Aleksei Guskov en vedette à Honfleur

Aleksei Guskov dans une scène du film « Quatre jours en mai ». Source : Service de presse

Aleksei Guskov dans une scène du film « Quatre jours en mai ». Source : Service de presse

La cité normande accueille depuis 1995 le festival du cinéma russe. L’édition 2012 (du 20 au 25 novembre) réservera le beau rôle à l’acteur et producteur Aleksei Guskov, qu’on a pu admirer dans Le Concert (dont le rôle principal féminin était interprété par Mélanie Laurent), et qui présentera à Honfleur son nouveau film Quatre jours en mai, au centre d’une polémique après sa sortie en Russie.
L’acteur et producteur Aleksei Guskov, qu’on a admiré dans Le Concert, parle de son nouveau film à l’affiche du festival de Honfleur (20-25 novembre) et évoque les perspectives du cinéma russe à l’étranger.

 
Honfleur, rendez-vous important ?

 

Bio

Aleksei Guskov

Né :le 20 mai 1958 à Brzeg (Pologne)

Guskov a étudié à l’université Baumann et à l’école-studio du théâtre d’art de Moscou. Il a commencé sa carrière au théâtre Pouchkine avant de passer au théâtre de la Malaïa Bronnaïa et tenu plus de 30 rôles au cinéma. Il a été nommé artiste émérite de Russie et artiste du peuple.

J’y participe avec le film Quatre jours en mai, qui a été reçu diversement, de façon ambiguë en Russie, souvent comme un film politique. Il a choqué les « patriotes » car il montre des soldats allemands et russes s’unir pour défendre des enfants contre d’autres soldats russes à la fin de la Seconde Guerre mondiale.


Des doutes ont été émis quant à la véracité de l’histoire : bizarre dans une critique de film d’auteur.

Oui, évaluer un film artistique de ce point de vue est effectivement bizarre. Or les faits relatés dans le film ont été confirmés par plusieurs historiens. Ce débat a commencé en avril, après les élections et avant l’inauguration présidentielles. Le compte rendu qui en a été fait se situe dans une société très polarisée. Mais il ne faut pas croire que le public est idiot. Au festival de « Porte sur l’Europe » à Vyborg, où le public est invité à voter, nous avons remporté le prix de la sympathie des spectateurs. Nous avons obtenu de nombreux prix dans différents festivals, et en février, entre 150 et 200 exemplaires du film ont été diffusés. Nous avons été aussitôt piratés sur Internet. Et d’un coup, en avril, le matraquage médiatique, a commencé. Je suppose que ce ne sont que des jeux politiques.


Différents fonds
publics contribuent aujourd’hui à promouvoir le cinéma russe en Occident.


Travailler à promouvoir le cinéma russe à l’étranger est une nécessité. L’exemple français est intéressant, car en France le cinéma national est très défendu.Pas comme chez nous où seules quelques sociétés de production alimententune chaîne de télévision regardable, montrant des films valables. Tant que le modèle de rentabilité économique du cinéma russe quiinclut et l’exportation des films,et la lutte contre la piraterie – ne sera pas opérationnel, on n’en sortira pas. Bien sûr, certains cinéastes russes et certains films continueront d’avoir dusuccès à l’étranger, mais ils ont besoin d’aide.


Pourquoi
produit-on des films en Russie s’il est impossible de faire des bénéfices ?


Certains films rencontrent lesuccès. Ils répondent à la demande de la société. Sur dix films, sept perdent de l’argent, deux ne rapportent rien, et un seul fait du profit.C’est un bien mauvais ratio.Le problème de base,c’est que lesspectateurs russes qui souhaitent regarder des films russes sont de moins en moins nombreux.


Il y a quelques années, ce n’était pas le cas …


Ils ont été déçus par les attentes, trompés par une publicité mensongère. On leur a promis des effets spéciaux hollywoodiens, des idées originales qui n’en étaient pas. Lutter avec les Américains sur leur terrain n’a pas de sens. Pour que le cinéma russe soit vu dans le monde entier, je ne vois qu’une seule solution : la coproduction. C’est ce que font l’Italie, les Pays-Bas, l’Espagne et la France a aussi recours à l’argent des autres. C’est seulement ainsi que l’on pourra réunir le budget nécessaire et parvenir à un haut degré de qualité et d’authenticité.


Un tel travail de coproduction requiert cependant une mise de fonds. En Russie, il est très difficile de lever une somme supérieure à un million de dollars. 


Vous tournez souvent pour le cinéma européen ?


En 2008, j’ai joué, dans
Le Concert, de Radu Mihaileanu, le rôle du chef d’orchestre russe Andreï Filipov. Ce fut un gros succès. La première a eu lieu au théâtre du Châtelet ; le filma reçu deux Césars, pour la musique etles effets sonores ; nominé aux « Golden Globes », il a aussi obtenu le prix italien David di Donatello que je garde à la maison : c’est le plus beau de ma collection. Je trinque avec.

Propos recueillis par Semen Kvacha

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