Une dispute territoriale empêche un rapprochement entre la Russie et le Japon

Le Premier ministre Dmitri Medvedev et le président de Crocus Group Aras Agalarov regardent L'Université fédérale d'Extrême-Orient à Vladivostok. Crédit photo : Itar-Tass

Le Premier ministre Dmitri Medvedev et le président de Crocus Group Aras Agalarov regardent L'Université fédérale d'Extrême-Orient à Vladivostok. Crédit photo : Itar-Tass

Les tentatives de Moscou et Tokyo de reprendre les négociations au sujet de l’appartenance des îles Kouriles méridionales sont sur le point d’échouer. Le Japon a transgressé l’accord d’éviter toute déclaration brusque sur les problèmes territoriaux, passé entre le président Vladimir Poutine et le premier ministre Yoshihiko Noda, le 18 juin, en marge du G20 à Los Cabos. Moscou, de son côté, a rappelé rudement que les quatre îles auxquelles prétend le Japon, font partie intégrante du territoire de la Russie.

En mars, à la veille de l’élection présidentielle, Vladimir Poutine a fait comprendre, dans un entretien avec des journalistes étrangers, dont le correspondant du journal japonais Asakhi, qu’il était prêt à renouveler les négociations autour du conflit territorial entre la Russie et le Japon. « Quand je deviendrai président, nous allons rassembler le ministère des Affaires étrangères russe d’un côté, le ministère japonais en face, et nous leur donneront l’ordre « Hadjime » (commencez) », a déclaré Poutine.

Ce n’est passé outre l’attention de Tokyo. Dès la fin avril, l’un des leaders du parti démocratique japonais, Seiji Maehara, s’est rendu en visite non-officielle à Moscou. En mai, le speaker de la Douma, Sergei Narichkine, a rencontré, à Tokyo, le premier ministre et le ministre des Affaires étrangère japonais. Les relations de travail ont été réactivées. À Los Cabos, les leaders des deux pays se sont accordés à entretenir des contacts étroits et à organiser une nouvelle rencontre dans le cadre du sommet de l’APEC en septembre 2012.

En commentant le bilan de la rencontre de Los Cabos, l’aide du président, Iouri Ouchakov, a déclaré aux journalistes que le dialogue à venir sera élaboré dans des conditions calmes, constructives, en évitant d’influer sur le cours des évènements à l’aide de déclarations publiques souvent infondées.

Le sujet est très sensible. Et facile à utiliser à des fins de promotion politique à l’intérieur du pays, ou pour interrompre le dialogue, comme c’est arrivé souvent. À Moscou comme à Tokyo, on le comprend bien. Néanmoins, l’entente sur la retenue n’aura pas vécu une semaine.

Le 24 juin, le secrétaire général du gouvernement japonais, Osamu Fujimura, a commenté devant des journalistes la visite prochaine du premier ministre russe Dmitri Medvedev sur les îles litigieuses : « Ce sera contraire à la position japonaise », a déclaré le porte-parole.   

La réaction de Moscou a été immédiate : « Les îles Kouriles méridionales sont une partie intégrante de la Fédération de Russie. Les commentaires d’un État étranger sur les déplacements des dirigeants russes sur leur propre territoire sont pour le moins déplacées », dit un communiqué du Ministère des Affaires étrangères.

Entre temps, Dmitri Medvedev est arrivé mardi 3 juillet sur les îles Kouriles dans le cadre de son voyage dans la région de l’Extrême-Orient. Le premier ministre a souligné que les îles « représentent une partie très importante de Sakhaline et de toute la terre russe. Nous nous sommes occupés du développement du territoire avant et continueront, évidemment, avec le nouveau gouvernement ».

La réaction de Tokyo ne s’est pas fait attendre. « La visite de Medvedev sur Kounachir, c’est une douche froide sur nos relations », a dit le ministre des Affaires étrangères, Koichiro Genba, tandis que le MAE japonais a manifesté officiellement son mécontentement. Après cette altercation, les perspectives de sa visite en Russie, prévue pour la fin du mois, paraissent quelque peu compromises.

Cependant, objectivement, la Russie comme le Japon sont intéressés par des relations plus étroites. Cela touche aussi bien à la coopération énergétique qu’à la sécurité en Asie du Nord-Est. Pour ne citer que le problème du nucléaire nord-coréen.

De toute évidence, Poutine et Noda auront des sujets de conversation lors du sommet de l’APEC en septembre prochain, à Vladivostok. A en juger par les déclarations de Lavrov, Moscou ne compte pas transformer cette escarmouche sur les problèmes territoriaux en phénomène durable. « Nous devons avancer vers un accord pacifique non pas au moyen de contestations ponctuelles avec ou sans raison, mais à travers la réalisation des accords convenus au plus haut niveau, quant au développement d’une interaction approfondie dans toutes les sphères de la coopération bilatérale et sur les questions internationales », a déclaré le ministre des Affaires étrangères russes mardi 3 juillet lors d’une conférence de presse à Moscou.

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