La Russie peut-elle aider la Grèce ?

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras (à g.) parle avec le président russe Vladimir Poutine lors d’une session du Forum international économique de Saint-Pétersbourg, le 19 juin 2015. Crédit : Reuters

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras (à g.) parle avec le président russe Vladimir Poutine lors d’une session du Forum international économique de Saint-Pétersbourg, le 19 juin 2015. Crédit : Reuters

L’un des pays qui pourrait accorder son aide à la Grèce est la Russie, estiment les acteurs du marché. Mais Moscou ne craint pas que la Grèce soit en défaut de paiement et ne possède pas de ressources suffisantes pour rembourser les dettes d’Athènes. La chute du PIB russe a augmenté au mois de mai pour constituer 4,9% en chiffres annualisés après une baisse de 4,2% en avril.

Les autorités grecques doivent plus de 1,5 milliard d’euros au Fonds monétaire international (FMI). Si le pays n’honore pas sa dette, le défaut de paiement sera inexorable. L’un des pays qui pourrait aider la Grèce est la Russie, estiment les acteurs du marché. Toutefois, selon les experts russes, un tel scénario est peu probable : Moscou ne redoute pas un éventuel défaut de paiement d’Athènes et ne dispose pas de ressources appropriées pour amortir les dettes grecques.

« La récession que l’économie russe a vécu à la fin de 2014 et au début de 2015 a en quelque sorte neutralisé la scénario négatif où la Russie s’est retrouvée coupée des marchés extérieurs », a déclaré Konstantin Korichtchenko, de l’Académie présidentielle russe de l’économie nationale et de l’administration publique. D’après lui, les conséquences d’un éventuel défaut de paiement de la Grèce et d’un possible effondrement du marché chinois seront bien moins douloureuses pour la Russie que pour l’Occident, qui porte un lourd fardeau de dettes.

Aide éventuelle

La dette totale de la Grèce se chiffre à 320 milliards d’euros, soit 177% de son PIB, dont 56 milliards doivent être remboursés directement à l’Allemagne. « La Grèce a besoin de réformes radicales et pendant que ces transformations seront opérées dans son économie, d’énormes injections d’argent seront indispensables », a affirmé l’analyste en chef d’UFS IC Alexeï Kozlov. Compte tenu du climat politique et de la pression exercée actuellement sur l’économie russe, Moscou ne pourra pas accorder une aide financière suffisante à la Grèce, a-t-il expliqué. Toutefois, l’aide à Athènes revêt un aspect non seulement économique, mais aussi politique. Le chef du gouvernement grec, Alexis Tsipras, a participé au Forum économique international de Saint-Pétersbourg cette année. Dans ce contexte, la Russie pourrait aider la Grèce dans un volume acceptable compte tenu de ses moyens, entre 1,5 et 4 milliards d’euros, a estimé Alexeï Kozlov. Mais il ne peut s’agir que de prêts pour des projets concrets et ils ne parviendront pas à renflouer la Grèce, qui doit payer encore 5,95 milliards d’euros dès juillet.

Qui plus est, fait remarquer l’analyste du fonds d’investissement Finam Anton Soroko, une éventuelle assistance à la Grèce ne manquera pas d’envenimer les relations entre la Russie et les pays de l’Union européenne. « La Russie se doit de respecter l’avis du groupe de créanciers. La Grèce faisant partie de l’UE, les problèmes de son économie doivent être résolus avant tout à l’intérieur de cette structure », a-t-il souligné. En outre, le recours à des paiements à facilités ou gratuits pour la Grèce serait désavantageux pour la Russie, a-t-il constaté. Selon les données du ministère russe du Développement économique, la chute du PIB national s’est accélérée au mois de mai pour atteindre 4,9% en chiffres annualisés, après une baisse de 4,2% en avril

Lourdesconséquences

D’après Konstantin Korichtchenko, la Russie sera bien moins éprouvée par un éventuel défaut de paiement de la Grèce que les autres pays, mais les retombées ne passeront pas inaperçues. « Pour la Russie, les conséquences d’une telle déflagration pourraient être moins douloureuses que pour l’Europe, mais bien réelles », a-t-il indiqué. Premièrement, on constatera « une fuite vers la qualité » : les investisseurs vendront les dettes des pays émergents et se réfugieront dans l’achat d’obligations américaines, ce qui entraînera l’effondrement du marché des actions et, par conséquent, le ralentissement des activités dans le domaine des crédits. Deuxièmement, les problèmes grecs coïncident dans le temps avec l’effondrement du marché chinois, ce qui a un impact financier encore plus négatif que les difficultés de la Grèce.

Cependant, estime Konstantin Korichtchenko, il sera plus facile à la Russie et aux autres partenaires éventuels d’Athènes de développer des projets communs après la restructuration de la dette grecque, car « il n’y aura plus à redouter que les prêts accordés puissent servir à amortir la dette envers les anciens créanciers », a-t-il déclaré. L’un de ces projets est le gazoduc Turkish Stream, passant par le fond de la mer Noire et reliant la Russie à l’Europe méridionale. Moscou a d’ores et déjà accepté de débloquer 2 milliards d’euros à la Grèce pour la réalisation de ce projet.

 

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