Le tour du monde en bicyclette en 245 jours

De g. à dr.: Alen Hairouline (ingénieur de 26 ans) et Pavel Gratchev (professeur d’anglais et d’histoire de 47 ans). Crédit : Maria Tchobanov

De g. à dr.: Alen Hairouline (ingénieur de 26 ans) et Pavel Gratchev (professeur d’anglais et d’histoire de 47 ans). Crédit : Maria Tchobanov

Il y a de nombreuses manières de célébrer les fêtes de fin d’année. Pavel Gratchev et Alen Hairouline, partis de la ville de Kazan le 3 novembre 2012 pour un tour du monde à bicyclette, ont fêté Noël à Grenoble, et l’arrivée de la nouvelle année 2013 à Paris, après avoir parcouru 5000 km en deux mois.

Extrait du carnet de voyage du 25 décembre à 01h23 : «  Adieu l’Italie… Voici le premier sommet à franchir de 1860 mètres. Une zone thermale, des funiculaires en action, des vacanciers font du ski, le Montgenèvre. Descente, serpentine. Après une descente de 500 m, nous avons dû sur 20 km prendre de la hauteur jusqu’à 2050 mètres. Il ne fait pourtant pas froid. On a repris de forces au café, et repartir a été plus gai, il faut dire que les montagnes ne laissent pas le temps pour l’ennui. On atteint les 2056 mètres. Un hôtel. Après cela, directement une descente au crépuscule. Il est cinq heures de l’après-midi, il reste 80 km jusqu’à Grenoble. La majeure partie du temps on emprunte les pistes cyclables sur les bas-côtés des grandes routes, c’est très pratique. On  est arrivé à Grenoble à 21 heures. On a parcouru 150 km en une journée et trois cols. »

Les participants de cette inhabituelle aventure autour du monde sont Pavel Gratchev, professeur d’anglais et d’histoire de 47 ans, touriste à bicyclette avec 22 ans d’expérience, et Alen Hairouline, ingénieur de 26 ans avec 10 ans d’expérience dans le tourisme à bicyclette.

Les kazanois ont été initiés au périple par leur compatriote, le premier touriste russe à bicyclette, natif de Kazan, Onisim Pankratov, qui, inspiré par le roman de Jules Vernes Le tour du monde en 80 jours, avait accompli, il y a 100 ans, en 1913, un voyage de deux ans autour du monde pour devenir le premier à parcourir plus de 50 000 km à bicyclette et à boucler un cercle autour de la sphère terreste.

Pour cet exploit sans précédent, Pankratov avait reçu la plus haute décoration de la société russe des touristes : « La palme de diamant ». Devenu par la suite aviateur et chevalier de la croix de Saint-Georges, il a été tué durant la Première Guerre mondiale à l’âge de 28 ans et a été enterré à Kazan avec les honneurs militaires. Malgré cela, peu de gens dans le monde, et en Russie, connaissent ce nom aujourd’hui.

L’itinéraire principal de Pavel et Alen s’étale sur plus de 21 000 km. Il parcourt le territoire de 13 pays : la Russie, la Lettonie. La Lituanie, la Pologne, la République Tchèque, l’Autriche, l’Italie, la France, l’Espagne, le Portugal, les Etats-Unis, la Chine et le Kazakhstan. L'agenda du voyage est très dur et a été créé de telle manière que l’arrivée ait lieu dans le cadre de la cérémonie d’ouverture des Jeux Mondiaux des Etudiants à Kazan, le 6 juin 2013. 

Attirer l’attention de la jeunesse de différents pays pour les Universiades d’été au Tatarstan constitue une des missions importantes de ce voyage autour du monde. C’est justement pour cela que les étapes passent par des villes connues pour leur histoire des Universiades : Moscou, Varsovie, Turin, Pékin et Harbin. C’est précisément de la ville d’Harbin, anciennement à moitié russe (en plus de l’administration chinoise, il y avait une administration et une police russe) que Onisim Pankratov était parti pour entamer son voyage en 1911.

A Paris, les deux touristes de Kazan ont été accueillis par des collègues de la Fédération française de cyclotourisme parmi lesquels comptaient des participants à la course à vélo entre Paris et Pékin. Ils ont également aidé les Russes à se frayer un chemin à travers la jungle des banlieues parisiennes en direction de Chartres ; à partir là, direction Le Mans et le chemin vers l’Espagne et le Portugal se dessine. Le 30 janvier, les voyageurs doivent s’envoler de Lisbonne pour New York, après avoir parcouru depuis le départ du voyage environ 7000 km.

Sur le territoire américain en passant par Washington, Dallas et Los Angeles, ils devront franchir près de 4000 km. De là, direction la Chine (Pékin) en avion et après une étape à Harbin, de nouveau en Russie à travers la Sibérie, la Transbaïkalie et la Kazakhstan vers Kazan. La dernière étape, avec envion 9000 km risque d’être la plus éprouvante. Au printemps, les routes sibériennes ne sont pas très hospitalières, et la météo au mois de mai dans cette partie de la Russie peut réserver des surprises les plus inattendues. En revanche, les cyclistes se réjouissent à l’avance de la possibilité de planter leur tente pour dormir à la belle étoile dans les bois à la nature. En Europe, à leur grand étonnement, ils ont dû s’adapter au fait que les routes traversent en règle générale des champs où le camping sauvage est impossible, mais les campings officiels ne sont plus disponibles pour les accueillir en hiver.

Et une autre particularité par rapport à la Russie : il est interdit aux bicyclettes d’emprunter les autoroutes, et les routes nationales allongent considérablement l’itinéraire tout en laissant très peu de place sur les bas-côtés pour les vélos. Mais surtout, c’est la cuisine russe qui manque aux participants au voyage autour du monde : « dans les magasins européens, il n’y a pas de pain noir, de sarrasin et de lait condensé, les compagnons éternels des voyageurs russes. »

Toutes les observations et impressions de voyages de Pavel et Alen sont publiées sur internet : http://vk.com/cyclingworldtour (en russe)

Les informations en anglais ne sont pas très fournies, mais on peut en trouver sur la page du site officiel des Universiades d’été.

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