Les vignobles en Crimée se lancent dans le crowdfunding

Crédit photo : ITAR-TASS

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Le groupe Légende de Crimée a lancé un projet insolite de crowdfunding [financement participatif, ndlr] afin d’augmenter la surface de ses vignobles. Il est prêt à faire de quiconque un vigneron : en échange d’une modique somme, l’acheteur recevra une parcelle avec des vignes à son nom et une ristourne sur le vin.

Une bouteille dans trois ans

Le service en ligne BeWinemaker, lancé par le propriétaire de Légende de Crimée Mikhaïl Chtyrline, propose aux clients de devenir de « véritables vignerons ».

D’abord, il faut acheter une vigne déjà plantée ; plus celle-ci est âgée, plus son prix est élevé : 499 roubles (24 euros) pour une vigne plantée au deuxième trimestre 2012, 399 roubles (19 euros) pour un cep du deuxième trimestre 2013,  299 roubles (14  euros) pour le deuxième trimestre 2014.

La récolte a lieu deux ans après la mise en terre, le vin est embouteillé trois ans après. « Achète une vigne. Donne un nom à ton vignoble. Reçois un certificat », annonce le site. Le propriétaire de la vigne a en outre le « droit de participer à la récolte ».

Le groupe Légende de Crimée a commencé à créer des parcelles de vignoble en Crimée dès avril 2012, avant son rattachement à la Russie : les vignes ont été plantées entre Sébastopol et Eupatoria. Les semis avaient été préparés par des pépinières françaises et italiennes.

Au cours de la première année, les cépages plantés comprenaient, entre autres, le Cabernet Sauvignon, le Pinot Noir et le Sauvignon Blanc. En 2013, ils ont été complétés par du Chardonnay, du Merlot, et du Muscat blanc et jaune.

En 2015, Légende de Crimée doit lancer la construction d’une usine vinicole. Le montant global de l’investissement dans le projet de création des vignobles et de l’usine est estimé à 40 millions d’euros environ.

Mikhaïl Chtyrline nous a raconté que l’idée de créer un club et de rendre la viticulture « accessible aux simples Russes » lui était venue il y a quelques années. « Nous voulons créer une communauté de personnes qui non seulement apprécient le vin en tant que boisson, mais souhaitent également participer à son élaboration », explique-t-il.

Chtyrline promet d’offrir une bouteille de vin de Crimée pour chaque vigne achetée et d’accorder une ristourne de 30–50 % sur l’achat des vins de marque dans les magasins du groupe, Strana Vina. « Les propriétaires des vignes pourront participer à des visites des vignobles et à des dégustations, et réaliser leurs propres mélanges », raconte Chtyrline.

Les banques frileuses

Il ne nie pas que l’objectif principal du club est la promotion de sa production et la recherche des financements. « Nous avions des accords avec des banques européennes pour des prêts bancaires destinés à l’équipement de l’usine vinicole, mais après le rattachement de la Crimée, les négociations ont été suspendues », avoue Chtyrline. 

« Les banques russes ne s’empressent pas de financer notre projet. Si nous pouvions vendre 1 million de vignes plantées, nous parviendrions à lever près de la moitié du financement nécessaire », explique l’entrepreneur. Depuis le lancement du projet en juin jusqu’à ce jour, le groupe a vendu « plusieurs centaines de vignes ».

« Beaucoup de temps a été consacré à la conception du projet et à la création du site », explique Mikhaïl Chtyrline. Il explique ses difficultés par l’incertitude entourant les droits fonciers suite au rattachement de la Crimée à la Russie : « Actuellement, la situation autour des titres de propriété est très compliquée, aussi ai-je décidé d’engager ma responsabilité personnelle ».

L’entrepreneur est également confronté à des problèmes d’un autre genre. La région de Saki en Crimée, où est implanté Légende de Crimée, n’est pas l’endroit idéal pour l’installation de vignobles en termes de climat : c’est la Crimée des steppes qui connaît des pénuries d’eau.

Chtyrline ne nie pas que le projet est réalisé dans une zone aride : « Nous sommes situés dans une zone côtière, à 10–12 km de la mer. Cette année, nous avons rencontré des problèmes suite à la fermeture du canal de Crimée du Nord. Si le problème n’est pas réglé, nous serons contraints de rouvrir notre puits artésien pour arroser les vignes ».

Le directeur de l’Union des vignerons de Russie Leonid Popovitch félicite Chtyrline pour sa débrouillardise : « C’est une bonne stratégie marketing qui permet d’attirer l’attention. Quand on parle de vous, on vous achète. J’espère que cela lui permettra d’accroître ses ventes ».

Source : RBC daily

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