Les banques étrangères réduisent leur présence en Russie

Raiffeisenbank (RZB Group, Autriche) n’a gagné que 3,9 milliards de roubles (64 millions d'euros) sur les trois premiers mois de l’année. Crédit : Stanislav Krasilnikov/TASS

Raiffeisenbank (RZB Group, Autriche) n’a gagné que 3,9 milliards de roubles (64 millions d'euros) sur les trois premiers mois de l’année. Crédit : Stanislav Krasilnikov/TASS

En raison de la chute des crédits aux particuliers, les filiales des banques étrangères perdent des revenus. En conséquence, elles ont commencé à optimiser leurs dépenses et à réduire leurs réseaux en Russie.

Selon les données de la Banque centrale de Russie, sur les cinq premiers mois de 2015, les revenus du secteur bancaire s’élevaient au total à neuf milliards de roubles (148 millions d'euros). A titre de comparaison, les revenus de 2014 étaient évalués à 589 milliards (9,7 milliards d'euros). Ce fossé s’explique par le fait que les banques ayant perdu des revenus sont forcées de renflouer leurs réserves, car la qualité de leurs portefeuilles de crédit s’est nettement détériorée.

Cette chute a touché jusqu’aux filiales des banques pour lesquelles le marché russe fut longtemps l’un des plus rentables. La banque Unicrédit (UniCredit Group, Italie) a gagné 19,4 milliards de roubles (319 millions d'euros) 2013, 8,8 milliards en 2014 (145 millions d'euros), et seulement 2,6 milliards (43 millions d'euros) durant le premier trimestre de l’année en cours ; Rosbank (Groupe Société Générale, France) a terminé son premier trimestre sur une perte de 5,2 milliards de roubles (86 millions d'euros) ; Raiffeisenbank (RZB Group, Autriche) n’a gagné que 3,9 milliards de roubles (64 millions d'euros) sur les trois premiers mois de l’année, alors que les deux années précédentes, ses revenus s’étaient élevés à environ 25 milliards de roubles (412 millions d'euros) par an.

Par conséquent, les banques sont forcées d’optimiser leurs dépenses, en réduisant les coûts liés au réseau et au personnel. Selon une statistique de la Banque centrale, le nombre de bureaux a diminué de 3,7% en 2014, alors que sur les quatre premiers mois de cette année, le secteur bancaire a déjà réduit son réseau de 5%.

« Les banques réduisent encore plus brutalement leur réseau en raison de la chute des prêts non garantis aux particuliers, qui se contractent plus violemment que dans les années 2008-2009 », explique la vice-présidence d’Absolut-Bank Tatiana Oushakova.

Quelles banques réduisent leur activité ?

Nordea Bank, membre du groupe scandinave Nordea, a déclaré début juin qu’elle fermait tous ses bureaux dans les régions russes et ne continuerait son activité qu’à Moscou et Saint-Pétersbourg. La banque Home Credit, filiale de la banque tchèque Home Credit Group (membre du groupe international PPF) a lancé un processus d’optimisation de son réseau dès l’année dernière : avant la crise, la banque possédait l’un des réseaux les plus étendus de Russie, comprenant 7 157 bureaux. En 2014, la banque a fermé environ 25% de ses bureaux, et a aujourd’hui terminé l’étape principale de son optimisation.

Raiffeisenbank a annoncé son retrait de 21 villes. Il est surtout question de l’Extrême-Orient. La banque précise que « l’optimisation du réseau touchera en premier lieu les particuliers et les petites et micro compagnies ». Selon les données du journal Kommersant, OTP-Bank prévoit de fermer jusqu’à 10-15% de ses bureaux, et Rosbank compte réduire son réseau de 20%.

De plus, les experts de Standard&Poor’s prévoient de futures réductions de l’activité des banques étrangères en Russie. Les risques sont trop élevés, et les revenus trop bas, analysent les experts de l’agence.

« C’est en premier lieu lié à la hausse des pertes liées aux crédits et aux coûts de financement élevés » fait remarquer la directrice du groupe « Rating des institutions financières » de Standard&Poor’s Natalia Yalovskaya.

« La réduction partielle de leurs opérations en Russie signifie des pertes significatives pour les banques européennes, mais elles ne sont pas cruciales pour elles », affirme Alexandre Abramov, du Centre d’analyse du système financier de l’Académie présidentielle russe d’Economie nationale et d’Administration publique. « Elles espèrent compenser en partie leurs pertes de rentabilité en coupant dans leurs dépenses ».

« Les banques au volume d’affaires important en Russie, qui ont investi beaucoup de ressources dans leur business, feront sans doute le maximum pour ne pas sortir du marché russe », fait remarquer la directrice adjointe du département d’analyses de la compagnie Alpari, Daria Jelannova.

Ainsi, par exemple, Citibank (filiale de l’américaine Citigroup) poursuit son activité de manière inchangée. « À l’heure actuelle, nous travaillons dans douze villes de Russie et nous ne prévoyons pas de réduire de façon significative ou de modifier notre implantation géographique », a précisé pour RBTH Mikhaïl Berner, directeur du service des clients particuliers de Citi en Russie.

« Dès la seconde moitié de 2014, toutes les banques de détail ont compris la tendance, et ont toutes orienté leurs plans selon une logique d’optimisation », affirme le vice-président de la banque Home Credit Artem Aleshkine. « Je pense que d’ici la fin du second trimestre, la majorité des banques auront déjà achevé de mettre ces plans à exécution, car réduire les dépenses de son réseau n’a de sens qu’au début d’une crise, et aujourd’hui, la situation se stabilise, même si ce processus est lent. »

 

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