Jusqu’ici, les sociétés russes et étrangères stockaient et traitaient la plus grande partie des informations concernant les Russes dans les pays où les services d’hébergement sont particulièrement développés : en Allemagne, en Grande-Bretagne, en France et aux Etats-Unis, a fait savoir Alexandre Voljinski, architecte en chef informatique d’Informzaschita (groupe russe de sécurité informatique).
La plupart des géants des TIC ont pris la décision de reporter leurs données sur les serveurs russes. Ainsi, Google a signé un contrat prévoyant d’installer ses équipements en Russie dans les centres de traitement des données de la société Rostelecom. Apple a promis d'en faire de même avant le 1er janvier. SAP, Samsung, Lenovo et IBM ont annoncé que des travaux étaient en cours, tout comme les principaux détaillants, services et systèmes de paiement en ligne (voir le tableau).
Selon des informations de l’Association des communications électroniques de Russie (RAEK), 54% des sociétés étrangères interrogées se disent prêtes à transférer les données dans le pays. « Il est difficile de préciser à quel point chacune des sociétés a avancé dans cette voie, mais il semble que la majorité soient sur le point d’achever les travaux », a indiqué une source sur le marché des TIC.
Fin prêts ? Oui, mais pas tout le monde
Cependant, plus du quart des acteurs étrangers n’ont pas eu le temps de se conformer aux exigences avant le 1er septembre en raison du manque de capacités.
Selon une source sur le marché des TIC, le report des données des utilisateurs suppose également le report des infrastructures de service. Les sociétés devront non seulement garantir les capacités techniques de stockage dans le nouveau lieu, mais également trouver de nouveaux employés, ce qui exigera des investissements supplémentaires. « Le montant total des dépenses des grandes sociétés pourrait atteindre plusieurs millions de dollars », a constaté Alexandre Voljinski. D’après lui, les ressources seront principalement consacrées à l’achat de serveurs et de systèmes de stockage des données, aux travaux dans le domaine du génie informatique, à la protection des informations, à l’équipement des canaux de liaison et aux licences de logiciels. Ainsi, Google louera à Rostelecom une aire pour son propre serveur à raison de presque 1 500 euros par mois. Or, des sociétés aussi grandes auront besoin d’un très grand nombre de serveurs, entre plusieurs centaines et un millier, précisent les experts.
Facebook quittera-t-il la Russie ?
Le 26 août, les médias russes ont annoncé que Facebook n’avait pas l’intention de reporter les données des Russes comme l’exige la nouvelle législation, après une rencontre entre le représentant de la société américaine, Thomas Myrup Kristensen, et le chef du Service de contrôle dans le domaine des technologies informatiques et des télécommunications (Roskomnadzor), Alexandre Jarov. Le Service a confirmé la nouvelle, tout en ajoutant qu’officiellement Facebook n’avait pas refusé d’installer ses serveurs en Russie.
Toutefois, d’après une source au marché des TIC, Facebook prévoit d’insister sur le fait que les informations des utilisateurs ne sont pas des données personnelles. « Les utilisateurs communiquent eux-mêmes leurs données dans les systèmes informatiques et acceptent ainsi leur accessibilité par tous. En outre, ces informations sont stockées réparties sur différentes ressources informatiques et, lorsqu’elles ne sont pas prises dans leur ensemble, elles ne peuvent pas être liées à un utilisateur concret », a précisé la source à RBTH.
Entretemps, Roskomnadzor a promis que le refus d’appliquer la loi sur le stockage des données personnelles des Russes ne serait pas sanctionné jusqu’à la fin de l’année. Ainsi, les sociétés étrangères se voient accorder un sursis jusqu’au 1er janvier 2016. Cependant, selon les experts interrogés par RBTH, le transfert de données prend entre 6 et 24 mois, ce qui signifie qu’il est tout de même très difficile de le faire dans les délais établis. « Les grandes sociétés auront sans doute le temps ou alors leur retard ne constituera pas plus de 10% ou 15%, ce qui s’explique par leur souhait de rester présentes sur le marché russe même dans le contexte des nouvelles exigences », a ajouté pour conclure Alexandre Voljinski.
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