moment, engager une demande de mise en faillite, même si Sberbank et Alfa Bank ont déjà fait part de cette intention. « La faillite de la compagnie ne profitera à personne, et surtout pas aux créanciers, car l’accessibilité de nombreuses agglomérations sera compromise », explique M. Baronov.
Les principaux propriétaires de la compagnie, la famille Plechakov, se sont également opposés à la mise en faillite de Transaero et se sont déclarés prêts à revendre leurs actions de Transaero à un consortium de banques.
Anna Bazoïeva, analyste d'UFS IC indique qu'il n'y a toujours pas de consensus sur Transaero, mais la compagnie a de fortes chances de déposer le bilan et le marché a les yeux rivés sur ce scénario. L'analyste souligne notamment que les deux types d'obligations de la compagnie ont chuté de 40% et se vendent désormais à 42% et 33% de leur valeur nominale respective, une situation proche du défaut. Par ailleurs, depuis le 1er octobre 2015, Transaero ne peut plus vendre de billets.
Avantages et inconvénients de la faillite
Pour les experts russes, la faillite de Transaero constitue la solution la moins optimale. « Cet exemple servira à rappeler une fois de plus aux entreprises qu'une croissance agressive alimentée par des emprunts ne mène nulle part », estime Anna Bazoïeva. L'expert indique que le dépôt de bilan frappera surtout les institutions financières (banques et sociétés de crédit-bail), ainsi que les détenteurs des obligations de Transaero, principalement des personnes physiques.
Gueorgui Vachtchenko, directeur de la gestion des opérations sur le marché boursier russe de Freedom Finance, précise qu'Aeroflot pourrait opter pour cette solution s'il ne parvient pas à s'entendre avec les créanciers. « Le dépôt de bilan permettra à Aeroflot de se débarrasser de bureaux coûteux et d'une partie des avions anciens et peu rentables », explique-t-il.
Le montant de la dette globale de Transaero est estimé à 260 milliards de roubles (3,5 milliards d'euros), dont 80 milliards (1 milliard d'euros) détenus par les banques. Actuellement, l'activité opérationnelle de la compagnie est assurée par Aeroflot.
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